A Paris

La femme
Cherchant d’emblée à explorer la femme plus que l’écrivaine, la journaliste s’étonne de la vie privée visiblement calme et posée de l’auteure, apparemment opposée aux atmosphères parfois dures ou violentes présentes dans ses écrits. Très didactique, celle-ci rappelle que bien souvent, l’artiste n’est pas le matériel de son sujet. « Shakespeare n’avait sans doute rien d’Othello ou de Macbeth. Certains écrivains comme Hemingway, Melville ou Conrad avaient certes des vies très actives, mais ma vie est très paisible » déclare Oates, émaillant son discours des classiques américains et anglais. Cerise sur le gâteau d’une telle érudition, et comme un clin d’œil flatteur à son public, elle conclue en citant Flaubert : « Essayez de vivre comme la bourgeoisie, ce qui vous permettra d’être violent ».
Mais si Oates apparaît pétrie de culture classique, elle est aussi une femme de son temps. Questionnée sur ses lectures d’œuvres contemporaines, elle rappelle son rôle de critique au New York Review of Books, et prend à témoin son journal, qui fait référence à ses lectures. Son amour des lettres se conjugue aussi à une passion pour l’enseignement. Quand on réclame sa réaction face à l’élection de Barack Obama, elle s’inscrit dans la masse de ses supporteurs : « Nous les démocrates, avons été admirablement surpris par sa victoire ». « C’est un homme cultivé qui a remplacé une personne dont les mots me manquent pour le décrire » continue t-elle, recueillant l’approbation amusée du public.
L’écrivaine
Une auteure américaine majeure
A une jeune femme qui lui avoue mettre en scène une de ses œuvres, elle lui répond avec une ironie amusée que « les meilleurs écrivains-dramaturges sont souvent posthumes », jugeant sans doute cette mise en scène un peu précoce. Elle se dit néanmoins très émue par le projet.
A la question concernant ses auteurs français favoris, Oates préfère enchaîner les grands noms, tels Flaubert, Camus, Sartre, Colette. Pressentant peut-être une certaine carence concernant les auteurs actuels, elle explique la réticence des éditeurs américains à faire traduire les œuvres étrangères. Un fait effectivement préjudiciable à la littérature américaine. Mais, à l’instar du récemment primé Le Clezio, Joyce Carol Oates pourrait, après deux nominations, se voir nobélisée dans un futur proche.
