Rupture
Conjuguer romantisme et respect du patrimoine
Pendant de nombreux mois, de nombreuses années, quand il y avait quelques centaines de cadenas, on pouvait trouver ça un peu sympathique, après tout, c’est un peu transgressif, ça ne respecte pas toujours le patrimoine, mais enfin, c’était finalement plutôt un signe un peu intéressant, un peu joli à regarder et émouvant.
Avec les années, le moins qu’on puisse dire, c’est que ça a pris de telles proportions, tant d’un point de vue de sécurité que d’un point de vue de l’esthétique, que ça n’est plus acceptable pour les défenseurs du patrimoine que nous sommes, et y compris pour des questions de sécurité.
Nous avons trouvé des solutions pérennes pour le Pont des Arts avec des installations de panneaux vitrés à l’automne et, en attendant l’automne, avec des installations artistiques qui empêcheront de déposer des cadenas.
Mais au-delà de ça, le vrai message que nous envoyons aujourd’hui, pour tout Paris, pas uniquement pour le Pont des Arts et le Pont de l’Archevêché, qui sont les deux ponts les plus touchés, le message que nous voulons dire aux touristes mais également aux Parisiens qui viennent, c’est qu’il faut mettre un terme à cette pratique.
Nous menons à partir d’aujourd’hui une campagne de communication à l’égard de tous les touristes, et tous ceux qui seraient tentés de mettre en place des cadenas (...) Pour nous, ce qui était d’abord une mode, allez, un peu marrante et qui était très marginale, a pris une ampleur qui en fait un phénomène qui n’est plus acceptable pour Paris (...)
Nous allons également, avec la Préfecture de Police, demander à tous les vendeurs à la sauvette de cadenas, qui sont déjà nettement moins présents depuis la semaine dernière, d’arrêter de vendre des cadenas aux touristes parce que ça abîme le patrimoine (...) Pour l’instant, nous ne souhaitons pas user de répression de type amende, de la même manière que les vendeurs à la sauvette ne sont pas arrêtés (...)
Bruno Julliard, Premier Adjoint à la Maire de Paris, Passerelle des Arts le 1er juin 2015
Le Premier Adjoint fait face à deux types de critiques : "des réactions de riverains, d’amoureux du patrimoine qui disent « enfin, il était temps » et puis aussi, il faut bien le reconnaître, quelques touristes un peu inquiets qui ont envie de venir à Paris pour des raisons de romantisme, d’amour…"
Et dans le dispositif, déjà, une première difficulté vite écartée :
Il y a un maillon faible. Ce sont les clés parce qu'une des pratiques des touristes était de déposer le cadenas, en général en écrivant le nom le prénom sur le cadenas, et puis de jeter la clé dans la Seine, ce qui est un peu dangereux pour les bateaux qui passent et en plus ce n’est pas du tout écologique. Nous n’allons pas repêcher l’ensemble des clés au fond de la Seine, vous vous en doutez. C’est une des raisons supplémentaires de mettre fin à cette pratique qui est un effet de mode.
Bruno Julliard le 1er juin 2015
Regardée par les autres villes où existe cette mode, Paris veut prendre "un temps d’avance en étant la première ville à mettre fin à ce phénomène". Bruno Julliard se dit "convaincu que d’autres villes dans le monde entier nous remercieront aussi d’essayer de trouver d’autres moyens de conjuguer romantisme et respect du patrimoine". En attendant, la chasse aux cadenas est ouverte.
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