La deuxième claque de l'Hôtel de Ville

XIe arrondissement : réunion publique sur la réforme des rythmes scolaires au gymnase Japy.


Deuxième des quatre réunions publiques à Paris sur la modification des rythmes scolaires voulue par le Gouvernement.


11 Février 2013 01:51

Depuis la première réunion publique d'information sur les nouveaux rythmes scolaires à Paris, organisée le 24 janvier 2013 dans le XIXe arrondissement, un décret a été publié au JORF le 26 janvier 2013 "relatif à l'organisation du temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires". (Lire l'article La claque de l'Hôtel de Ville de Paris ). Le Maire de Paris a également rencontré les organisations syndicales le 4 février, soit l'avant-veille de la 2e réunion publique organisée dans le XIe arrondissement, "avec un changement de ton" selon les représentants des syndicats.

Le bras de fer s'installe

Lors de la 2e réunion publique dans le XIe, si le ton est également contrôlé du côté des critiques par rapport à la première réunion publique dans le XIXe, elles sont plus profondes, moins virulentes, n'ont pas faibli et se sont renforcées.

Autre changement, les questions du public ne sont pas toutes dirigées contre l'Hôtel de Ville. Une partie du public, minoritaire, applaudit les interventions des élus. De grands médias sont là : BFM TV et RMC.

Colombe Brossel précise que "rien n'est décidé" à propos de la pause méridienne (le temps de l'interclasse à l'heure du déjeuner, NDLR) qui avait sa préférence lors de la précédente réunion publique. "Ne huez pas..." demande-t-elle tandis que pour la première fois des slogans "Brossel démission" résonnent dans le gymnase Japy.

Les parents se disent "inquiets" et ont du mal à croire que la Mairie de Paris puisse faire face à cette réforme alors que les places manquent dans les conservatoires, dans les salles de sport, que l'école programme rarement des sorties au musée, etc...

Une enseignante ne comprend pas pourquoi les services de la mairie n'arrivent pas à faire remplacer une vitre d'école cassée en moins de 3 mois.

Les syndicats demandent le report de la réforme des rythmes scolaires à septembre 2014

Les objectifs de la 2e réunion publique sont : "avoir des informations sur des choses qui sont mises en place et qui ne sont pas connues" explique le Monsieur Loyal de la soirée. Mais les élus ne donnent pas d'informations précises.

La refondation de l’école de la République doit entrer en vigueur au début de l'année scolaire 2013-2014. Jusqu'au 31 mars 2013, les communes peuvent demander au directeur académique des services de l'éducation nationale le report de la réforme à l'année scolaire 2014-2015.

Un mouvement de grève est prévu le 12 février 2013 dans les établissements du premier degré à Paris pour demander le report de la réforme à 2014 et l'abrogation du premier décret publié.

François Weil, Recteur de l'académie de Paris répond à cette problématique dès la fin de la réunion : s'il devait tenir un "discours politique", il dirait que la mise en place de la réforme au mois de septembre 2013 permettrait au contraire aux Parisiens de se faire une opinion sur la réforme en pleine "période électorale". Une façon de dire qu'il n'a aucun doute sur la réussite de l'opération.

Interviewée par BFM TV et RMC, Anne Hidalgo reconnaît "la colère" des enseignants et des animateurs relevant des directions Jeunesse et Sport (DJS) et des Affaires scolaires (DASCO) de la ville.

En attendant de livrer des informations précises, l'Hôtel de Ville propose un Forum en ligne pour recueillir les propositions des Parisiens ainsi que 2 dernières réunions publiques. Elle multiplie également les réunions avec les conseils d'école.

Alors que personne ne sait ce que sont devenues les précédentes observations des conseils d'école transmises au rectorat depuis des années, ni celles des animateurs de la ville transmises via un coordinateur à la DJS et à la DASCO, l'organisation des rythmes scolaires devrait se faire sur la base des récentes propositions des conseils d'école... et de la Maire de Paris.

Une manne insoupçonnée pour financer le recrutement et la formation des animateurs

Une intrusion de la commune dans le domaine de l'Etat que craignent les syndicats d'enseignants. Des dérogations seraient possibles permettant à la ville, avec un projet éducatif territorial particulier assorti de garanties pédagogiques suffisantes, d'avoir la main mise sur le fonctionnement intégral des écoles maternelles et élémentaires avec l'aide financière de l'Etat pour l'application de la réforme.

Rien n'est dit sur les dizaines de millions d'euros dépensés par la ville pour les directeurs d'école *, dont 13 millions d'euros au minimum que Paris verse chaque année à l'Education nationale du fait "de la prise en charge par les directeurs d'écoles de tâches administratives qu’ils accomplissent pour la commune" alors qu' "ils sont des fonctionnaires appartenant à la chaîne hiérarchique de l’Etat" *. Le résultat : "en pratique, trop peu d’entre eux, occupés à des travaux administratifs d’exécution, se mêlent de pédagogie alors qu'ils ont été choisis et formés pour cela" *.

Si le projet de loi de Refondation de l'école de la République interdit à l'Hôtel de Ville cette utilisation critiquable des directeurs d'école et enjoint la commune à appliquer le droit commun *, les directeurs d'école retrouveraient ipso facto un rôle de pilotage au sein de leurs établissements respectifs, au lieu d'être utilisés comme des intendants par la mairie. La Ville de Paris retrouverait ainsi 13 millions d'euros chaque année, au minimum, dans ses caisses pour offrir aux enfants des animations municipales de qualité.


* Extrait du rapport "L’évaluation de l’enseignement dans l’Académie de Paris" établi par l’Inspection Générale de l'Education nationale - Septembre 2004 :
un directeur d'école parisienne "chargé d’une très grosse école (...) a récemment demandé à être déchargé de ses fonctions administratives et à revenir au lot commun national. La Mairie va reprendre en charge ses affaires pour les confier à un personnel administratif dédié, ce qui manifeste donc bien que le retour à une situation ancienne est statutairement possible".
Les conclusions de ce rapport sont à rapprocher de l'"Audit du secteur des activités périscolaires par l'Inspection générale" de la Ville de Paris en 2005 ainsi que des "observations définitives arrêtées par la Chambre régionale des comptes d’Ile-de-France sur la gestion par la Ville de Paris de l’enseignement primaire" de 2002 à 2005, adressées au Maire de Paris en 2007
.


- Voir les vidéos sur la 1ere, 2e et 3e réunion publique sur Dailymotion : www.dailymotion.com/agencepresse

Dernière réunion publique à Paris sur la réforme des rythmes scolaires en présence du Maire de Paris :
- 25 février 2013 à 18h45 au gymnase 11 rue d'Alesia 75014 Paris : le Ve, VIe, VIIe, XIIIe, XIVe et XVe arrondissement.


Articles :
[- 18 février 2013 :]i La troisième claque à l'Hôtel de Ville revient en boomerang.
- 18 février 2013 : Ecoles primaires : la spécificité parisienne, un frein ou un outil ? La situation du périscolaire.
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- 18 février 2013 : Vincent Peillon et l'hystérie parisienne.
- 12 février 2013 : Rythmes scolaires et périscolaires : Bertrand Delanoë et Jean-François Fontana.
- 9 février 2013 : La claque de l'Hôtel de Ville de Paris.
- 6 février 2013 : Vincent Peillon maintient son projet de loi sur l'école.
- 6 février 2013 : Rythmes scolaires, la question du groupe UMP au Gouvernement.
- 29 janvier 2013 : Confidentiel.

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Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales… En savoir plus sur cet auteur
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