Il est 18h30. Fin de l’histoire. L'association cède parce qu'elle n'a pas les moyens de poursuivre ses actions en justice. La procédure lancée en 1999 par la centaine de riverains de l’hôpital de Laennec s’arrête donc définitivement le 10 septembre 2009, l’association s’engageant à ne plus attaquer les permis de construire. En négociation depuis le mois de juillet, Guillaume Cailloux, Président de l'Association des Riverains de l'Hôpital Laennec, et Olivier Wigniolle, Directeur Général d'Allianz Real Estate France, viennent de se mettre d'accord sur le versement d'une somme d’argent versée à l'association à titre d'indemnités, dont le montant n’a pas été révélé.
La question de l'harmonie du projet avec le quartier
Guillaume Cailloux est déçu. La mise en valeur, par exemple, du monument historique ne pourra pas être admirée depuis la rue de Sèvres, à cause des murs qui seront conservés. « Tout le contraire de la mise en valeur du quartier du Val de Grâce, dont le monument historique est visible depuis le boulevard de Port Royal».
« C’est dommage car les 4 hectares donnés par La Rochefoucauld à la Ville de Paris vont redevenir un ghetto. Après les premiers malades, les incurables, placés ici pour ne qu'ils puissent pas en sortir -d'où les murs- c'est tout le contraire aujourd'hui. On y mettra des milliardaires, comme à la Villa Montmorency dans le 16ème ! » Soit deux passages privatifs, un gardiennage sans faille et un réseau de caméras de surveillance pour protéger ce qui deviendra les plus beaux appartements de Paris avec un prix d'achat estimé à 15.000 € le m².
« C’est dommage car les 4 hectares donnés par La Rochefoucauld à la Ville de Paris vont redevenir un ghetto. Après les premiers malades, les incurables, placés ici pour ne qu'ils puissent pas en sortir -d'où les murs- c'est tout le contraire aujourd'hui. On y mettra des milliardaires, comme à la Villa Montmorency dans le 16ème ! » Soit deux passages privatifs, un gardiennage sans faille et un réseau de caméras de surveillance pour protéger ce qui deviendra les plus beaux appartements de Paris avec un prix d'achat estimé à 15.000 € le m².
Guillaume Cailloux
Seule contre tous
Dans l’exposé des arguments contestant le permis de construire, figure d’abord le rappel de la procédure particulière exigée avant cas de travaux autour d’un monument historique. En 1999, le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) ne la respecte pas. En 2001, le tribunal administratif donne raison aux plaignants. Les propriétaires doivent refaire un PSMV. Entre temps, le Plan Local d’Urbanisme (PLU) élaboré par la Ville de Paris, incluant l’hôpital de Laennec, comporte également une procédure spécifique. La Cogedim, maître d'ouvrage délégué, se prend une deuxième fois les pieds dans le tapis. Nouveau procès. Nouveau succès pour l’association en juillet 2008. La Cogedim fait appel de la décision. En juillet 2009, la Cour Administrative d’Appel infirme la décision du juge administratif. Le permis de construire est légal.
Entre-temps une campagne s’organise contre les membres de l’association présentés comme égoïstes et hostiles à toute construction sous leurs fenêtres, notamment des logements sociaux, des logements étudiants, un centre d’accueil pour personnes âgées, une résidence, des bureaux et des commerces.
Entre-temps une campagne s’organise contre les membres de l’association présentés comme égoïstes et hostiles à toute construction sous leurs fenêtres, notamment des logements sociaux, des logements étudiants, un centre d’accueil pour personnes âgées, une résidence, des bureaux et des commerces.
Le recours au droit pour défendre un autre projet
En réalité, les vrais arguments ne relèvent pas du droit mais d'une vision urbaniste qui passe mal : « Nous souhaitons que le plan Masse (ndlr : le plan d'aménagement du sol) permette aux habitants de circuler facilement entre les nouveaux immeubles, et que le plan Volumétrie ne dépasse pas la hauteur du monument historique » détaille le président en précisant que le plan Volumétrie est le plus important. Toujours selon lui, les membres de l’association n’ont « jamais été contre les constructions. Nous attaquons juridiquement les seuls permis de construire, pas la destination des immeubles » témoigne-t-il.
Le nerf de la guerre
Après le coup de bambou du mois de juillet, les membres optent pour une porte de sortie honorable. Aller plus loin est coûteux et l’association n’a pas les moyens de payer un avocat pour contester devant le Conseil d'Etat la décision rendue par la Cour d'Appel Administrative. De 1.500 € à 2.000 € la consultation et de 20.000 € à 40.000 € pour le dossier, sans être assuré que la juridiction la plus élevée de l'ordre administratif accepte le recours en cassation. L’idée d’une transaction avec le groupe Allianz, le propriétaire, fait son chemin. Démarrée en juillet, elle vient de se concrétiser à 18h30 le 10 septembre 2009 du côté de l’Ecole Militaire. Les membres seront convoqués en Assemblée Générale en octobre pour décider du sort de l'association.
Le quartier de Laennec
« Les politiques ont raté l'occasion de réaliser un vrai projet urbaniste » résume Guillaume Cailloux. De Bertrand Delanoe, qui lui déclare en 2001 en pleine campagne électorale ne rien pouvoir faire (« Le coup est parti, je ne peux rien faire »), à Michel Dumont, Maire du 7è, qui lui promet, en vain, de mettre en rapport l’architecte et l’association, « ils ont oublié qu’un projet d’urbanisme est avant tout un projet politique ».
Laennec a inventé le stéthoscope. Allianz inventera un nouveau lieu : le futur pouls battant du quartier ?
Lire les articles sur les actions d'autres associations pour conserver l'accès du public au site Laennec et à sa chapelle.
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