Sapho mise aux enchères
Dans "Lesbos" publié ci-dessous, le poème de Charles Baudelaire (1821-1867) qui a été traduit en justice et condamné le 20 août 1857 pour certains poèmes de son oeuvre "Les Fleurs du Mal", il est question de Sapho.
Une "Sapho assise au regard pensif", oeuvre de James Pradier (1790-1852), a été mise en vente aux enchères le 29 juillet 2012, date anniversaire de la loi qui fonde la liberté de la presse.
"Sapho assise au regard pensif" : bronze à patine brune, signé et cachet de fondeur 'SUSSE Frères' sur l'assise du tabouret. Dimensions : 23 x 28 x 14 cm. Estimation : entre 600 et 800 euros hors frais.
Dimanche 29 juillet 2012 à 14h
5, rue Royale 77300 Fontainebleau.
Contact : Tél. : 01.64.22.27.62 / Fax : 01.64.22.38.94 / Email : contact@osenat.com
Il appartient aux personnes désirant porter des enchères de vérifier l'état des lots et de prendre toutes les informations auprès du commissaire-priseur qui réalise la vente et de l'expert.
Paris Tribune vous révèle les détails de la réhabilitation post mortem de Charles Baudelaire :
- Archives du procès en réhabilitation de Charles Baudelaire : le rapport du Conseiller à la Cour de Cassation.
- Révision du procès Baudelaire : les réquisitions du Procureur.
- Procès en réhabilitation de Charles Baudelaire : l'arrêt de la Cour de Cassation.
- Paris Tribune fête le 29 juillet, date anniversaire de la Liberté de la Presse.
Une "Sapho assise au regard pensif", oeuvre de James Pradier (1790-1852), a été mise en vente aux enchères le 29 juillet 2012, date anniversaire de la loi qui fonde la liberté de la presse.
"Sapho assise au regard pensif" : bronze à patine brune, signé et cachet de fondeur 'SUSSE Frères' sur l'assise du tabouret. Dimensions : 23 x 28 x 14 cm. Estimation : entre 600 et 800 euros hors frais.
Dimanche 29 juillet 2012 à 14h
5, rue Royale 77300 Fontainebleau.
Contact : Tél. : 01.64.22.27.62 / Fax : 01.64.22.38.94 / Email : contact@osenat.com
Il appartient aux personnes désirant porter des enchères de vérifier l'état des lots et de prendre toutes les informations auprès du commissaire-priseur qui réalise la vente et de l'expert.
Paris Tribune vous révèle les détails de la réhabilitation post mortem de Charles Baudelaire :
- Archives du procès en réhabilitation de Charles Baudelaire : le rapport du Conseiller à la Cour de Cassation.
- Révision du procès Baudelaire : les réquisitions du Procureur.
- Procès en réhabilitation de Charles Baudelaire : l'arrêt de la Cour de Cassation.
- Paris Tribune fête le 29 juillet, date anniversaire de la Liberté de la Presse.
Lot n° 171 - PRADIER James (1790-1852) Sapho assise au regard pensif Bronze à patine brune Signé et cachet de fondeur 'SUSSE Frères' sur l'assise du tabouret 23 x 28 x 14 cm Estimation : 600/800€ (c) Osenat Fontainebleau.
Charles Baudelaire (1821-1867) : Lesbos dans "Les Fleurs du Mal"
Lesbos
Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
Lesbos, où les baisers, languissants ou joyeux,
Chauds comme les soleils, frais comme les pastèques,
Font l'ornement des nuits et des jours glorieux,
Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
Lesbos, où les baisers sont comme les cascades
Qui se jettent sans peur dans les gouffres sans fonds
Et courent , sanglotant et gloussant par saccades,
Orageux et secrets, fourmillants et profonds ;
Lesbos, où les baisers sont comme les cascades !
Lesbos, où les Phrynés l'une l'autre s'attirent,
Où jamais un soupir ne resta sans écho,
A l'égal de Paphos les étoiles t'admirent,
Et Vénus à bon droit peut jalouser Sapho !
Lesbos, où les Phrynés l'une l'autre s'attirent,
Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,
Qui font qu'à leurs miroirs, stérile volupté !
Les filles aux yeux creux, de leur corps amoureuses,
Caressent les fruits mûrs de leur nubilité ;
Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,
Laisse du vieux Platon se froncer l'oeil austère ;
Tu tires ton pardon de l'excès des baisers,
Reine du doux empire, aimable et noble terre,
Et des raffinements toujours inépuisés.
Laisse du vieux Platon se froncer l'oeil austère.
Tu tires ton pardon de l'éternel martyre,
Infligé sans relâche aux coeurs ambitieux,
Qu'attire loin de nous le radieux sourire
Entrevu vaguement au bord des autres cieux !
Tu tires ton pardon de l'éternel martyre !
Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge
Et condamner ton front pâli dans les travaux,
Si ses balances d'or n'ont pesé le déluge
De larmes qu'à la mer ont versé tes ruisseaux ?
Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge ?
Que nous veulent les lois du juste et de l'injuste ?
Vierges au coeur sublime, honneur de l'Archipel,
Votre religion comme une autre est auguste,
Et l'amour se rira de l'Enfer et du Ciel !
Que nous veulent les lois du juste et de l'injuste ?
Car Lesbos entre tous m'a choisi sur la terre
Pour chanter le secret de ses vierges en fleurs,
Et je fus dès l'enfance admis au noir mystère
Des rires effrénés mêlés aux sombres pleurs ;
Car Lesbos entre tous m'a choisi sur la terre.
Et depuis lors je veille au sommet de Leucate,
Comme une sentinelle à l'oeil perçant et sûr,
Qui guette nuit et jour brick, tartane ou frégate,
Dont les formes au loin frissonnent dans l'azur ;
Et depuis lors je veille au sommet de Leucate,
Pour savoir si la mer est indulgente et bonne,
Et parmi les sanglots dont le roc retentit
Un soir ramènera vers Lesbos, qui pardonne,
Le cadavre adoré de Sapho qui partit
Pour savoir si la mer est indulgente et bonne !
De la mâle Sapho, l'amante et le poète,
Plus belle que Vénus par ses mornes pâleurs !
- L'oeil d'azur est vaincu par l'oeil noir que tachète
Le cercle ténébreux tracé par les douleurs
De la mâle Sapho, l'amante et le poète !
- Plus belle que Vénus se dressant sur le monde
Et versant les trésors de sa sérénité
Et le rayonnement de sa jeunesse blonde
Sur le vieil Océan de sa fille enchanté ;
Plus belle que Vénus se dressant sur le monde !
- De Sapho qui mourut le jour de son blasphème,
Quand, insultant le rite et le culte inventé,
Elle fit son beau corps la pâture suprême
D'un brutal dont l'orgueil punit l'impiété
De celle qui mourut le jour de son blasphème.
Et c'est depuis ce temps que Lesbos se lamente,
Et, malgré les honneurs que lui rend l'univers,
S'enivre chaque nuit du cri de la tourmente
Que poussent vers les cieux ses rivages déserts.
Et c'est depuis ce temps que Lesbos se lamente !
Charles Baudelaire (1821-1867).
Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
Lesbos, où les baisers, languissants ou joyeux,
Chauds comme les soleils, frais comme les pastèques,
Font l'ornement des nuits et des jours glorieux,
Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
Lesbos, où les baisers sont comme les cascades
Qui se jettent sans peur dans les gouffres sans fonds
Et courent , sanglotant et gloussant par saccades,
Orageux et secrets, fourmillants et profonds ;
Lesbos, où les baisers sont comme les cascades !
Lesbos, où les Phrynés l'une l'autre s'attirent,
Où jamais un soupir ne resta sans écho,
A l'égal de Paphos les étoiles t'admirent,
Et Vénus à bon droit peut jalouser Sapho !
Lesbos, où les Phrynés l'une l'autre s'attirent,
Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,
Qui font qu'à leurs miroirs, stérile volupté !
Les filles aux yeux creux, de leur corps amoureuses,
Caressent les fruits mûrs de leur nubilité ;
Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,
Laisse du vieux Platon se froncer l'oeil austère ;
Tu tires ton pardon de l'excès des baisers,
Reine du doux empire, aimable et noble terre,
Et des raffinements toujours inépuisés.
Laisse du vieux Platon se froncer l'oeil austère.
Tu tires ton pardon de l'éternel martyre,
Infligé sans relâche aux coeurs ambitieux,
Qu'attire loin de nous le radieux sourire
Entrevu vaguement au bord des autres cieux !
Tu tires ton pardon de l'éternel martyre !
Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge
Et condamner ton front pâli dans les travaux,
Si ses balances d'or n'ont pesé le déluge
De larmes qu'à la mer ont versé tes ruisseaux ?
Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge ?
Que nous veulent les lois du juste et de l'injuste ?
Vierges au coeur sublime, honneur de l'Archipel,
Votre religion comme une autre est auguste,
Et l'amour se rira de l'Enfer et du Ciel !
Que nous veulent les lois du juste et de l'injuste ?
Car Lesbos entre tous m'a choisi sur la terre
Pour chanter le secret de ses vierges en fleurs,
Et je fus dès l'enfance admis au noir mystère
Des rires effrénés mêlés aux sombres pleurs ;
Car Lesbos entre tous m'a choisi sur la terre.
Et depuis lors je veille au sommet de Leucate,
Comme une sentinelle à l'oeil perçant et sûr,
Qui guette nuit et jour brick, tartane ou frégate,
Dont les formes au loin frissonnent dans l'azur ;
Et depuis lors je veille au sommet de Leucate,
Pour savoir si la mer est indulgente et bonne,
Et parmi les sanglots dont le roc retentit
Un soir ramènera vers Lesbos, qui pardonne,
Le cadavre adoré de Sapho qui partit
Pour savoir si la mer est indulgente et bonne !
De la mâle Sapho, l'amante et le poète,
Plus belle que Vénus par ses mornes pâleurs !
- L'oeil d'azur est vaincu par l'oeil noir que tachète
Le cercle ténébreux tracé par les douleurs
De la mâle Sapho, l'amante et le poète !
- Plus belle que Vénus se dressant sur le monde
Et versant les trésors de sa sérénité
Et le rayonnement de sa jeunesse blonde
Sur le vieil Océan de sa fille enchanté ;
Plus belle que Vénus se dressant sur le monde !
- De Sapho qui mourut le jour de son blasphème,
Quand, insultant le rite et le culte inventé,
Elle fit son beau corps la pâture suprême
D'un brutal dont l'orgueil punit l'impiété
De celle qui mourut le jour de son blasphème.
Et c'est depuis ce temps que Lesbos se lamente,
Et, malgré les honneurs que lui rend l'univers,
S'enivre chaque nuit du cri de la tourmente
Que poussent vers les cieux ses rivages déserts.
Et c'est depuis ce temps que Lesbos se lamente !
Charles Baudelaire (1821-1867).
Charles Baudelaire (1821 - 1867) par Etienne Carjat (1828 - 1906).
En savoir plus
- 4 juillet 2012 : La Cour Européenne des Droits de l’Homme protège la liberté de la presse par deux arrêts du 28 juin 2012.
- 4 juillet 2012 : Les détenus peuvent-ils être privés du droit à leur image ?
- 11 octobre 2011 : Un élu peut être critiqué plus librement que les citoyens ordinaires.
- 29 juillet 2011 : La loi sur la liberté de la presse a 130 ans.
- 4 juillet 2012 : Les détenus peuvent-ils être privés du droit à leur image ?
- 11 octobre 2011 : Un élu peut être critiqué plus librement que les citoyens ordinaires.
- 29 juillet 2011 : La loi sur la liberté de la presse a 130 ans.