Exposition "L'antiquité rêvée, innovations et résistances"

Le grand auditorium du musée du Louvre ouvre les portes du goût antiquisant dans le 1er arrondissement de Paris.


Une exhibition pour redécouvrir la naissance du goût antiquisant du XVIIIe siècle, ainsi que ses contrepoints et résistances.


Clémence Villefranche
10 Décembre 2010 12:45

L'exposition au coeur du Louvre s'ouvre sur une sculpture de Lambert Sigisbert Adam (1700-1759) Persée assis, une reprise d'une statue originale grecque à laquelle Adam a rajouté des membres nouveaux et des accessoires. De quoi laisser suggérer ce que va découvrir le visiteur : l'histoire du plus pur classicisme antiquisant jusqu'au baroque, sans oublier les résistances à ces deux courants propres au XVIIIe siècle.

Le XVIIIe est un siècle de faste, de paix et de prospérité. Les découvertes archéologiques de Paestum, de Herculanum et Pompéï tout au long du XVIIe siècle permettent de relancer la mode de l'antique.

L'art classique et néoclassique sont bouleversés, et les sculpteurs exécutent avec frénésie des bustes immitant les grecs et les romains : ainsi le buste à l'antique devient la règle dès 1730, et les plus grands sculpteurs, mais aussi peintres, graveurs, dessinateurs de l'époque s'attelent à y obéir.

Dans l'exposition voisinnent donc des sculptures d'Edme Bouchardon (1698-1762), comme l'Amour se faisant un arc de la massue d'Hercule, hérité du plus grand classicisme antique, des peintures de Joseph-Marie Vien (1716-1809), notamment la marchande d'amour, et des gravures de Charles-Nicolas Cochin (1715-1790), qui dira de son contemporain Bouchardon : « on lui a l'obligation d'avoir ramené le goût simple et noble de l'antique ».

Les plus fameux sculpteurs grecs tel Lysippe inspirent les artistes de ce siècle du retour à l'antique.
Au passage, le visiteur connaisseur note la brève allusion au goût à la chinoise.

Au fur et à mesure des salles, le visiteur est transporté dans un autre siècle, avec des marbres blancs comme la neige, des bronzes polis, des couleurs pastels enchanteresses. Les allusions aux arts décoratifs de l'époque et notamment avec les gravures de James Stuart (1713-1768) pour Spencer House, de François-Joseph Belanger (1745-1818), traduisent la réaction au courant néoclassique, appuyé par les gravures de Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) qui montrent le courant dit du baroque triomphant, mais surtout créent un intérieur « cosy », pour reprendre un terme anglais.
Henry Füssli, Le Cauchemar, 1782, Detroit, Institut of Arts © The Bridgeman Art Library

Se sentant comme chez lui, le néophyte n'est pas perdu grâce aux nombreuses explications guidant ses pas. L'exposition aboutit sur la notion de gentilhomme, la plus parfaite des manières au XVIIIe siècle : de quoi faire rêver plus d'une demoiselle.

Exposition "Antiquité rêvée, innovations et résistances" jusqu'au 14 février 2011.
Tous les jours sauf le mardi, de 9h à 18h et jusqu'à 22h le mercredi et vendredi.
Grand auditorium du musée du Louvre.
Hall Napoléon du Louvre, Musée du Louvre, 75001 Paris.



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