Alexandre Benalla dit tout et son contraire
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"J'essaye de le maîtriser... et vous avez en face de vous quelqu'un qui n'a pas réussi à être maîtrisé pendant 30 secondes par des CRS, qui sont équipés et qui sont formés à ce type de situation, ce qui n'est pas mon cas".
Alexandre Benalla, ex-chargé de la sécurité du président, sur TF1 le 27 juillet 2018.
Alexandre Benalla, qui ne se considérait "pas comme un proche mais comme un collaborateur du président" , est interviewé pendant 13 minutes sur le plateau de TF1 au JT de 20h le vendredi 27 juillet 2018.
La description qu'il fait de son intervention le 1er mai 2018 sur la place de la Contrescarpe à Paris appelle une question et un constat :
1 - Si Alexandre Benalla n'a pas été "formé à ce type de situation", que faisait-il à la sécurité du président de la République ?
2 - Si les CRS n'ont pas maîtrisé un manifestant, c'est parce qu'ils n'avaient pas besoin de le maîtriser.
Alexandre Benalla lance "la réaction de citoyen" pour appréhender "les délinquants"
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Alexandre Benalla "considère ne rien avoir fait de mal à ce moment là".
"La vidéo a été sortie de son contexte" et il "ne considère pas avoir commis d'acte répréhensible par la Loi" car il "considère avoir été confronté à des gens qui sont des casseurs" :
Il n'hésite pas à déclarer que ce qui le "choque profondément c'est que les médias n'ont pas diffusé les images sur ce qui se passe avant et après".
Ces images sont connues. Elles montrent, avec des photos prises le soir du 1er mai 2018 place de la Contrescarpe, ce qui s'est passé. Le journaliste de France 3 raconte la scène :
"La vidéo a été sortie de son contexte" et il "ne considère pas avoir commis d'acte répréhensible par la Loi" car il "considère avoir été confronté à des gens qui sont des casseurs" :
"Des casseurs, pas des gentils manifestants comme on a pu le dire. Ce sont des gens qui ont commis des actes délictueux envers les policiers, et j'ai eu une réaction qui est une réaction de citoyen qui a voulu aider à un moment, appréhender des gens qui sont, pour moi, des délinquants !"
Alexandre Benalla, observateur le 1er mai 2018 auprès de la police, au JT de TF1 le 27 juillet 2018.
Il n'hésite pas à déclarer que ce qui le "choque profondément c'est que les médias n'ont pas diffusé les images sur ce qui se passe avant et après".
Ces images sont connues. Elles montrent, avec des photos prises le soir du 1er mai 2018 place de la Contrescarpe, ce qui s'est passé. Le journaliste de France 3 raconte la scène :
"Sur ces photos, on voit le jeune couple, calme et souriant, qui assiste en spectateur à la charge des CRS. Quelques instants après (...) les CRS se replient et subissent des jets de bouteilles (...) Alexandre Benalla, dans un premier temps, les observe. A gauche, le couple est toujours là. Sous le coup de l'énervement, selon leur avocat, ils prennent des objets sur une table, les jettent sur les forces de l'ordre, puis les invectivent. Alexandre Benalla et Vincent Crase les repèrent puis rejoignent les CRS (...) La suite est connue : Alexandre Benalla met brutalement au sol le jeune homme (...)"
Le problème de fond de l'affaire Benalla
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Le président Emmanuel Macron utilise l'expression "une tempête dans un verre d'eau" qui "n'intéresse pas les Français" pour résumer l'affaire qui porte le nom de son ancien chargé de sa sécurité.
Alexandre Benalla dit la même chose mais autrement :
Alexandre Benalla dit la même chose mais autrement :
"C'est complètement fou cette histoire. On part d'agissements qui sont bien réels, c'est-à-dire que j'ai essayé d'appréhender des gens qui ont commis un délit pour moi, et on est parti sur une histoire où on essaye d'engager la responsabilité du président de la République. Il n'a rien à voir là-dedans."
Alexandre Benalla, ex-collaborateur d'Emmanuel Macron, au JT de TF1 le 27 juillet 2018.
Il délivre un argument déjà entendu dans la majorité présidentielle : à travers lui, affirme-t-il, l'on cherche à atteindre le président et la République, alors que
"c'est une histoire banale, il ne se passe rien. Mon avocat dit que c'est une affaire d'été et je pense comme lui. Il n'y a pas d'affaire d'Etat là-dedans (...) Mon comportement a provoqué un orage médiatique (...) J'ai fauté, on a vu ce que ça a pu provoquer".
Alexandre Benalla tente de déconnecter l'affaire qui porte son nom avec la présidence de la République. Il doit faire croire à l'opinion publique que l'affaire Benalla se résume à un simple fait divers pendant une manifestation.
Cette défense d'Alexandre Benalla, et par ricochet celle du président de la République, a pour objectif de masquer la réalité de l'affaire Benalla.
Ce que révèle l'affaire Benalla
Le fond du problème, ce n'est pas ce qui s'est passé sur la place de la Contrescarpe le soir du 1er mai à Paris, mais ce que cela a révélé : des collaborateurs inconnus travaillant à la présidence de la République, avec des avantages liés à leurs fonctions, suite aux révélations du Monde le 18 juillet 2018 puis des auditions des commissions d'enquête ouvertes à l'Assemblée nationale et au Sénat.
Les noms et postes de ces collaborateurs secrets ne sont pas publiés au Journal Officiel de la République française et aucune déclaration de patrimoine et d'intérêt n'est déposée, comme la loi l'exige, à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
Le fond de l'affaire Benalla, c'est la révélation de l'existence occultée de collaborateurs à l'Elysée. Rien d'étonnant ni d'impossible à ce que cela devienne un scandale d'Etat.
Les noms et postes de ces collaborateurs secrets ne sont pas publiés au Journal Officiel de la République française et aucune déclaration de patrimoine et d'intérêt n'est déposée, comme la loi l'exige, à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
Le fond de l'affaire Benalla, c'est la révélation de l'existence occultée de collaborateurs à l'Elysée. Rien d'étonnant ni d'impossible à ce que cela devienne un scandale d'Etat.
En savoir plus
Paris : les premières images ayant permis l'identification d'Alexandre Benalla. Affaire Benalla : le syndicat de la police nationale écrit à Emmanuel Macron. Alexandre Benalla parle de son film préféré "Dans la ligne de mire" avec Clint Eastwood. Le syndicat de la police nationale au Ministère de l'Intérieur va déposer plainte contre Alexandre Benalla. Lettre d'un marin au président : Jean-Paul Hellequin écrit à Emmanuel Macron. Emmanuel Macron n'aime pas les casseurs.