Les relations économiques franco-saoudiennes

Paris Tribune.fr


C’est à Riyad que, le 14 janvier 2008, devant les responsables économiques saoudiens et français, le chef de l’Etat a exposé l’utilité d’un « partenariat économique durable et renforcé » entre la France et l’Arabie.


Jean-François Durantin
21 Janvier 2008 16:25

Dans le cadre de cette relation privilégiée, Nicolas Sarkozy a insisté sur les atouts de chacun des deux pays et a appelé à une coopération commerciale privilégiée de ceux-ci, en surmontant les obstacles éventuels.

Les atouts de l’Arabie Saoudite sont liés à une situation économique et financière exceptionnelle. Il s’agit d’abord du développement de ses capacités pétrolières en vue de produire 12,5 millions de barils par jour en 2009. Il s’agit ensuite d’une place boursière, certes en difficulté depuis 2006, mais où des mesures ont été prises pour rassurer tant les petits porteurs que les représentants de la famille régnante. Il s’agit enfin de l’envolée des investissements étrangers depuis 2004, de l’annonce de la création de six villes industrielles et de huit universités.

Les atouts de la France sont liés aux réformes économiques et sociales actuelles. Depuis huit mois en effet, de profondes transformations visant à dynamiser l’esprit d’entreprise, à alléger les charges, à simplifier les procédures, ont été engagées. Il en va ainsi de la « flexisécurité » qui va donner aux employeurs plus de souplesse et de flexibilité, tout en accordant une sécurité accrue aux salariés. De la sorte, les travailleurs d’Arabie Saoudite chez lesquels sévit un taux de chômage élevé seraient les bienvenus en France, à condition que soit formée une main d’œuvre qualifiée.
Il en va de même de l’accueil par la France des investissements étrangers. En effet, la bourse française est le marché financier européen le plus internationalisé, avec près de 47 % du capital du CAC 40 détenu par des investisseurs étrangers. Il en va aussi de même du dynamisme des grandes villes françaises et du lancement d’une grande réforme de nos ports.
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On conçoit qu’une coopération commerciale exemplaire puisse être envisagée entre les deux pays, à condition que soient levés tous les obstacles éventuels.
Concernant l’Arabie Saoudite, l’obstacle principal est la grande difficulté à obtenir des visas pour les travailleurs étrangers et le risque essentiel est une hausse brutale des prix du pétrole, susceptible d’affecter directement la croissance et le pouvoir d’achat des pays européens et des pays pauvres dépourvus de pétrole.
Concernant la France, l’obstacle principal serait le repli de celle-ci sur elle-même et le mauvais usage de l’Europe, vouée à un nouveau protectionnisme.

Dès lors, en matière commerciale, les principes de la coopération entre les deux pays pourraient s’établir en respectant la liberté, l’identité, la réciprocité et la modernité.
Certes, dans ce contexte, le recours aux fonds souverains -ou fonds d’investissements dont les revenus sont propriété d’Etat- pourrait être bénéfique, mais le débat ne se situe pas là où le président Sarkozy le perçoit : il ne s’agit pas des Etats amis de la France dont les investissements seraient bénéfiques et des Etats ennemis maléfiques ; il s’agit de faire en sorte que la prise de participation des Etats qui cherchent à faire fructifier leurs excédents budgétaires, demeure minoritaire dans le capital d’une entreprise ou une banque française. C’est aux autorités françaises et européennes d’y veiller.

La France est une terre exceptionnelle pour des investissements industriels créateurs d’emplois en raison des 71 pôles de compétitivité, « où universités, laboratoires de recherche et entreprises fonctionnent ensemble pour l’innovation ». Et la France offre à toutes les entreprises qui font de la recherche-développement un crédit d’impôt égal à 30 % de leurs dépenses de recherche et développement. C’est dire si les investissements en provenance d’Arabie Saoudite sont favorisés et très attendus.
Quant à l’Arabie Saoudite, le risque-pays étant élevé, -en raison d’une conjoncture intérieure très instable consécutive aux luttes pour le pouvoir au sein de la famille royale et aux menaces des minorités chiites et ismaélites, auxquelles s’ajoutent l’existence sur le territoire de nombreux éléments d’Al Qaïda,- la présence durable de nouvelles entreprises françaises, quoique voulue par le chef de l’Etat, n’est pas très réaliste.
Il conviendrait de se contenter de la présence actuelle des soixante sociétés françaises employant près de 20 000 salariés.
Enfin, le pétrole saoudien étant une ressource limitée dans le temps, le président Sarkozy reprend son antienne favorable à l’installation du nucléaire civil en Arabie Saoudite.

Il reste que les deux économies de la France et de l’Arabie Saoudite sont globalement complémentaires. C’est la raison pour laquelle le chef de l’Etat tend à minorer les obstacles et les risques pour faire de la coopération commerciale entre les deux pays la vitrine d’une proximité particulière avec le monde arabe. On ne peut pas parler de politique arabe de la France, mais d’opportunités utilisées par le président Sarkozy pour tenter de réduire à néant le déficit du commerce extérieur français.


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