Des personnes d'outre-mer séduites par l'islam, y compris par l'islam radical, excepté à Mayotte

Des personnes d'outre-mer converties à l'islam sont contaminées par l'islamisme radical.


L’islam, sans conteste, s’étend en Océanie. Ma'ohi Tribune dresse un panorama des collectivités islamisées dans le Pacifique et en outre-mer. C'est à Mayotte que les préceptes islamiques sont les moins suivis par la population de tradition musulmane.


7 Octobre 2019 06:00

Cochon de natation dans les îles © DR
En Océanie où pourtant le cochon a une place prédominante, l’islam est la religion qui se répand actuellement le plus rapidement au travers d'associations caritatives. L'islam se développe dans l'outre-mer à l'image de l'augmentation de la population musulmane dans le monde. Une étude menée aux Etats-Unis en 2013 indique que la population musulmane pourrait, en 2030, dépasser 26 % de la population mondiale.

L'islam politique apparaît au milieu du XXe siècle, lors de l'accession de l'Inde à l'indépendance avec la division du pays en deux religions (hindouisme et islam) et deux territoires le 15 août 1947 (l'Union Indienne et le Pakistan, divisé lui-même plus tard en deux avec la naissance du Bengladesh), marquant le retour du religieux dans la sphère politique.
Partout dans le monde, la montée d'un islam "ostentatoire" est visible même si elle est à relativiser car elle ne concerne pas tous les musulmans.

Dans les Caraïbes et dans le Pacifique, le nombre de convertis à l'islam augmente, dans un environnement régional où cette religion, apparue au VIe siècle après Jésus-Christ, est présente depuis le XVIIe siècle en Papouasie Nouvelle Guinée, et depuis le XIXe siècle à Fidji et en Australie, et dans une zone où elle commence à s'implanter durablement, comme au Vanuatu ou aux Iles Salomon. En revanche à Mayotte dans l'Océan Indien, département français où plus de 95 % de la population est de confession musulmane, les principes islamiques perdent de leur influence. 

Le fléau du terrorisme intérieur

Michael H., le tueur Martiniquais du 3 octobre 2019 à la Préfecture de police de Paris.
En France, le mode de propagation de l'intégrisme musulman se fait dans les prisons et dans certains lieux de prières. Une partie des musulmans acceptent que des crimes puissent avoir été "commis au nom de l’islam", Mohamed étant "pragmatique"

Le 3 octobre 2019, l'assassinat au couteau par égorgement et par des coups au thorax et à l'abdomen de quatre agents de la Préfecture de police de Paris met sous les projecteurs le parcours d'un originaire d'outre-mer séduit en France par l'islam radical.
Michael H. est né le 18 septembre 1974 à Fort-de-France en Martinique. Atteint d'une surdité suite aux complications d'une méningite, le Martiniquais effectue ses études secondaires à Paris de 1988 à 1992 à l'Institut National de Jeunes Sourds de Paris, école spécialisée située dans le 5e arrondissement rue Saint-Jacques. Il intègre la direction du renseignement à la Préfecture de police de Paris à la maintenance informatique.
Placée en garde à vue, sa femme, également malentendante, déclare aux enquêteurs, grâce aux services d'un traducteur en langue des signes, que la veille, son mari était "incohérent", qu'il entendait "des voix", qu'il était pris de "démence". Michael H. a tué et égorgé à coups de couteau quatre personnes en sept minutes avant d'être abattu par un policier stagiaire de 24 ans, alors qu'il fonçait sur lui.

Autre fait divers qui n'a heureusement pas été sanglant : en septembre 2016, un Tahitien est interpellé et déféré devant le parquet antiterroriste auprès de la Cour d'appel de Paris. Raïme A. a grandi à Besançon et il est décrit par le journal l'Est Républicain comme « un grand gaillard un peu gauche ». Il éveille les soupçons de la police et est fiché après avoir prêté allégeance à Daesh. Une perquisition administrative sur son ordinateur et téléphone révèle qu'il projetait de commettre un attentat à Paris. Il est écroué avant de passer à l'action. Pendant sa garde à vue, il ne dit rien, observant le silence.

Autre cas, en août 2016 : un Guadeloupéen est accusé d'apologie du terrorisme après avoir tenu des propos incohérents dans un bus dans la ville de Bayonne. Il nie les faits et déclare avoir été choqué par les attentats de 2015. Il écope d'un mois de prison avec sursis et 70 heures de travaux d'intérêt général.

Dernier cas, avec les frères Clain : originaires de l'île de La Réunion, deux frères devenus djihadistes quelques années après être arrivés en France métropolitaine sont neutralisés en Syrie. Selon une cousine interrogée par la chaîne publique Réunion 1ère, ils s'étaient convertis à l’islam "pour rester dans le droit chemin et ne pas basculer dans la délinquance". C'est l'inverse qui se produit. Fabien Clain, surveillé par les services français depuis 2001, est rapidement identifié comme étant la voix du message sonore revendiquant les massacres perpétrés le 13 novembre 2015 à Paris au nom de Daesh Etat islamique. Fabien Clain est tué le 20 février 2019 en Syrie et son frère est grièvement blessé. 

En Océanie

A Tahiti, en octobre 2013, l'ouverture de l'association Centre islamique de Tahiti par un imam formé en Seine Saint-Denis et à l'étranger crée un tollé dans l'île où ont accosté en 1767 le navigateur Wallis, suivi en 1768 de Bougainville puis Cook en 1769. La population, à une écrasante majorité chrétienne, organise des manifestations contre l'ouverture de la salle de prières. Elle est accusée d'être islamophobe et l'imam de 23 ans porte plainte pour "incitation à la haine raciale". Hishan el-Barkani, étudiant de confession sunnite arrivé dans l'île un mois auparavant, a eu l'idée "comme ça" d'ouvrir ce lieu pour les 400 à 500 musulmans de Tahiti, selon ses estimations :
"Je pense qu’il y en a plus. Jusqu’à présent il n’y avait aucun lieu de rassemblement, chacun pratiquait de son côté. Ce lieu de culte nous permettra de tous les rassembler et d’avoir une estimation plus précise”, a-t-il expliqué au journal Tahiti Infos.
Parmi les musulmans figurent des étudiants Tahitiens qui se sont convertis à l'islam en France métropolitaine ou des conjoints musulmans de Tahitiennes rencontrés en métropole.
Un appel aux dons est lancé pour la construction d'une première mosquée à Tahiti et la page Facebook du centre islamique diffuse la vidéo d'un Tahitien en train de réciter le Coran ou encore d'une petite Tahitienne de deux ans en train de prier. 

En Nouvelle-Calédonie existe une importante communauté musulmane : environ 7000 Néo-Calédoniens et Canaques sont des convertis. C'est une maison coloniale qui sert de salle de prière dès 1978 grâce à des fonds fidjiens. C'est aussi sur ce terrain que l’Association des Musulmans de Nouvelle-Calédonie, existant depuis 1975, construit le Centre Islamique de Nouméa, grâce à un don personnel du Roi Fahd d’Arabie Saoudite et avec l'aide de la Banque Islamique de Développement. La même banque facilite également la construction du Centre Islamique de Bourail

En Australie, au nord, les premiers musulmans arrivent d'Afghanistan au XIXe siècle. Environ 400 Afghans sont amenés sans leur famille par les Anglais pour construire les routes. Leur participation au développement du pays est conséquente mais ils ne deviennent pas Anglais. Ayant considéré qu'il leur était difficile de préserver leur identité musulmane dans ce pays, la plupart d’entre eux rentrèrent en Afghanistan. Ceux qui restèrent se marièrent avec des Aborigènes ou bien des Anglaises. Au XXe siècle, de nombreux musulmans, notamment Indonésiens, habitent en Australie. 

Le cas du Vanuatu

Au Vanuatu, les musulmans parlent de "miracle de la propagation de l'Islam". L’archipel, situé à 1500 kilomètres à l’Est de l’Australie et à moins de 500 kilomètres au nord de la Nouvelle-Calédonie, est distant de 15.000 km de la Mecque. Les ni-Vanuatu, pauvres, sont réceptifs au prosélytisme : voir la vidéo sur You Tube

Dans l'océan Atlantique

Dans les Caraïbes françaises également, des mosquées poussent comme des champignons : en Martinique, qui compte un nombre non-négligeable de Martiniquais convertis, environ 5000, ainsi qu'en Guadeloupe et en Guyane en Amérique du sud. Parmi les protecteurs figure la Ligue Islamique Mondiale.

Selon un rapport de janvier 2017 publié par l'Institut Espagnol d'Etudes stratégiques dépendant du ministère de la défense ibère, les Caraïbes et l'Amérique latine sont des foyers du terrorisme musulman avec pour cible les Etats-Unis. Un "mariage de complaisance" existe entre le crime organisé latino-américain et des terroristes de confession musulmane, avec des objectifs et des intérêts différents. Daesh Etat islamique et ses alliés des cartels de la drogue lèvent et blanchissent des grandes quantités de liquidités.

Dans l'océan Indien

A l'île de La Réunion, la minorité musulmane sunnite est indienne, originaire de Gurajat en Inde, une région proche du Pakistan devenue musulmane au XIIIe siècle. En 1892, six musulmans Indiens, riches commerçants, achètent un immeuble et le transforme en mosquée : la Mosquée Noor-e-Islam inaugurée en 1905 est la première mosquée de France. Depuis 1979, un minaret surmonte l'édifice.

La Réunion compte actuellement douze mosquées sunnite d'origine indienne, une mosquée sunnite comorienne et une mosquée chiite. Le marché de la finance islamique est prospère dans cette région ultra-périphérique de l’Union Européenne. 

Le cas de Mayotte

Mayotte est le département de France où l'islam de France est une réalité : la société mahoraise s'est largement laïcisée, avec l'appui des élus locaux. 95 % des Mahorais se disent musulmans mais l'islam est considéré davantage comme une tradition culturelle qu'une religion avec ses carcans, ce qui est mal perçu par les musulmans de l'extérieur.

Les Mahorais restent attachés à leurs traditions et personne ne pourra les obliger à changer leurs pratiques religieuses qui sont différentes de celles de l'Islam traditionnaliste . En février 2015, au nord de l'île, une mosquée est détruite car elle ne respectait pas les traditions mahoraises ; elle prônait surtout des pratiques islamiques venues de l'extérieur. 

Pour ces raisons, Marine Le Pen est tout sauf diabolisée dans ce département situé à 8.000 km de la mère patrie. Au contraire : aux Européennes 2019, la liste qu'elle soutient arrive en 1ère position avec 45,56 % des suffrages exprimés. Lors de l'élection présidentielle de 2017, les Mahorais votent à 42,85 % en faveur de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron au second tour, après avoir voté à 27,28 % au premier tour pour le Front National, en deuxième position derrière François Fillon.

Des cas inquiétants

En août 2014, le fils d'un terroriste Australien est photographié brandissant la tête d’un soldat loyaliste syrien décapité. Agé de sept ans, le petit garçon pose aussi sur plusieurs photos, avec ses frères, armes au poing. Le père, condamné pour terrorisme en 2005 avec huit autres terroristes, projetait un attentat à la bombe sur une cible non identifiée à Sydney. Il réussit à s'évader de sa prison, puis du pays, en utilisant le passeport de son frère, pour aller combattre en Syrie avec ses fils. Les autorités australiennes ont mis douze jours à se rendre compte de sa fuite.

Sur l'île d'Oahu à Hawaii, au nord de l'océan Pacifique, le FBI arrête en juillet 2017 un soldat de l’armée américaine accusé de terrorisme. Le sergent contrôleur aérien âgé de 34 ans a essayé de transmettre des documents classifiés à l’organisation Etat islamique par l’intermédiaire d’agents infiltrés.

La lutte contre l'intégrisme musulman

Face à la menace terroriste islamiste en France comme à l’étranger, un gros effort de recrutement a été accompli. La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) est passée de 3.500 à 4.500 agents. La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) chargée du renseignement extérieur va atteindre un total d'environ 7.000 agents d'ici la fin de l'année 2019. Diplômés de l'université ou des grandes écoles, linguistes maîtrisant des langues rares, accros de l'internet, crypto-mathématiciens, experts du nucléaire ou de la balistique, les profils recherchés sont divers, avec l'attrait d'un salaire d'environ 3.000 euros bruts mensuels pour débuter. 

Au cours de leur parcours, les agents de la caserne Mortier où se trouve une partie du siège de la DGSE, situé boulevard Mortier dans le 20e arrondissement de Paris, peuvent suivre l'une des 174 formations proposées par l'agence. A l'issue de la sélection qui détermine les affectations, les nouveaux agents signent une charte déontologique classée "secret-défense" portant comme acronyme LEDA pour "loyauté, exigence, discrétion, adaptabilité". Une affectation à l'étranger est possible à l'issue d'une formation plus poussée étalée sur plusieurs années. Pour ces jeunes recrues, le combat contre l'islamisme radical ne fait que commencer.
 



 

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Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales… En savoir plus sur cet auteur
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