Marcel Campion fait trembler la Mairie de Paris

Accueil sous haute surveillance à l'Hôtel de Ville de Paris.


Panique du service de sécurité, panique chez des élus de Paris, panique au service presse communication : la présence de Marcel Campion à l'Hôtel de Ville de Paris crée un événement « imprévu » provoquant plusieurs réactions en chaîne.


9 Février 2018 17:52

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Après une fin de matinée dans les tribunes pour le public au conseil de Paris, Marcel Campion revient à l'Hôtel de Ville pour l'après-midi © VD / PT

Panique du service de sécurité

Il ne s'attendait pas à un tel accueil : sitôt reconnu par les agents de l'Hôtel de Ville, Marcel Campion ne peut pas entrer comme n'importe quel Parisien pour se rendre à  l'accueil, récupérer un badge Visiteur avant de monter à la tribune du public située au 3e étage de la Mairie de Paris.

Talkie-Walkie, coups de fils et une demi-douzaine d'agents de la sécurité sont dépêchés à l'accueil situé rue de Lobau. Le chef d'entreprise forain entrepreneur âgé de 78 ans Marcel Campion arbore un étendard la carte de Citoyen de Paris. Mais personne ne sait ce que c'est. La carte de Citoyen de Paris permet notamment d'être invité à des événements culturels, sportifs, de bénéficier de privilèges comme venir au conseil de Paris avec un accueil réservé.

En effet, les agents forment une haie d'honneur et Marcel Campion est escorté jusqu'à la tribune réservée au public. C'est aussi le cas pour ressortir de l'Hôtel de Ville à la suspension de séance à 13h.

Quelques minutes avant la reprise de la séance, un cadre de la Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection (DPSP) dirigée par l'ex-commissaire de police du 18e arrondissement Matthieu Clouzeau a pour mission d'escorter le propriétaire et patron de la Grande Roue place de la Concorde jusqu'à la tribune du public ; rebelote lorsqu'il quitte la Mairie à l'issue du débat sur « le rapport comportant les observations définitives de la CRC sur la gestion par la Ville de Paris des animations emblématiques conduites sur le domaine public sur l'exercice 2010 et suivants ».

Le cadre de la DPSP reste assis dans la tribune, à deux bancs derrière Marcel Campion qui est sous surveillance.
 

Panique chez des élus de Paris

La tribune pour le public dominant la salle du conseil située en contrebas, Marcel Campion est vite repéré. Un premier élu lui fait signe de sa place, un deuxième monte à la tribune pour échanger avec lui, soit deux élus de l'opposition, tandis qu'un élu de la majorité évoque sa présence, sans le citer, dans l'une de ses interventions.

Marcel Campion a  aussi reçu des textos d'élus qui ne pouvaient pas passer le voir, ni rester en séance pour le débat sur « le rapport de la CRC sur la gestion par la Ville de Paris des animations emblématiques conduites sur le domaine public sur l'exercice 2010 et suivants ».

Environ une trentaine d'élus assistent au débat sans vote.
 

Panique au service presse communication

Avoir Marcel Campion à portée de stylo, de micro, d'appareil photo et de caméra vidéo, c'est une aubaine pour les journalistes. Le contact est direct, simple, chaleureux. Des interviews sont programmées. La tribune du public est à proximité immédiate de la salle de presse et sa tribune réservée.

Mais le service de presse de l'Hôtel de Ville est formel : il est interdit à un non-élu de rencontrer les journalistes de la presse municipale en salle de presse. La salle de presse est réservée aux seuls échanges entre les conseillers de Paris présents au conseil de Paris et les journalistes. Il n'est pas non plus possible d'être interviewé à l'intérieur des bâtiments de l'Hôtel de Ville. 

La responsable de presse se tient dans l'embrasure de la porte de la salle de presse. « Ce n'est plus la Maison du Peuple » commente Marcel Campion. La responsable : « Si, c'est la Maison du Peuple ». Marcel Campion : « Non, ce n'est plus la Maison du Peuple, je connais cette maison depuis 60 ans ». La discussion s'arrête là.

Deux journalistes (l'AFP et Paris Tribune) sont autorisées à l'interviewer dans un couloir, micros acceptés mais sans photos ni vidéos. Voir le reportage vidéo : Rapport de la Cour des comptes au conseil de Paris : Marcel Campion écoute et parle.
 

Explication 1 : la mise en examen

La Maire de Paris, le premier adjoint, les adjoints, la grande majorité des élus et des présidents de groupe politique ont coupé tous les contacts avec Marcel Campion.

Pourquoi ?

Marcel Campion est mis en examen le 1er juin 2017 pour recel d'une faveur qui lui aurait été accordée par la Ville de Paris, elle-même mise en examen pour favoritisme le 10 novembre 2017. Cela fait suite à la convention d'occupation du domaine public (CODP) signée le 4 juillet 2016 pour l'installation temporaire de la Grande Roue, le long du jardin des Tuileries place de la Concorde, suite à un appel à projet jugé infructueux par la Mairie de Paris.

La convention signée est transmise le jour même par une main inconnue au Parquet qui procède à la désignation d'un juge d'instruction pour « délits présumés de favoritisme et abus de biens sociaux » à l'encontre de Marcel Campion et ses sociétés commerciales.

La Chambre régionale des comptes d'Ile-de-France se penche également au même moment que le Procureur sur les CODP signées ente Marcel Campion et ses sociétés commerciales et la Mairie de Paris.

Marcel Campion mis en examen le 1er juin 2017, Anne Hidalgo fait voter en conseil de Paris, en juillet et novembre 2017, deux voeux sans valeur juridique, pour en finir avec la CODP du Marché de Noël à partir de juillet 2017, et avec la Grande Roue à compter de juillet 2018.
 

Explication 2 : l'ordonnance du Président François Hollande

Lors de la communication - débat en séance sur « le rapport comportant les observations définitives de la CRC sur la gestion par la Ville de Paris des animations emblématiques conduites sur le domaine public sur l'exercice 2010 et suivants », l'adjoint aux Finances, par ailleurs patron de la Fédération parisienne du PS, déclare « que la règle était que le gré à gré était possible avant les dernières ordonnances ».

L'ordonnance du 19 avril 2017 relative à la propriété des personnes publiques est signée par François Hollande, le premier Ministre Bernard Cazeneuve et trois autres ministres proches du Président, et publiée trois jours avant le premier tour des élections présidentielles.

Le premier chapitre traite des « Dispositions relatives à l'occupation et à l'utilisation privatives du domaine public ». L'article 4 stipule que lorsque « le titulaire occupe ou utilise le domaine public en vue d'une exploitation économique, sa durée est fixée de manière à ne pas restreindre ou limiter la libre concurrence au-delà de ce qui est nécessaire pour assurer l'amortissement des investissements projetés et une rémunération équitable et suffisante des capitaux investis, sans pouvoir excéder les limites prévues, le cas échéant, par la loi. »

En s'appuyant sur ces textes mais pas seulement, Marcel Campion conteste également devant la justice son éviction de Paris. Les décisions prises par la Mairie de Paris à l'encontre du Marché de Noël et de la Grande Roue sont attaquées. Le Préfet de police de Paris propose à plusieurs reprises une médiation à Anne Hidalgo qui refuse. Interrogée par Paris Tribune, la Préfecture de région Ile-de-France répond n'avoir déferré en 2017 aucune délibération du conseil de Paris devant le tribunal administratif, y compris les voeux.

La mise en examen de Marcel Campion pour recel d'une faveur qui lui aurait été accordée par la Ville de Paris produit des effets dévastateurs. La présomption d'innocence est bafouée.
 

Explication 3 : les attaques contre le monde forain

Dans le même temps, un grand groupe obtient de la Mairie de Paris une concession pour une longue durée avec des investissements conséquents. L'ouverture d'un nouveau parc d'attractions foraines s'annonce dans le Bois de Boulogne au printemps 2018, avec comme petites mains des forains salariés sédentarisés.

Marcel Campion sent le danger qui guette la noble profession de forain. Les nuages s'amoncellent au-dessus de sa tête et il doit défendre son gagne-pain, se battre pour sa famille victime avec lui de neuf contrôles fiscaux, se démener pour essayer de trouver du travail aux 250 familles privées de Marché de Noël à la saison 2017/2018, ...
 

L'espoir : le flambeau de la Justice

Les juges des référés n'ont pas fait droit aux demandes de référé - suspension et de référé - liberté. Ils n'ont pas non plus validé les arguments de la Ville de Paris.

Il reste le fond et les affaires pénales. Les nombreux recours introduits sur le fond devant les tribunaux, notamment contre les décisions municipales, sont en attente d'une date d'audience. 

Sur le fond, Marcel Campion espère gagner. Il attend les dates d'audience pour 2018 : 
 
« À titre d’exemple, en 2011, le délai moyen pour obtenir une décision de justice était de 12 mois devant le juge administratif, de 7 mois devant le tribunal de grande instance et de 11 mois devant la cour d’appel. Si ces délais sont depuis quelques années en voie d’amélioration, il reste que les procédures s’étalant sur près d’une décennie entre la première instance et la cassation ne sont pas rares. Dans ces conditions, on comprend que la France soit régulièrement condamnée pour non-respect du « délai raisonnable » par la Cour européenne des droits de l’homme, devant laquelle les procédures durent en moyenne près de… deux ans ! »

Marcel Campion bénéficie de la présomption d'innocence et aucune de ses affaires n'a été jugé au fond. Armé d'un bon moral à tout épreuve, combattif et pragmatique, Marcel Campion s'est ajouté un nouveau défi : celui de peser dans les prochaines municipales à Paris, sans se présenter aux élections, à la tête du mouvement Paris Libéré entouré de deux grands amis issus de la société civile.


 

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Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales… En savoir plus sur cet auteur
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