C'est la goutte de béton qui fait déborder l'urne funéraire. "Ils" [les maîtres d'ouvrage et le propriétaire de la chapelle, Allianz et Alterea Cogedim] ont fait une grosse erreur", commente Armand de La Rochefoucauld : "les escarmouches" (demande avec lettre avec accusé de réception pour se rendre dans la chapelle, liste de personnes, sécurité renforcée, journalistes interdits etc...) laissent la place à des "tombes cimentées" : Ils ont l'intention de bétonner l'ensemble". La consternation se lit sur les visages : le bétonnage du sol d'un bâtiment classé monument historique, et sous lequel reposent des sépultures, ne passe pas.

"Je vais voir avec mes sociétaires pour changer les statuts pour ester en justice". Ysabel de Naurois-Turgot est encore sous le choc. La veille, le mardi 1er mars 2011, lors d'une visite de la chapelle pour se recueillir sur la tombe de ses ancêtres, elle constate que "du béton" recouvre la dalle où sont inhumés 4 générations de Turgot, de Jacques Turgot en 1597 à Anne-Robert-Jacques Turgot en 1781.
L'association La société des Amis de Turgot créée en novembre 2001 a pour objet de "faire connaître Anne-Robert-Jacques Turgot, l’homme, son œuvre et son temps, promouvoir l’étude de la pensée économique du siècle des Lumières et mettre en évidence ses implications dans le monde contemporain".
Honoré chaque année à travers le Prix Turgot récompensant le meilleur livre d'économie financière, Anne-Robert-Jacques Turgot est encensé en septembre 2010 à Bercy lors des Journées européennes du Patrimoine. François Baroin, ministre du Budget, des Comptes publics, de la Fonction publique et de la Réforme de l'Etat, le dos courbé par l'humilité, s'est vu porter comme une relique la lettre écrite par le ministre Turgot au roi Louis XVI en 1774, lettre préemptée par l'Etat en mai 2010. Son pouvoir : elle fonde les finances publiques modernes par la formule "Point de banqueroute, point d’augmentation d’imposition, point d’emprunts. Pour remplir ces trois points, il n’y a qu’un moyen : réduire la dépense au-dessous de la recette."

"Nous sommes à un tournant" déclare Béatrice de Andia, présidente-fondatrice de l'Observatoire du Patrimoine Religieux (OPR) lors d'une conférence de presse donnée le 2 mars 2011 à la Brasserie "Le Royal Sèvres", à proximité du chantier Laennec dans le 7e arrondissement de Paris. Les descendants des hommes illustres inhumés dans la chapelle font passer photos, lettres et documents de la visite sur les lieux le 1er mars 2011. Ils les comparent aux photos prises lors de la visite précédente organisée à la demande des familles le 7 décembre 2010 (voir la vidéo du 7 décembre 2010). Entre les deux dates, des tableaux ont été enlevés et le sol est en partie bétonné. "Enlever du béton sur un sol, c'est très compliqué" explique Philippe Gandy Camus, descendant des collatéraux de Jean-Pierre Camus, Evêque de Belley (1584-1652).
Armand de la Rochefoucauld, descendant des collatéraux du Cardinal de la Rochefoucauld (1558- 1645) a lui déjà fait modifier les statuts de l'"association créée en 2006 à la mémoire du Cardinal de la Rochefoucauld fondateur de l'Hôpital Laennec".
Las d'attendre d'hypothétiques réunions avec les différents responsables assis autour de la même table, les intervenants se disent prêts à entrer dans la bataille, "que ce soit à travers la presse ou une action en justice en référé et sur le fond.
Indépendamment des actions de l'OPR et des autres associations et en toute indépendance, la pétition du Comité Laennec-Turgot "continue de tourner" avec, à son actif, 9.000 signatures depuis 2006, pour un accès public à la chapelle.