Jean-Paul Huchon - Valérie Pécresse : le dernier débat

Sixième Tribune


Le dernier débat aurait pu s’appeler le Dernier Combat. Comme celui que se livrent les survivants de l’apocalypse nucléaire dans le film du même nom réalisé par Luc Besson en 1983. Dans les studios de Public Sénat la chaîne parlementaire le 10 mars de 18h30 à 19h30, aucun dialogue ne s’est établi entre les deux candidats de l’UMP et du PS. Mais contrairement aux protagonistes du film qui ne savent plus parler, Valérie Pécresse et Jean-Paul Huchon ne sont pas muets.


11 Mars 2010 14:11

«Passons un pacte, demande la candidate, pendant une heure, arrêtons les invectives. Il y a un lapin blanc dans Alice au Pays des Merveilles et il est toujours en retard. Comme les transports en Ile-de-France. Les transports, c’est votre fiasco. »
- « Je ne me suis pas permis de vous comparer à un animal » relève Jean-Paul Huchon.
- « J’ai parlé du lapin blanc » rétorque Valérie Pécresse.

L’émission avait commencé sur deux sentiments opposés : celui de la chef de file UMP regrettant l’absence de débats de fond pendant la campagne, et celui du chef de file PS déclarant au contraire avoir « senti un assez grand appétit de région ». Tout en appelant sa challenger à « plus d’humour » et à « dé-speeder » (NDLR : du verbe anglais speeder qui signifie énerver, agir, agir trop rapidement, agiter, alarmer, gesticuler, remuer, bouger), Jean-Paul Huchon aborde un air impassible et impavide tandis que Valérie Pécresse a du mal à ne pas se montrer narquoise et inflexible.

Morceaux choisis

- « Vous ne vous êtes pas battu pour les transports. »
- « Je suis président de région depuis 1998 et en charge des transports depuis 2006. »

- « Vous n’avez pas honoré les 21 contrats de projets. »
- « Les contrats de projets ont été honoré par la région mais pas par l’Etat qui a eu du retard.»
- « Un peu de retard. »

- « Comment va se passer le marchandage avec les Verts qui ont eu 23% aux européennes et le PS 13% ? »
- « Ne parlez pas de marchandage mais d’une alliance politique de ceux qui veulent une Ile-de-France différente. On ne se parle pas avant le 1er tour. Il n’y a rien d’incompatible avec Cécile Duflot, entre ses propositions et les nôtres, pour un mandat de 4 ans ou de 6 ans. »
- « Jean-Paul Huchon ne dit que « voter contre Nicolas Sarkozy »… c’est triste, c’est peu comme bilan. Nous avons des idées neuves et nous ne sommes pas sectaires. »
- « Je suis habitué à gérer une majorité plurielle. »
- « Les Verts n’assument pas le bilan, ils ont fait 3 listes. »

- « L’important c’est qu’il y ait quelqu’un au bout des SMS et avec les suppressions d’emplois… »
- « C’est incroyable d’entendre cela : l’idée, c’est un centre de commandement intégré… »
- « … financé à 100% par la région. »

- « Nous, on a fait quelque chose de beaucoup plus puissant : on a fait le Grand Paris de la Sécurité » en donnant au « Préfet de police le pouvoir d’intervenir en petite couronne », « cela montre que le Grand Paris commence maintenant », « il y aura 1 millions d’emplois dans 10 ans avec le Grand Paris, c’est le projet que Monsieur Huchon n’a pas eu. »
- « Simplement, à travers ce qu’a dit Madame Valérie Pécresse, c’est l’échec total du gouvernement car s’il y a une diminution de la petite délinquance, il y a une augmentation de 16,3% des attaques sur les personnes. »



- « Les actes de solidarité, c’est le Grand Paris… il n’y aura pas de nouvelles taxes pour payer toutes vos promesses électorales »
- « Vous ne nous laissez aucune taxe à utiliser ! »
- « Eh bien tant mieux ! »
- « Vous voulez être le président d’une collectivité locale qui a besoin de financement ? »
- « Il y a un principe constitutionnel, celui de l’auto-administration, le principe de la libre administration des collectivités territoriales », « Je quitte le gouvernement si je gagne. »

- « Attaquer la femme, je ne le supporte pas, surtout sur sa compétence. »
- « Je suis contre la droite arrogante. »

La bonhomie du président sortant, ancien directeur de cabinet de Michel Rocard, ne fait pas oublier l’animal politique. Les pièges de la campagne que l’actuelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et ancienne conseillère de Jacques Chirac à l’Elysée, n’a pas su ou pu éviter, ne font que renforcer sa détermination de construire une nouvelle droite pour réconquérir Paris.
Jean-Paul Huchon et Valérie Pécresse représentent tout simplement deux projets.



Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales… En savoir plus sur cet auteur
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