Une pétition issue des sections révolutionnaires vient d’être portée à la Convention. Le Maire de Paris accompagne les pétitionnaires. Le texte se termine par la désignation des chefs Girondins comme étant des traîtres. Nous sommes le 15 avril 1793.
L’un des girondins entend répliquer. C’est de nouveau Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède qui demande la parole :
"J’ai des demandes et des observations à faire sur la pétition qui vient de vous être présentée (...)
Comme je ne soupçonne pas qu'aucun représentant du peuple veuille se rendre coupable, envers ses commettants, du crime de haute trahison : par une lâche concession de ses droits, je n’oserai mettre en doute que vous ne permettiez aux citoyens des départements ce que vous avez permis aux pétitionnaires patriotes et au département de Paris, et je terminerai par un dilemme que j’offrirai au provocateur de celte patriotique pétition, et à ceux qui l'ont si fastueusement annoncée.
Ou les citoyens de Paris ont usé d'un droit légitime et sacré, et alors vous ne pouvez ravir aux citoyens des départements l'exercice du même droit ; ou ils ont voulu attenter à la représentation nationale et usurper les droits du peuple, et dans ce dernier cas vous devez faire un exemple éclatant de justice et de sévérité.
Pour moi, qui réveille le droit sacré de pétition, qui ne sais pas sonder les cœurs pour empoisonner les intentions, j'applaudis à la demande des citoyens de Paris ; je la convertis en motion, et j'en demande l’examen et le renvoi à son adresse, c est à dire au peuple".
Boyer-Fonfrède descend de la Tribune au milieu des applaudissements d'une grande partie de l'assemblée ; des murmures ne se font entendre que dans l'extrême gauche ; partout on demande à aller aux voix (...).
"J’ai des demandes et des observations à faire sur la pétition qui vient de vous être présentée (...)
Comme je ne soupçonne pas qu'aucun représentant du peuple veuille se rendre coupable, envers ses commettants, du crime de haute trahison : par une lâche concession de ses droits, je n’oserai mettre en doute que vous ne permettiez aux citoyens des départements ce que vous avez permis aux pétitionnaires patriotes et au département de Paris, et je terminerai par un dilemme que j’offrirai au provocateur de celte patriotique pétition, et à ceux qui l'ont si fastueusement annoncée.
Ou les citoyens de Paris ont usé d'un droit légitime et sacré, et alors vous ne pouvez ravir aux citoyens des départements l'exercice du même droit ; ou ils ont voulu attenter à la représentation nationale et usurper les droits du peuple, et dans ce dernier cas vous devez faire un exemple éclatant de justice et de sévérité.
Pour moi, qui réveille le droit sacré de pétition, qui ne sais pas sonder les cœurs pour empoisonner les intentions, j'applaudis à la demande des citoyens de Paris ; je la convertis en motion, et j'en demande l’examen et le renvoi à son adresse, c est à dire au peuple".
Boyer-Fonfrède descend de la Tribune au milieu des applaudissements d'une grande partie de l'assemblée ; des murmures ne se font entendre que dans l'extrême gauche ; partout on demande à aller aux voix (...).
Si les girondins et les montagnards s'étaient entendus, ensemble ils seraient devenus les maîtres...
La discussion se poursuit le 16 avril 1793.
Pierre Philippeaux, député de la Sarthe, montagnard proche de Danton, appelle à une prise de conscience de la Convention :
Pierre Philippeaux, député de la Sarthe, montagnard proche de Danton, appelle à une prise de conscience de la Convention :
Pierre Philippeaux (1759-1794) gravure photographiée par Havang tirée de l' "Album du centenaire - Grands hommes et grands faits de la Révolution française (1789-1804)" de Augustin Challamel et Desire Lacroix - Illustrateurs : Émile Bayard, Hubert Clerget, Yan' Dargent, Darjou, Jules Ferat, Ferdinandus, Frédéric Lix, Henri Félix Emmanuel Philippoteaux, Auguste Raffet, H. Rousseau, Thorigny, Valnay - Publié par Jouvet & Cie en 1889 - Magasin Pittoresque (E.Best), Paris.
"Il est temps d’ouvrir les yeux et de briser le talisman fatal qui nous rend dupes les uns et les autres d’une idolâtrie pernicieuse !
Je n’ai vu moi, et je ne suis pas le seul, qu’un combat d’amour propre et d’ambition entre ces dix ou douze athlètes qui se donnent si souvent en spectacle pour savoir en dernière analyse qui d’entre eux seront les modérateurs suprêmes de la République !
Si dès l’origine nous eussions pu leur imposer silence, ils eussent peut-être fait tourner au profit de la chose publique les passions fougueuses qui les dévorent, et qui, par notre complaisance à les partager, ont pris un autre caractère.
Lorsqu'au comité de défense générale j'entendis mettre en thèse que "si Brissot, Gensonné et trois ou quatre autres pouvaient se réconcilier avec Robespierre, la Patrie serait sauvée", je m'écriai avec indignation : il n’existe donc déjà plus de République !
Car, si le schisme qui divise ce petit nombre d'individus peut la détruire, ces hommes là seront nos maîtres, s'ils peuvent jamais s'entendre ! ...
Je ne sais si ceux qui nous rassasient à chaque minute de déclamations atrabilaires sont de bonne foi dans leur emportement ; mais à coup sûr, s'ils étaient républicains, ils eussent fait à la Patrie le sacrifice de ces déplorables dissensions, qui la tuent !
On a parlé dans cette assemblée d'ostracisme : nous n'avons pas encore cette loi des peuples libres ;
mais les individus dont je parle s’ils étaient généreux se la seraient imposée à eux-mêmes, puisqu'ils n'ont cessé d'être un sujet de tourments et de calamités pour la chose publique !"
Philippeaux termine en proposant à la Convention de déclarer par un décret qu'elle veut sauver la République ; qu'elle regardera comme mauvais citoyens ceux qui voudraient sa dissolution en tout ou en partie qu’en conséquence elle improuve l'adresse qui lui a été présentée au nom des sections de Paris.
On demande l'impression de ce discours : l’assemblée passe à l'ordre du jour puis se sépare jusqu’au 18 avril 1793 avant de poursuivre ses débats le 20 et le 24 avril 1793 où un coup de théâtre survient.
A suivre sur Paris Tribune...
Bibliographie :
Débats de la Convention Nationale ou analyse complète des séances - Tome IV Paris - A Bossange et Baudouin Frères - 1828.
Site : http://www.assemblee-nationale.fr
Je n’ai vu moi, et je ne suis pas le seul, qu’un combat d’amour propre et d’ambition entre ces dix ou douze athlètes qui se donnent si souvent en spectacle pour savoir en dernière analyse qui d’entre eux seront les modérateurs suprêmes de la République !
Si dès l’origine nous eussions pu leur imposer silence, ils eussent peut-être fait tourner au profit de la chose publique les passions fougueuses qui les dévorent, et qui, par notre complaisance à les partager, ont pris un autre caractère.
Lorsqu'au comité de défense générale j'entendis mettre en thèse que "si Brissot, Gensonné et trois ou quatre autres pouvaient se réconcilier avec Robespierre, la Patrie serait sauvée", je m'écriai avec indignation : il n’existe donc déjà plus de République !
Car, si le schisme qui divise ce petit nombre d'individus peut la détruire, ces hommes là seront nos maîtres, s'ils peuvent jamais s'entendre ! ...
Je ne sais si ceux qui nous rassasient à chaque minute de déclamations atrabilaires sont de bonne foi dans leur emportement ; mais à coup sûr, s'ils étaient républicains, ils eussent fait à la Patrie le sacrifice de ces déplorables dissensions, qui la tuent !
On a parlé dans cette assemblée d'ostracisme : nous n'avons pas encore cette loi des peuples libres ;
mais les individus dont je parle s’ils étaient généreux se la seraient imposée à eux-mêmes, puisqu'ils n'ont cessé d'être un sujet de tourments et de calamités pour la chose publique !"
Philippeaux termine en proposant à la Convention de déclarer par un décret qu'elle veut sauver la République ; qu'elle regardera comme mauvais citoyens ceux qui voudraient sa dissolution en tout ou en partie qu’en conséquence elle improuve l'adresse qui lui a été présentée au nom des sections de Paris.
On demande l'impression de ce discours : l’assemblée passe à l'ordre du jour puis se sépare jusqu’au 18 avril 1793 avant de poursuivre ses débats le 20 et le 24 avril 1793 où un coup de théâtre survient.
A suivre sur Paris Tribune...
Bibliographie :
Débats de la Convention Nationale ou analyse complète des séances - Tome IV Paris - A Bossange et Baudouin Frères - 1828.
Site : http://www.assemblee-nationale.fr
Articles :
- 10 avril 1793 - 10 avril 2013 : La Révolution s’emballe il y a 220 ans.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 2.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 3.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 4.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 5.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 6.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 7.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 8.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 9.
- 7 novembre 2012 : Le procès de Louis XVI sur Paris Tribune.
- 3 décembre 2012 : Le Procès du Roi, il y a 220 ans.
- 8 décembre 2012 : Louis XVI peu avant le début de son procès.
- 10 décembre 2012 : Rapport Lindet : historique de la conduite du Roi Louis XVI avant son procès.
- 11 décembre 2012 : "Louis, le peuple français vous accuse".
- 21 janvier 2013 : Fin tragique de Louis XVI.
- Partie 1 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 2 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 3 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 4 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 5 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 6 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 7 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 8 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 9 - dernière partie : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- 24 septembre 2012 : « La République est une et indivisible » depuis 220 ans
- 22 septembre 2012 : 220e anniversaire de la naissance de la République.
- 10 août 2012 : 220e anniversaire de la chute de la Monarchie.
- 5 octobre 2011 : Qui convoite la place au métro Convention ?
- 22 juin 2011 : Le Maire de Paris ne connaît pas la rue Thiers.
- 11 juin 2011 : Une guillotine à l’Hôtel Drouot.
- 10 avril 1793 - 10 avril 2013 : La Révolution s’emballe il y a 220 ans.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 2.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 3.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 4.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 5.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 6.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 7.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 8.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 9.
- 7 novembre 2012 : Le procès de Louis XVI sur Paris Tribune.
- 3 décembre 2012 : Le Procès du Roi, il y a 220 ans.
- 8 décembre 2012 : Louis XVI peu avant le début de son procès.
- 10 décembre 2012 : Rapport Lindet : historique de la conduite du Roi Louis XVI avant son procès.
- 11 décembre 2012 : "Louis, le peuple français vous accuse".
- 21 janvier 2013 : Fin tragique de Louis XVI.
- Partie 1 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 2 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 3 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 4 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 5 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 6 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 7 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 8 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 9 - dernière partie : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
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- 22 septembre 2012 : 220e anniversaire de la naissance de la République.
- 10 août 2012 : 220e anniversaire de la chute de la Monarchie.
- 5 octobre 2011 : Qui convoite la place au métro Convention ?
- 22 juin 2011 : Le Maire de Paris ne connaît pas la rue Thiers.
- 11 juin 2011 : Une guillotine à l’Hôtel Drouot.