

Les auteurs du livre Toxique
Sébastien Philippe est titulaire d'un doctorat en génie mécanique et aérospatial à l'université de Princeton. Il a passé six ans dans le Program on Science and Global Security, un programme anti-nucléaire qui « lutte pour construire un monde plus sûr et plus pacifique ».
Tomas Statius est journaliste au quotidien Libération, et collaborateur au site web d'investigation Disclose, auteur du livre « Toxique ». Il explique ce qu'ils ont voulu faire. Cela se résume en cinq mots : « on a réestimé cette dose », comme il le déclare au micro du FORUM du média Suisse RTS à la sortie du livre.
Interrogé sur la preuve scientifique du lien qui existerait entre les maladies énumérées et les essais nucléaires de la France, Tomas Statius répond :
Il répond à une autre question : Mais est-ce qu'on peut dire que la France a délibérément négligé les populations locales ?
Une autre question : Mais pourtant il y a eu des enquêtes qui ont été nombreuses, ça fait polémique ces essais nucléaires de la France en Polynésie, est-ce que la France a menti, est-ce qu'elle a essayé de masquer l'impact réelle de ces essais ?
Pour réestimer les doses reçues par la population civile en Polynésie française, les auteurs s'appuient sur l’exploitation de « 2.000 pages d’archives déclassifiées », obtenues par les associations de défense des victimes des essais nucléaires, et « de centaines d’heures de calculs et des dizaines de témoignages » sur les conséquences des essais atmosphériques en Polynésie française.
Le site disclose.ngo publie également une « plate-forme interactive unique en son genre associant la modélisation 3D et la visualisation de données complexes. Cet outil permet pour la première fois de reconstituer l’histoire cachée de trois des tests atmosphériques parmi les plus contaminants de l’expérience nucléaire française en Polynésie. Les essais Aldebaran (1966), Encelade (1971) et Centaure (1974) » : https://moruroa-files.org
Une bagarre de mesures
Le millisievert est l'unité utilisée dans le domaine des très faibles doses, sur une période d'un an. La limite légale d'exposition à la radioactivité en France est de 1 mSv, sachant que la radioactivité propre à chaque corps humain s'élève à 0,25 millisievert.
Pour les vétérans, il est donc évident qu'il est difficile de connaître avec exactitude le nombre de millisievert pour chaque personne. Ce qui leur fait dire que le calcul de millisieverts doit être purement et simplement supprimé car il est incalculable.
Des scientifiques précisent :
L'enquête de DISCLOSE versus ...
Cette demande, formulée par les associations de victimes depuis près de dix ans, fait précisément l’objet de cette reconstitution indépendante.
... versus le rapport du Pôle expertise de l'INSERM
Conséquence de cette erreur cumulée à l'absence de communication du travail des chercheurs français, les quatre vidéos de présentation sur Constats et perspectives de l'expertise collective, Contexte socio-politique, Conséquences sanitaires des essais nucléaires et Méthodes d'estimation des doses et mécanismes biologiques, ont attiré peu de visiteurs sur le site internet de l'INSERM.
Le grand public semble donc être tenu dans l'ignorance de l'existence d'une compétition féroce sur l'énergie nucléaire entre des chercheurs Américains et des chercheurs Français.
C'est bien ce que révèle la sortie du livre Toxique, avec la collaboration du programme Science & Global Security de l’université américaine de Princeton (192 pages s'appuyant sur 2.000 documents déclassifiés par l'armée française) et la publication du rapport du Pôle Expertise de l'INSERM demandé par le Ministère de la Défense français (620 pages analysant 1.150 documents scientifiques) à 20 jours d'intervalle : le 18 février 2021 pour l'INSERM et le 10 mars 2021 pour l'enquête de Disclose (avec une première publiée en ligne le 8 mars 2021).

Une pièce maîtresse de la table ronde ?
Parmi les documents à connaître avant d'aborder la table ronde sur les conséquences sanitaires des essais nucléaires en Polynésie française figurent donc :
- le livre Toxique et sa plateforme interactive en 3D en ligne, « pour reconstituer l’histoire cachée de trois des tests atmosphériques parmi les plus contaminants de l’expérience nucléaire française en Polynésie. Les essais Aldebaran (1966), Encelade (1971) et Centaure (1974) »,
- et le rapport complet du Pôle d'expertise de l'INSERM « Essais nucléaires et santé - Conséquences en Polynésie française » disponible gratuitement en ligne (voir en fin d'article la liste des documents disponibles en téléchargement) et les quatre vidéos de présentation du rapport :
- « Constats et perspectives de l'expertise collective
- Contexte socio-politique
- Conséquences sanitaires des essais nucléaires
- Méthodes d'estimation des doses et mécanismes biologiques ».

Quid des autres rapports sur les essais nucléaires ?
Pour l'amélioration des connaissances scientifiques dans ce domaine sensible, on ne peut que souhaiter une enquête similaire par Disclose et Interprt, en collaboration avec le programme Science & Global Security de l’université de Princeton, sur les conséquences sanitaires des essais nucléaires, inconnues à ce jour, sur l'atoll américain Johnston constitué de quatre atolls situés à 1.327 km au sud-ouest de Honolulu (Hawaii - Etats-Unis d'Amérique).
Aux Etats-Unis,
La République populaire de Chine, dont le Parti Communiste chinois fête son 100e anniversaire le 1er juillet, fait partie des pays les plus réfractaires aux études sur les conséquences sanitaires et environnementales des essais nucléaires : ces dernières, inconnues, semblent inexistantes.
Ce qu'attend un membre de la délégation REKO TIKA : discussion avec Michel ARAKINO
Les enjeux sont importants pour la Polynésie française comme pour la France
Pour la grande majorité de la population en Polynésie française, il est un fait que la France a effectué des essais nucléaires pour la recherche civile et militaire et qu'il lui fallait à tout prix les mener jusqu'à leur terme sur son territoire avant de pouvoir passer à des tests en laboratoire. Les applications médicales, notamment, sont immenses. L'une d'entre elles est, par exemple, utilisée au Centre Hospitalier du Taaone : on injecte dans l'organisme une solution à base d'iode et le scanner peut ensuite déceler des problèmes de santé. Cette technologie a été mise au point grâce aux recherches issues des essais nucléaires.
Les personnes victimes dans leur chair des essais nucléaires ne demandent qu'une seule chose : que la France, dans sa grandeur, assume complètement sa responsabilité et prenne en charge tous les frais de santé ainsi qu'une indemnisation plus conséquente.
Les frais de santé sont actuellement pris en charge de la Caisse de Prévoyance Santé de Polynésie française (la CPS étant l'équivalent de la Sécurité Sociale en métropole). Or, le fonctionnement de la caisse autonome de la Polynésie française est tel qu'il serait préférable pour un malade atteint d'un diabète ou d'un cancer en Polynésie française d'être pris en charge par la Sécurité sociale en France métropolitaine. En effet, contrairement aux résidents en Polynésie française, les soins des personnes malades sur le sol métropolitain sont prises en charge à 100 % par la solidarité nationale jusqu'à la fin de leur vie, quel que soit le montant de leurs revenus. Des personnes de nationalité étrangère présentes en France ont accès à tous ces soins gratuitement, donc pourquoi pas les Français d'Océanie ?
Enfin, la population de Polynésie française ne souhaite pas que les indemnisations soient « marchandées » comme elles le sont au tribunal dans le cas de contestation des montants des indemnisations ; quand les personnes savent comment faire, ce qui n'est pas le cas de tous en Polynésie française.
Les sujets étant nombreux et ardus, il n'est pas impossible que cette table ronde soit la première d'une longue série, et alors qu’aucun argument logique ne peut venir à bout d’une conviction. Pendant ce temps-là, l'horloge tourne pour tous et particulièrement pour les malades.
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