Les Harkis devant l'Assemblée nationale

Septième Tribune


Une présence remarquée à un endroit à la fois stratégique et symbolique.


5 Juin 2009 20:30

Aujourd'hui, comme tous les cinq jours, c'est le jour du renouvellement de l'inestimable papier. Une "fleur" (au fusil ?) ou un précieux sésame vers la normalisation d'une situation qui a déjà explosé, comme en 1991 à Narbonne. La colère des Harkis était à son comble et c'était une véritable situation d'insurrection que les gendarmes ont dû maîtriser. Il y a eu 1 tué du côté des gendarmes et 1 tué du côté des Harkis.

Un combat illimité dans le temps

Le combat a maintenant lieu sur le terrain juridique. Trois millions de français attendent que le gouvernement prenne une ordonnance, sur la base de l'article 38-1 de la Constitution de la Ve République, en faveur de la communauté Harkis et de leurs descendants. Ils sont soutenus par les pieds-noirs, les anciens combattants du Maroc, d'Algérie et de Tunisie et leurs familles et tous les sympathisants de la cause. Les Harkis demandent à rencontrer le président de la République Française Nicolas Sarkozy qui leur a déclaré "Harkis, je vous ai compris !", à l'instar d'un certain général qui avait déclaré en son temps "Français, je vous ai compris". La suite est connue : indépendance de l'Algérie, rapatriement des français d'Algérie et celui des Harkis ayant pu échapper aux massacres du FLN. Pourtant en France, ils ne sont pas considérés comme des rapatriés et sont aussitôt placés dans des camps "pour leur propre sécurité". Des camps provisoires qui durent et qui existent jusqu'à ce jour, ainsi que l'attestent ceux du Perthuis à la frontière espagnole et à Bisas dans le Lot-et-Garonne.
Note de service n° 1334/MA/CAB/DIR du 12 mai 1962 de Pierre Messmer

Les harkis : une épine dans le pied de la France

Le 5 mai à 5h du matin, trois hommes s'enchaînent à trois lampadaires devant l'Assemblée Nationale. Abdallah Krouk est l'un d'eux. A 43 ans, il fait partie des français de la deuxième génération de Harkis. Des députés pratiquement en robe de chambre et en chaussons assistent à la scène et l'un d'eux prend même des photos. La préfecture de Police est en alerte et ce sont trois compagnies de CRS qui sont dépêchées sur les lieux. A la tête de l'une des compagnies : un pied-noir. Il connaît les Harkis. Ce sont ceux qui ont été armé par la France pour combattre sous le drapeau français avant d'être désarmé puis abandonné à la vindicte populaire algérienne du FLN. Ces poteaux, le long du Palais Bourbon sur le Quai d'Orsay, ne seront pas des poteaux d'exécution. Il ne faut pas moins de vingt minutes aux policiers pour les détacher, en raison des grosses chaînes qui les maintiennent droits comme un piquet, fiers comme un point sur le "i", comme pour remettre les points sur les "i" du mot Histoire. Direction : le commissariat du 17e arrondissement. Coups de fils au ministère de l'Intérieur. Les trois hommes sont relâchés sans coup férir. Abdallah dépose une demande d'autorisation de manifester, demande aussitôt accordée. Depuis le 7 mai, il occupe la place du président Edouard Herriot à côté de l'Assemblée de nationale où il manifeste, banderolles et affiches à l'appui, pour la reconnaissance des droits des Harkis de France.

Le 13 juin à 13h30 sur la place du président Edouard Herriot est prévu un grand rassemblement de concertation. Le combat continue sous l'oeil vigilant de la Préfecture de police de Paris. Et de l'Elysée situé juste de l'autre côté du pont.
Télégramme n°12SIGAA de Louis Joxe Ministre d'Etat en date du 16 mai 1962

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Abdallah Krouk, fils de Harkis.


Mots-clés de l'article : 7e arrondissement assemblée nationale harkis

Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales… En savoir plus sur cet auteur
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