Légaliser ou prohiber, un débat manichéen inefficace
Prohibé au départ dans la plupart des pays, les mentalités semblent changer à travers le monde au sujet du cannabis. Il y a un an, l’Uruguay est devenu le premier pays au monde à le légaliser. Aujourd’hui, de nombreux pays se dirigent vers une fin de son interdiction pour aller vers une réglementation censée contrôler ses usages et ses usagers. Face à ces changements, le débat français, lui, n’avance pas.
Les consommateurs de cannabis sont de plus en plus nombreux malgré l’interdiction actuellement en vigueur. Dès lors, pourquoi ne pas tenter la légalisation comme en Uruguay ? Si cette question paraît sensée au premier abord, s’appuyer sur le modèle uruguayen serait en réalité complétement contre-productif. En effet, comme le rappelle Danièle Jourdain Menninger, la présidente de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Toxicomanies (MiLDT), "la France n’est pas dans le même contexte que l’Uruguay ou la Colombie" où la légalisation permet de couper l’herbe sous le pied des mafias et ainsi de diminuer l’insécurité. Comprendre : la France ne fait pas partie des premiers pays producteurs, ses problématiques ne sont donc pas les mêmes.
Même son de cloche chez nos hommes politiques qui s’affrontent sur ces questions. "Je n’ai pas envie que les enfants de France puissent acheter du cannabis dans les supermarchés" déclarait Arnaud Montebourg l’année dernière en réponse à la proposition de légalisation de Cécile Duflot. Rendre la vente et la détention de cannabis légal est un sujet de division en France. Une gêne entretenue par la loi française, qui interdit de parler en termes mélioratifs de produits stupéfiants, et qui censure par la même tout débat constructif pour le porte-parole du CIRC (Collectif d’information et de recherche cannabique), KShoo. D’autres alternatives plus "consensuelles" voient donc le jour dans les débats, c’est le cas de la dépénalisation.
Les consommateurs de cannabis sont de plus en plus nombreux malgré l’interdiction actuellement en vigueur. Dès lors, pourquoi ne pas tenter la légalisation comme en Uruguay ? Si cette question paraît sensée au premier abord, s’appuyer sur le modèle uruguayen serait en réalité complétement contre-productif. En effet, comme le rappelle Danièle Jourdain Menninger, la présidente de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Toxicomanies (MiLDT), "la France n’est pas dans le même contexte que l’Uruguay ou la Colombie" où la légalisation permet de couper l’herbe sous le pied des mafias et ainsi de diminuer l’insécurité. Comprendre : la France ne fait pas partie des premiers pays producteurs, ses problématiques ne sont donc pas les mêmes.
Même son de cloche chez nos hommes politiques qui s’affrontent sur ces questions. "Je n’ai pas envie que les enfants de France puissent acheter du cannabis dans les supermarchés" déclarait Arnaud Montebourg l’année dernière en réponse à la proposition de légalisation de Cécile Duflot. Rendre la vente et la détention de cannabis légal est un sujet de division en France. Une gêne entretenue par la loi française, qui interdit de parler en termes mélioratifs de produits stupéfiants, et qui censure par la même tout débat constructif pour le porte-parole du CIRC (Collectif d’information et de recherche cannabique), KShoo. D’autres alternatives plus "consensuelles" voient donc le jour dans les débats, c’est le cas de la dépénalisation.
Dépénalisation : une banalisation dangereuse pour la santé
Finalement, la solution la plus fréquemment évoquée est celle de la dépénalisation. Il s’agirait de continuer d’interdire la vente et le trafic de cannabis mais de ne pas pénaliser son usage.
Une option elle aussi largement critiquée par les partisans de la prohibition. Pour eux, dépénaliser le cannabis, c’est prendre le problème à l’envers. "Cela revient à dire : ‘La maison brûle ? Brûlons toutes les maisons’ Cette politique du pompier pyromane est absurde" s’insurge Serge Lebigot, le président de l’association Parents contre la drogue.
À l’inverse, ceux en faveur de la dépénalisation (dont fait partie le CIRC) estiment que "La loi de 1970 (qui a instauré la pénalisation de l’usage du cannabis en France) est une loi criminogène : elle crée du crime là où il n’y en pas, un crime qui n’a pas de victime. Les fumeurs font un choix, même au risque de devenir dépendants" précise KShoo.
Ne plus voir la personne dépendante au cannabis comme une criminelle paraît effectivement juste. Cependant ne faudrait-il pas aller plus loin en considérant réellement les personnes dépendantes comme des personnes en souffrance ? Et comment orienter cette personne malade vers un parcours de soin adapté, si tant est qu’il en existe ? Le cannabis est souvent vu comme une "drogue inoffensive" en tous cas "moins inoffensive" que les autres. C’est oublier le pourcentage de personnes que le cannabis désocialise, c’est oublier que le cannabis est une porte d’entrée vers d’autres substances nettement plus dangereuses. Sans dire que le cannabis entraîne automatiquement un glissement vers des drogues plus « dures », il faut comprendre que le cannabis favorise ce glissement.
Ainsi, pour les académies de médecine et de pharmacie, « la dépénalisation de la consommation (de cannabis) aura des conséquences délétères sur la santé publique dans notre pays, particulièrement sur les jeunes, en laissant entendre qu’il s’agit d’une habitude sans conséquence nocive ». D’un point de vue sanitaire, aller vers la dépénalisation signifie tout simplement livrer aux Français un produit dangereux pour leur santé.
Une option elle aussi largement critiquée par les partisans de la prohibition. Pour eux, dépénaliser le cannabis, c’est prendre le problème à l’envers. "Cela revient à dire : ‘La maison brûle ? Brûlons toutes les maisons’ Cette politique du pompier pyromane est absurde" s’insurge Serge Lebigot, le président de l’association Parents contre la drogue.
À l’inverse, ceux en faveur de la dépénalisation (dont fait partie le CIRC) estiment que "La loi de 1970 (qui a instauré la pénalisation de l’usage du cannabis en France) est une loi criminogène : elle crée du crime là où il n’y en pas, un crime qui n’a pas de victime. Les fumeurs font un choix, même au risque de devenir dépendants" précise KShoo.
Ne plus voir la personne dépendante au cannabis comme une criminelle paraît effectivement juste. Cependant ne faudrait-il pas aller plus loin en considérant réellement les personnes dépendantes comme des personnes en souffrance ? Et comment orienter cette personne malade vers un parcours de soin adapté, si tant est qu’il en existe ? Le cannabis est souvent vu comme une "drogue inoffensive" en tous cas "moins inoffensive" que les autres. C’est oublier le pourcentage de personnes que le cannabis désocialise, c’est oublier que le cannabis est une porte d’entrée vers d’autres substances nettement plus dangereuses. Sans dire que le cannabis entraîne automatiquement un glissement vers des drogues plus « dures », il faut comprendre que le cannabis favorise ce glissement.
Ainsi, pour les académies de médecine et de pharmacie, « la dépénalisation de la consommation (de cannabis) aura des conséquences délétères sur la santé publique dans notre pays, particulièrement sur les jeunes, en laissant entendre qu’il s’agit d’une habitude sans conséquence nocive ». D’un point de vue sanitaire, aller vers la dépénalisation signifie tout simplement livrer aux Français un produit dangereux pour leur santé.
Repenser notre vision des addictions
Légalisation, prohibition, dépénalisation, aucune de ces législations ne semblent pouvoir régler le cas français. En attendant, de nouveaux modes de consommations apparaissent et le cannabis vendu est de plus en plus concentré en principe actif.
En 2010 en France, 13,4 millions de personnes déclaraient avoir consommé du cannabis une fois dans leur vie. 4,5 millions d’entre elles en avaient pris durant l’année en cours. 1,2 millions affirmaient être des usagers quotidiens. Des effets néfastes sur la santé et une addiction trop peu prise au sérieux : le cannabis est devenu un réel problème de société auquel il est important de trouver des solutions. Entre prison et banalisation, il serait important aujourd’hui de réfléchir à une nouvelle façon de gérer les addictions, peut-être davantage tournée vers la santé et la compréhension du problème de l’addiction en tant que telle.
Aujourd’hui en France, il y a plus de 5 organismes différents créés pour réfléchir et traiter le problème des drogues en France. Aucun ne s’accordent sur les différentes mesures à adopter. Tant et si bien que depuis les années 90 et l’autorisation de la distribution de seringues stériles gratuites, aucun projet de loi n’a été adopté sur le sujet des drogues. Pourquoi ne pas rationnaliser la gouvernance en faveur d’une unique Haute autorité afin de simplifier la prise de décision ? Ne plus tenter d’éradiquer la présence de cannabis mais soigner le problème de dépendance avec un seul et unique organisme compétent.
En 2010 en France, 13,4 millions de personnes déclaraient avoir consommé du cannabis une fois dans leur vie. 4,5 millions d’entre elles en avaient pris durant l’année en cours. 1,2 millions affirmaient être des usagers quotidiens. Des effets néfastes sur la santé et une addiction trop peu prise au sérieux : le cannabis est devenu un réel problème de société auquel il est important de trouver des solutions. Entre prison et banalisation, il serait important aujourd’hui de réfléchir à une nouvelle façon de gérer les addictions, peut-être davantage tournée vers la santé et la compréhension du problème de l’addiction en tant que telle.
Aujourd’hui en France, il y a plus de 5 organismes différents créés pour réfléchir et traiter le problème des drogues en France. Aucun ne s’accordent sur les différentes mesures à adopter. Tant et si bien que depuis les années 90 et l’autorisation de la distribution de seringues stériles gratuites, aucun projet de loi n’a été adopté sur le sujet des drogues. Pourquoi ne pas rationnaliser la gouvernance en faveur d’une unique Haute autorité afin de simplifier la prise de décision ? Ne plus tenter d’éradiquer la présence de cannabis mais soigner le problème de dépendance avec un seul et unique organisme compétent.
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Note de la rédaction : Une campagne anti-tabac, initiée par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, est soutenue par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie placée sous l'autorité du Premier ministre.
La campagne est diffusée du 14 octobre au 12 décembre 2013 sur les chaînes TV jeunesse. Elle a été programmée sur TF1 le 19 octobre dont à 20 h 30 avant l’émission 'Danse avec les Stars', et est projetée depuis le 23 octobre dans les salles de cinéma. Elle donne également rendez-vous pour "une expérience interactive inédite" avec le site www.libre-ou-pas.fr Voir ici l'un des spots de la campagne anti-tabac : Spot de 45 sec.
La campagne est diffusée du 14 octobre au 12 décembre 2013 sur les chaînes TV jeunesse. Elle a été programmée sur TF1 le 19 octobre dont à 20 h 30 avant l’émission 'Danse avec les Stars', et est projetée depuis le 23 octobre dans les salles de cinéma. Elle donne également rendez-vous pour "une expérience interactive inédite" avec le site www.libre-ou-pas.fr Voir ici l'un des spots de la campagne anti-tabac : Spot de 45 sec.