Les élus du 6ème ignorent le 8 rue du Regard

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Originaires d'Afrique francophone, ils tiennent leur piquet de grève depuis le 7 décembre dans l'indifférence générale au cœur du sixième arrondissement.


7 Janvier 2010 18:00

Même si la présence de 250 grévistes africains dans le quartier reste discrète, il est pourtant difficile de ne pas remarquer, depuis la rue de Rennes ou depuis la rue du Cherche-Midi, deux drapeaux de la CGT se battre en duel au numéro 8 de la rue du Regard, au siège du Fond d'Assurance Formation des Salariés de l'Artisanat et du BTP, le FAF SAB. Si quelques people sont allés soutenir moralement les travailleurs sans papiers grévistes et cégétistes hier soir de 18h à 19h autour d'une galette des rois, comme Josiane Balasko ou Lilian Thuram, aucun élu de l’Hôtel de Ville ni de la mairie du 6ème ne sont allés à leur rencontre. Leur courrier envoyé à la mi-décembre au maire d'arrondissement reste sans réponse. Joint par téléphone, Jean-Pierre Lecoq nous a affirmé n'en avoir pas eu connaissance et qu'un élu de la mairie se rendrait sur place.
Affluence au 8 rue du Regard pour la galette des rois le 6 janvier

Employés au noir ou avec des faux-papiers par des entreprises du bâtiment, les grévistes demandent, pour mettre fin à leur clandestinité, une circulaire de régularisation avec des critères améliorés qui serait appliquée sur tout le territoire français. Dangnoko Mamadou, 39 ans, arrivé en France en 2001, est le délégué des travailleurs sans-papiers du BTP en France. Il raconte le cas des travailleurs sans papiers, payés au noir 600 € en liquide, ou des travailleurs munis de faux papiers payés 1000 € par chèque ou par virement, au lieu du salaire légal de 2000 €. En 2010, il paiera 1250 € d'impôts sur le revenu. Il dit stop à l’exploitation et réclame des papiers pour travailler plus et envoyer plus d’argent à sa famille restée au pays.
Lilan Thuram est venu soutenir les grévistes travailleurs sans papiers

Konate Kandioura est le délégué des travailleurs sans-papiers de la FAF SAB. Arrivé en France en 2004 à l'âge de 37 ans, ce contremaître mécanicien malien formé en Afrique du Sud ne peut plus rentrer chez lui depuis qu'il a osé braver la Société d'Exploitation des Mines d'Or du Mali qui l'employait depuis 14 ans, en révélant la pollution des puits d'eau dans son village Farabacouta, aujourd'hui déplacée, dans la commune de Sadiolo. Muni de son récépissé de demande d'asile politique, il obtient un numéro de sécurité sociale ce qui lui permet de travailler. Mais en 2007 son récépissé n'est plus renouvelé. Sans papiers, il est maintenant sans travail. Et sans possibilité de retour au pays, même les pieds devant.
Konate Kandioura, délégué des travailleurs sans-papiers de la FAFSAB

Mots-clés de l'article : 6e arrondissement rue du regard sans papier

Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales… En savoir plus sur cet auteur
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