La guerre en Libye ne leur fait pas plaisir et ils ont un autre point de vue que celui des dirigeants français. Pourtant l'écrasante majorité d'entre eux se tait. Tous sauf quelques uns. Une exclusivité de ParisTribune.
Les patrons français connaissent mieux la situation en Libye que n'importe quel élu. Le 20 janvier 2010, François Gouyette, SEM Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de France en Libye du début 2008 jusqu'au début 2011, présente son point de vue devant un parterre d'entreprises françaises réunies pour l'occasion par le Medef International. L'ex-ambassadeur insiste sur la continuité de la situation politique dans le pays, "basé sur un équilibre entre différents clans avec des résistances fortes au changement en particulier de la part des Comités révolutionnaires et des anciens loyalistes". Il atteste devant l'assemblée toute ouïe de l'introduction de réformes dans le sens d'une libéralisation de l'économie, dans un pays qui cherche à normaliser ses relations et stabiliser politiquement son environnement proche par une politique de soutien des régimes en place.
Alain Boutebel, ex-chef du service économique de Tripoli et actuel directeur de la Mission Economique-Ubifrance en Algérie, témoigne : la Libye "a remboursé toutes ses dettes" et "les investissements de l'Etat libyen demeurent très importants notamment dans le domaine des infrastructures et du tourisme". Il n'hésite pas à parler franc : la concurrence des entreprises turques, coréennes, chinoises et italiennes "est féroce". Pour illustrer ses propos, il explique qu'il n'est pas inhabituel que, "même signés à l'issue de longues discussions", les contrats peuvent "être remis en cause et renégociés". De quoi faire frémir les moins endurcis des hommes d'affaires. Les affaires sont les affaires.
Alain Boutebel, ex-chef du service économique de Tripoli et actuel directeur de la Mission Economique-Ubifrance en Algérie, témoigne : la Libye "a remboursé toutes ses dettes" et "les investissements de l'Etat libyen demeurent très importants notamment dans le domaine des infrastructures et du tourisme". Il n'hésite pas à parler franc : la concurrence des entreprises turques, coréennes, chinoises et italiennes "est féroce". Pour illustrer ses propos, il explique qu'il n'est pas inhabituel que, "même signés à l'issue de longues discussions", les contrats peuvent "être remis en cause et renégociés". De quoi faire frémir les moins endurcis des hommes d'affaires. Les affaires sont les affaires.
Plage de Misrata en Libye - Février 2009.
Michel Casals, ex-président de la chambre de commerce franco-libyenne, se veut rassurant. Il insiste sur le souhait de la Libye de trouver des partenaires français désireux d'investir, par l'intermédiaire des fonds d'Etat, dans des projets agricoles ou hôteliers en Afrique, par exemple avec la branche immobilière du fond d'Etat appelé LAP pour Libyan Africa Portofolio. Seule obligation : avoir un partenaire libyen et former un Joint Venture (ndlr : un projet commun) avec lui à Tripoli ; et en cas de non installation en Libye, être fournisseur de matériels ou de contrats de services.
Avec la guerre, quels sont les objectifs économiques de la France en Libye ? Les patrons français pourraient perdre leurs positions si chèrement acquises en Libye et chez ses partenaires africains. S'ils espèrent des contrats mirifiques avec le CNT, le gouvernement rebelle choisi par la France, au nom de sa souveraineté, ils savent qu'ils risquent gros et pourraient perdre des marchés en cas de renforcement de l'Etat libyen et de ses institutions, toujours reconnus par l'ONU. Les chefs d'entreprise français se font discrets.
Pourtant, nous venons d'apprendre que la société Peugeot a refusé début juin 2011 de vendre 6.000 véhicules de tourisme non concernés par l'embargo, à une société libyenne. 6.000 commandes en moins pour la France. "Saleté de guerre" ose un responsable économique, en prenant soin d'éviter de citer un responsable politique.
Avec la guerre, quels sont les objectifs économiques de la France en Libye ? Les patrons français pourraient perdre leurs positions si chèrement acquises en Libye et chez ses partenaires africains. S'ils espèrent des contrats mirifiques avec le CNT, le gouvernement rebelle choisi par la France, au nom de sa souveraineté, ils savent qu'ils risquent gros et pourraient perdre des marchés en cas de renforcement de l'Etat libyen et de ses institutions, toujours reconnus par l'ONU. Les chefs d'entreprise français se font discrets.
Pourtant, nous venons d'apprendre que la société Peugeot a refusé début juin 2011 de vendre 6.000 véhicules de tourisme non concernés par l'embargo, à une société libyenne. 6.000 commandes en moins pour la France. "Saleté de guerre" ose un responsable économique, en prenant soin d'éviter de citer un responsable politique.
Articles liés : Des listes de responsables Libyens en cours d'élaboration. 2 mars 2017 : Libye : un vrai faux cessez-le-feu à Tripoli ? - 16 février 2013 : Le gouvernement libyen appelle à l'aide la France pour chasser les terroristes d'Al Qaïda hors du pays.
- 20 novembre 2012 : Les forces autonomes de Misrata recrutent des mercenaires à travers le monde
- 11 août 2011 : Le Medef s'intéresse toujours à la Libye.
- 9 août 2011 : Une commission d’enquête sur l'intervention militaire en Libye ?
- 4 août 2011 : La famille Sarkozy est-elle en guerre contre la famille Kaddafi ?
- 20 novembre 2012 : Les forces autonomes de Misrata recrutent des mercenaires à travers le monde
- 11 août 2011 : Le Medef s'intéresse toujours à la Libye.
- 9 août 2011 : Une commission d’enquête sur l'intervention militaire en Libye ?
- 4 août 2011 : La famille Sarkozy est-elle en guerre contre la famille Kaddafi ?