Louis XVI meurt guillotiné le 21 janvier 1793.
Le 10 août 1792, la monarchie française, qui a construit la France pendant plus de mille ans, s’effondre. Ni le Roi, ni l’Assemblée Législative ne détiennent le pouvoir. Le temps de la Terreur arrive.
Le rasoir républicain divise alors les corps, la tête tombe et le reste est désarticulé. Nombre des membres de la Convention nationale l'ont également expérimenté, à l’œuvre sur leurs ordres et aussi à l’œuvre sur eux.
Le Roi de France n'est pas épargné non plus. Il est finalement décapité non sans avoir divisé les Révolutionnaires qui craignaient qu'on ne les juge pour haute trahison et qu'on ne les condamne à leur tour à la guillotine s'ils ne votaient pas la mort du Roi.
Après avoir commémoré en 2012 la naissance de la République par des articles sur l'anniversaire des valeurs fondatrices de la République française, Paris Tribune rappelle cet événement majeur en France en citant 2 sources : un extrait des registres du Conseil exécutif provisoire, le 20 Janvier 1793, et un extrait de L'Homme révolté d'Albert Camus, publié en 1951.
Le 10 août 1792, la monarchie française, qui a construit la France pendant plus de mille ans, s’effondre. Ni le Roi, ni l’Assemblée Législative ne détiennent le pouvoir. Le temps de la Terreur arrive.
Le rasoir républicain divise alors les corps, la tête tombe et le reste est désarticulé. Nombre des membres de la Convention nationale l'ont également expérimenté, à l’œuvre sur leurs ordres et aussi à l’œuvre sur eux.
Le Roi de France n'est pas épargné non plus. Il est finalement décapité non sans avoir divisé les Révolutionnaires qui craignaient qu'on ne les juge pour haute trahison et qu'on ne les condamne à leur tour à la guillotine s'ils ne votaient pas la mort du Roi.
Après avoir commémoré en 2012 la naissance de la République par des articles sur l'anniversaire des valeurs fondatrices de la République française, Paris Tribune rappelle cet événement majeur en France en citant 2 sources : un extrait des registres du Conseil exécutif provisoire, le 20 Janvier 1793, et un extrait de L'Homme révolté d'Albert Camus, publié en 1951.
Extrait des Registres du Conseil, du 20 Janvier 1793, l'an second de la République
Le Conseil exécutif provisoire délibérant sur les mesures à prendre pour l'exécution du décret de la Convention nationale, des 15, 17, 19 & 20 janvier 1793 arrête les dispositions suivantes :
1 - L'exécution du jugement de Louis Capet se fera demain lundi 21.
2 - Le lieu de l'exécution sera la Place de la Révolution, ci-devant Louis XV, entre le pied-estal & les Champs- élysées
3 - Louis Capet partira du Temple à 8 heures du matin, de manière que l'exécution puisse être faite à midi.
4 - Des commissaires du Département de Paris, des commissaires de la Municipalité, deux membres du Tribunal criminel assisteront à l'exécution. Le Secrétaire-greffier de ce Tribunal en dressera le procès-verbal, & lesdits Commissaires & Membres du Tribunal, aussitôt après l'exécution consommée, viendront en rendre compte au Conseil, lequel restera en séance permanente pendant toute cette journée.
Le Conseil exécutif provisoire,
Roland, Clavière, Monge, Lebrun, Garat, Pasche
Par le Conseil, Grouvelle.
A Paris, de l'imprimerie nationale exécutive du Louvre 1793.
1 - L'exécution du jugement de Louis Capet se fera demain lundi 21.
2 - Le lieu de l'exécution sera la Place de la Révolution, ci-devant Louis XV, entre le pied-estal & les Champs- élysées
3 - Louis Capet partira du Temple à 8 heures du matin, de manière que l'exécution puisse être faite à midi.
4 - Des commissaires du Département de Paris, des commissaires de la Municipalité, deux membres du Tribunal criminel assisteront à l'exécution. Le Secrétaire-greffier de ce Tribunal en dressera le procès-verbal, & lesdits Commissaires & Membres du Tribunal, aussitôt après l'exécution consommée, viendront en rendre compte au Conseil, lequel restera en séance permanente pendant toute cette journée.
Le Conseil exécutif provisoire,
Roland, Clavière, Monge, Lebrun, Garat, Pasche
Par le Conseil, Grouvelle.
A Paris, de l'imprimerie nationale exécutive du Louvre 1793.
La mort de Louis XVI vue par Albert Camus
Albert Camus, L’Homme révolté, Les régicides, page 152 et suivantes, aux éditions Gallimard en 1951 :
"(...) Le 21 janvier, avec le meurtre du Roi-prêtre, s’achève ce qu’on a appelé significativement la passion de Louis XVI. Certes, c’est un répugnant scandale d’avoir présenté, comme un grand moment de notre histoire, l’assassinat public d’un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s’en faut. Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu Chrétien. Dieu, jusqu’ici, se mêlait à l’histoire par les Rois. Mais on tue son représentant historique, il n’y a plus de roi. Il n’y a donc plus qu’une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes.
Les révolutionnaires peuvent se réclamer de l’Evangile. En fait, ils portent au Christianisme un coup terrible, dont il ne s’est pas encore relevé. Il semble vraiment que l’exécution du Roi, suivie, on le sait, de scènes convulsives, de suicides ou de folie, s’est déroulée tout entière dans la conscience de ce qui s’accomplissait. Louis XVI semble avoir, parfois, douté de son droit divin, quoiqu’il ait refusé systématiquement tous les projets de loi qui portaient atteinte à sa foi. Mais à partir du moment où il soupçonne ou connaît son sort, il semble s’identifier, son langage le montre, à sa mission divine, pour qu’il soit bien dit que l’attentat contre sa personne vise le Roi-Christ, l’incarnation divine, et non la chair effrayée de l’homme. Son livre de chevet, au Temple, est l’Imitation de Jésus-Christ.
La douceur, la perfection que cet homme, de sensibilité pourtant moyenne, apporte à ses derniers moments, ses remarques indifférentes sur tout ce qui est du monde extérieur et, pour finir, sa brève défaillance sur l’échafaud solitaire, devant ce terrible tambour qui couvrait sa voix, si loin de ce peuple dont il espérait se faire entendre, tout cela laisse imaginer que ce n’est pas Capet qui meurt, mais Louis de droit divin, et avec lui, d’une certaine manière, la Chrétienté temporelle. Pour mieux affirmer encore ce lien sacré, son confesseur le soutient dans sa défaillance, en lui rappelant sa 'ressemblance' avec le Dieu de douleur. Et Louis XVI alors se reprend, en reprenant le langage de ce Dieu : "Je boirai, dit-il, le calice jusqu’à la lie". Puis il se laisse aller, frémissant, aux mains ignobles du bourreau" (...) .
"(...) Le 21 janvier, avec le meurtre du Roi-prêtre, s’achève ce qu’on a appelé significativement la passion de Louis XVI. Certes, c’est un répugnant scandale d’avoir présenté, comme un grand moment de notre histoire, l’assassinat public d’un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s’en faut. Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu Chrétien. Dieu, jusqu’ici, se mêlait à l’histoire par les Rois. Mais on tue son représentant historique, il n’y a plus de roi. Il n’y a donc plus qu’une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes.
Les révolutionnaires peuvent se réclamer de l’Evangile. En fait, ils portent au Christianisme un coup terrible, dont il ne s’est pas encore relevé. Il semble vraiment que l’exécution du Roi, suivie, on le sait, de scènes convulsives, de suicides ou de folie, s’est déroulée tout entière dans la conscience de ce qui s’accomplissait. Louis XVI semble avoir, parfois, douté de son droit divin, quoiqu’il ait refusé systématiquement tous les projets de loi qui portaient atteinte à sa foi. Mais à partir du moment où il soupçonne ou connaît son sort, il semble s’identifier, son langage le montre, à sa mission divine, pour qu’il soit bien dit que l’attentat contre sa personne vise le Roi-Christ, l’incarnation divine, et non la chair effrayée de l’homme. Son livre de chevet, au Temple, est l’Imitation de Jésus-Christ.
La douceur, la perfection que cet homme, de sensibilité pourtant moyenne, apporte à ses derniers moments, ses remarques indifférentes sur tout ce qui est du monde extérieur et, pour finir, sa brève défaillance sur l’échafaud solitaire, devant ce terrible tambour qui couvrait sa voix, si loin de ce peuple dont il espérait se faire entendre, tout cela laisse imaginer que ce n’est pas Capet qui meurt, mais Louis de droit divin, et avec lui, d’une certaine manière, la Chrétienté temporelle. Pour mieux affirmer encore ce lien sacré, son confesseur le soutient dans sa défaillance, en lui rappelant sa 'ressemblance' avec le Dieu de douleur. Et Louis XVI alors se reprend, en reprenant le langage de ce Dieu : "Je boirai, dit-il, le calice jusqu’à la lie". Puis il se laisse aller, frémissant, aux mains ignobles du bourreau" (...) .
Gravure de la décapitation
"Fin tragique de Louis XVI exécuté le 21 Janvier 1793 sur la Place de Louis XV dite Place de la Révolution.
"Je meurs innocent des crimes dont on m'accuse. Je n'ai jamais désiré que le bonheur de mon peuple, et mes derniers voeux sont que le Ciel lui pardonne ma mort".
A Paris chez les Marchands de Nouveautés".
"Je meurs innocent des crimes dont on m'accuse. Je n'ai jamais désiré que le bonheur de mon peuple, et mes derniers voeux sont que le Ciel lui pardonne ma mort".
A Paris chez les Marchands de Nouveautés".
Il y a 225 ans, le 21 janvier 1793, le Roi Louis XVI, le citoyen Louis Capet, était exécuté sur la Place de Louis XV dite Place de la Révolution, actuellement Place de la Concorde.