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Nathalie Kosciusko-Morizet, conseillère du 14e arrondissement de Paris et député à 19 km de là, exprime la position du groupe qu'elle préside au conseil de Paris : "La réalité c'est que dès l'année prochaine tous les Parisiens vont faire les frais des faiblesses de la Maire de Paris. Je dis bien tous, car vous prétendez mettre seulement les riches à contribution, sauf que les 2 nouveaux tarifs que vous créez pour les Parisiens aux revenus élevés ne vous rapporteront que 2 millions d'euros. Alors que la réforme du stationnement, qui touchera quant à elle tous les Parisiens, vous rapportera environ 60 millions d'euros. Vous mettez donc 30 fois plus à contribution les Parisiens dans leur ensemble que les Parisiens les plus riches ; ça doit être ça votre leçon de socialisme".
Intervention de Nathalie Kosciusko-Morizet au conseil de Paris
Mes chers collègues,
A défaut Madame la Maire de réunir les composantes de votre majorité sur de grands projets, il semble que la dépense publique soit désormais le seul sujet sur lequel vous parvenez encore à dégager un consensus, quitte à ériger la fuite en avant au rang de politique générale, quitte aussi à renier votre promesse de ne pas toucher aux impôts des Parisiens.
Après deux mandatures qui ont vu le nombre d'agents gonfler de 35 % et la dette augmenter de 300%, l'exécutif a finalement reconnu, après des mois de déni, l'existence d'un découvert de 400 millions d'euros.
Ce fait inédit, Madame la Maire, si vous vouliez l'écouter, aurait dû vous servir d'avertissement. Mais vous avez visiblement décidé d'engager les finances de la ville dans une fuite en avant en annonçant le 4 décembre dernier que l'investissement sur la prochaine mandature, au moins la dépense, serait non pas de 8.5 mais de 10 milliards, quitte à faire progresser la dette, je cite « selon un rythme proche de celui constaté sous la précédente mandature » c'est à dire rien de moins que la porter à plus de 7 milliards d'euros en 2020 ; ça ne fera après tout qu'une augmentation de 540% par rapport au niveau de 2001.
Dans ce contexte le budget 2015 a été comblé avec quelques paillettes et beaucoup d'impôts.
Un plan d'économies soit disant d'une ampleur inédite mais qui n'existe que sur les papiers de la communication de la ville de Paris car les chiffres réels du budget, eux, disent tout le contraire. J'en cite 2 exemples : les dépenses de com' seront réduites de 3 millions d'euros dit-on. Pourquoi alors les chiffres officiels du budget 2015 prévoient-il une hausse de 500.000 euros. Mettez vous d'accord, soit votre communication raconte n'importe quoi, soit les chiffres du budget sont faux, et peut être les 2 à la fois, mais dans un cas comme dans l'autre vous prenez les Parisiens pour des imbéciles et vous manquez de sérieux.
De même vous nous aviez annoncé la réduction du train de vie de la ville que vous prétendiez vous appliquer à vous même, comme le disait Jean François Legaret tout à l'heure, en diminuant le nombre de collaborateurs. Voilà encore une promesse qui n'aura pas passé l'hiver. La presse nous révèle ce matin que vous avez dissimulé dans le budget 2015 les informations relatives aux effectifs de votre cabinet et que ce dernier s'est au contraire encore étoffé.
Parallèlement il y a une économie que vous avez pas eu trop de mal à réaliser, il faut bien le reconnaître, c'est celle qui touche les groupes politiques. C'est là sans doute votre conception de la démocratie : moins de moyens pour les autres, des efforts supportés intégralement par eux mais surtout pas par soi -même.
Voilà pour les économies.
Du côté des impôts, ce sont des hausses généralisées qui vont s'appliquer à tous les Parisiens dès le premier janvier 2015. Pierre-Yves Bournazel en faisait l'inventaire tout à l'heure. Vous prétendez avoir trouvé les 400 millions d'euros qu'il vous manquait, que vous prétendiez d'ailleurs avoir découvert. Seuls pourtant 130 millions d'euros proviennent de votre prétendu plan d'économies. Tout le reste vous le comblez par des mesures d'ordre fiscal. Encore une fois ce sont les autres qui payent à votre place.
Alors vous nous expliquerez, vous avez commencé tout à l'heure, que ce ne sont pas des impôts mais des taxes ou des redevances. La réalité c'est que dès l'année prochaine tous les Parisiens vont faire les frais des faiblesses de la Maire de Paris. Je dis bien tous, car vous prétendez mettre seulement les riches à contribution, sauf que les 2 nouveaux tarifs que vous créez pour les Parisiens aux revenus élevés ne vous rapporteront que 2 millions d'euros. Alors que la réforme du stationnement, qui touchera quant à elle tous les Parisiens, vous rapportera environ 60 millions d'euros. Vous mettez donc 30 fois plus à contribution les Parisiens dans leur ensemble que les Parisiens les plus riches ; ça doit être ça votre leçon de socialisme.
En parlant de socialisme, les Parisiens auraient pu croire, où ils auraient pu espérer, bien espérer quelque chose, qu'avec une maire de gauche leurs intérêts seraient mieux défendus face au gouvernement, lui aussi de gauche. Cela n'aura malheureusement pas été le cas. Non seulement Paris a essuyé une réduction de 200 millions d'euros des dotations et la hausse de 70 millions d'euros de dépenses de péréquation, mais au contraire, la seule chose que vous avez obtenu du gouvernement pour les Parisiens sont de nouveaux impôts comme la création d'une taxe d'habitation sur la résidence secondaire ou la hausse de la taxe de séjour.
Mes chers collègues, il n’y a pas de fatalité, les Parisiens ne sont pas voués à voir leur ville mal gérée et leurs impôts augmenter. C'est le sens du contre-budget que nous avons déposé avec nos collègues du groupe UMP.
Malgré la réduction des dotations de l'Etat, dû à votre faible capacité de négociation (Anne Hidalgo : Je vais vous demander d'approcher vers votre conclusion, vous aussi, les cinq minutes étant dépassées) malgré la réduction des dotations de l'Etat du à vos faibles capacités de négociations on comprend que ça vous gêne. Nous avons réussi à dégager 570 millions d'euros permettant non seulement de boucler le budget 2015 mais aussi de réduire l'endettement de 100 millions d'euros le tout sans demander 1 euro de plus aux Parisiens.
Mes chers collègues, une autre politique est possible. Une autre politique est possible à condition d'arrêter de faire du cabinet de la Maire de Paris ou du Secrétariat général une agence de reclassement et de ne plus laisser déraper les chantiers qui commencent à 200 millions pour se terminer à plus d'1 milliard, ça demande juste un peu de courage.
Merci à vous.