Claude Bartolone devient Président de l’Assemblée

Claude Bartolone élu au « perchoir ».


Pour la XIVe législature, le Président de l’Assemblée est un élu de la Seine Saint-Denis.


26 Juin 2012 22:00

Le rituel a été suivi à la lettre. Ouverture de la XIVe législature et installation du bureau d’âge. Formé exclusivement pour le déroulement du scrutin pour l’élection du Président de l’Assemblée Nationale, il comprend le doyen des députés et des six plus jeunes députés et les secrétaires.

Vient ensuite le discours du doyen d’âge, une coutume parlementaire depuis 1876. Le doyen de la XIVe législature est François Scellier, 76 ans, élu UMP de la 6e circonscription du Val d’Oise. Est-ce un présage sur la marque de la législature où l’on annonce pour la session extraordinaire une loi de finances rectificative, le doyen est directeur divisionnaire des impôts honoraire.

François Scellier, dont une loi sur l’investissement dans l’immobilier porte le nom, se sort avec aisance de l’exercice. Toutefois, dans l’émotion, il oublie de lire une page de son discours sans que l’assistance ne s’en rende compte et c’est lui qui le révèle pendant la suspension de séance dans la salle des 4 colonnes où se pressent de nombreux journalistes.

L’élection du Président de l'Assemblée nationale au scrutin secret à la tribune est ouverte au terme du discours du doyen. Deux candidats sont en lice :

- Claude Bartolone, membre du Groupe Socialiste, 60 ans, élu et réélu député depuis 1981 en Seine Saint-Denis ; le département qui a offert le plus fort score au Président François Hollande et où, le 17 juin 2012, il obtient plus de 75 % des suffrages ;
- Bernard Accoyer, Président sortant, membre du Groupe UMP.

Chaque député monte à la Tribune, sous le perchoir, pour mettre son bulletin dans l’urne sous le regard et le contrôle de la secrétaire la plus jeune du bureau d’âge, Marion Maréchal Le Pen, qui a pris place au centre de la Tribune.

Comme le veut la tradition, la cadette des députés et les autres secrétaires veillent au bon déroulement du scrutin. Et, sur le plan symbolique, l’image de cette jeune femme de 22 ans, sans en référer à ses idées politiques, renvoie à Marianne, une République jeune et rayonnante, qui regarde les élus de la Nation se doter de leur Président.

Le vote est secret et solennel. 540 députés sur 577 prennent part au vote. Les écologistes avaient annoncé qu’ils voteraient blancs, mécontents de n’avoir pas l’accord du Groupe Socialiste pour obtenir la présidence de la commission du développement durable. Les centristes rassemblés au sein du Groupe Union des Démocrates et Indépendants (UDI) s’étaient aussi prononcés pour le vote blanc avant le scrutin.

Dans l’hémicycle, les députés sont assis les uns à côté des autres mais selon l’ordre alphabétique et non selon leur couleur politique. C’est ainsi que deux confrères avocats, Jean-François Copé et Gilbert Collard sont voisins. Ils ne se parlent pas. François Baroin est assis à gauche de Claude Bartolone, c’est moins froid.

La séance est suspendue pour le dépouillement. Les scrutateurs, des députés tirés au sort, procèdent au dépouillement. La séance est reprise sous la Présidence du Doyen d’âge. Il proclame les résultats. Claude Bartolone est élu avec 298 suffrages contre 185 à Bernard Accoyer.
 

Claude Bartolone est chaleureusement applaudi. Il salue et monte à la Tribune pour son allocution. Léger, il ne lui faut qu’un instant pour gravir les treize marches qui mènent au « perchoir ». Visiblement, il est ému.

Son discours est dans la grande tradition parlementaire. Il évoque les valeurs de la République, il convient de « les servir, les protéger, les chérir », au triptyque, liberté, égalité, fraternité, il ajoute la laïcité, « La Liberté, d’aller venir, de penser, de dire, de contredire, l’Egalité, pas l’égalitarisme, il n’a pas sa place dans la méritocratie républicaine, ni l’égalité des chances car le succès ne saurait se jouer sur un coup de dés, simplement l’Egalité celle qui donne à chacun quelque soit sa naissance le droit et les moyens de réussir sa vie, la Fraternité pas pour se ressembler mais pour nous rassembler et enfin bien entendu la laïcité, non pour punir mais pour unir ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas ».

Il fait l’éloge de la démocratie : « la démocratie, c’est dans ce lieu ce lieu que bat son cœur ». Et pour bien marquer son style, il s’engage pour la législature en s’adressant à l’opposition : « Je lui fais cette promesse, je serai un président protecteur de vos droits, j'en ai la volonté et j’en ai le caractère ».

Puis, quelques mots personnels. Il rappelle sa jeunesse, son parcours d’homme, l’enfance à Tunis, son père italien, sa mère maltaise et sa venue en région parisienne dans ce qui n’était pas encore la Seine Saint-Denis, au Pré Saint-Gervais.

Il a la retenue qui le conduit à espérer être digne des fonctions qu’il vient de recevoir. Il rend hommage à la République : « Je dois tout à la République, et je veux lui rendre aujourd'hui ce qu'elle m'a donné. Vous représentez est la plus grande fierté de ma vie ».

Il annonce enfin la date de la séance suivante, demain le 27 juin 2012 à 15h avec pour ordre du jour la nomination, éventuellement par scrutin :

- des six vice-présidents ;

- des trois questeurs ;

- des douze secrétaires
puis l’installation du Bureau.

Et Claude Bartolone, pour la première fois de sa Présidence, lance « La séance est levée ! »



Mots-clés de l'article : assemblée nationale claude bartolone

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