Une femme amoureuse
Presque centenaire, Germaine souhaiterait encore pouvoir déclamer les vers de son mari debout, comme elle le fit tant de fois. « C’est que je commence à être fatiguée », dit-elle en souriant pendant l’installation de la salle. Alors que tous les spectateurs ne sont pas encore arrivés, une femme s’avance vers Germaine pour lui demander s’il y aura des temps de lecture collective. Ne saisissant pas la question, Germaine répond par l’affirmative. La femme lui raconte alors qu’elle est elle-même poétesse et écrivain et qu’elle a amené ses écrits. Prise au dépourvu, Germaine se montre patiente et lui indique qu’il existe des clubs de poésie. La femme insiste et poursuit sur sa lancée, refusant de comprendre l’engagement singulier de Germaine qui finalement la coupe : « Ce que vous faites ne m’intéresse pas, je suis ici uniquement pour mon mari ». Face à une telle force de caractère, l’autre abdique et s’assoie vexée au premier rang duquel elle soupire exagérément tout du long. Imperturbable, Germaine ne la remarque pas pendant sa lecture passionnée. Les paupières closes, elle raconte l’humaniste qu’elle récite par cœur. Le public n’existe pas, là-voilà seule avec son mari et cet amour qui la fait se lever le matin.
L'Amour et pas la Guerre
Jean Loisy, journaliste pour la revue littéraire Points et Contrepoints, est l’auteur de trente-deux pièces de théâtre dont certaines adaptées à la télévision, deux essais, un roman, plusieurs contes et nouvelles, de poèmes. Il est l’époux de deux femmes. La première, qui fait l’objet de plusieurs poèmes, est morte peu après leur jeune mariage ; il lui écrit amèrement : « dire à quelqu’un je t’aime m’a paru si grave que je ne l’ai point dit ». Sa seconde épouse, toujours les yeux fermés, vivra pour deux jusqu’au dernier jour. Elle raconte comment l’écrivain a traversé un siècle de guerre et de technologie, lui qui lutte contre « la robotisation des foules » et « la paralysie agissante du système mental ». Jean Loisy, profondément pacifiste, espère dans un poème que « les héros de demain ne feront pas la guerre ». « C’est la guerre et ses rebondissements sur le genre humain, son avilissement qui va requérir mon souci majeur et qui s’installera au départ et au fond de mon inspiration poétiquement dramatique » explique-t-il.
D'inspiration romantique (Hugo, Baudelaire, Verlaine), le poète est un amoureux des paysages. Ceux de son enfance où ces vers nous conduisent dans une forêt, aussi bien que ceux de sa vie active. « Paris, mon belvédère, mon Luxembourg, mon Panthéon. »
D'inspiration romantique (Hugo, Baudelaire, Verlaine), le poète est un amoureux des paysages. Ceux de son enfance où ces vers nous conduisent dans une forêt, aussi bien que ceux de sa vie active. « Paris, mon belvédère, mon Luxembourg, mon Panthéon. »