Les mamies font de la résistance
C’est au foyer Alma-Bosquet, rue Pierre Villey, dans la cour de l’immeuble, que ces dames se donnent rendez-vous l’après-midi autour d’une collation. L’invitation a dépassée les frontières du VIIème : une femme vient du XIXème et une autre du XVIème. Elles causent indépendance, cuisine, enfants et petits-enfants. « Nos enfants veulent nous tenir en laisse, qu’on fasse et qu’on pense comme ils veulent » expliquent-elles, à coups de « c’est pour ton bien ». Leurs « grands enfants » qui ont la cinquantaine ou plus insistent pour que leurs mères se rapprochent d’eux géographiquement. Elles ne se voient pas quitter leurs arrondissements respectifs ni leur autonomie. « Dans notre quartier on a nos points d’attaches, notre boucher et notre boulanger » dit une des femmes. Elles expliquent que « vieillir ce n’est pas s’arrêter de grandir, nous évoluons autrement à côté de nos enfants ». « Quand on vieilli, il faut se protéger de ses enfants et de leur aspect dictateur ». Elles critiquent l’infantilisation des personnes âgées par leurs propres enfants, et la régression de certains séniors qui appellent leurs enfants « maman » ou « papa » en fin de vie. L’une d’elles confie que sa mère, dans les derniers moments de sa vie, avait tendance à l’appeler maman, et qu’elle remettait les rôles en place, parfois avec force. « Sans ça c’est comme perdre sa mère deux fois, c’est une horreur ».
Paris c’est pour la vie...
Chacune parle de son rythme de vie, donne aux autres l’adresse de son traiteur à domicile. Certaines sont pour Internet, d’autres ne veulent pas s’y mettre. L’une vit au jour le jour, ou ne sait pas ce qu’elle fera dans une minute ; une autre passe son temps à faire des listes pour tout. Toutes sont pourtant d’accord sur un point : « il y a toujours quelque chose à faire à Paris, c’est une ville dynamique ». « J’aime Paris, j’adore en partir pour mieux y revenir », elles approuvent toutes. « Aller manger des crevettes à Trouville n’est pas désagréable », « L’hippodrome de Vincennes est délicieux en nocturne ». Elles parlent sorties et clubs de loisirs. « Le plus important c’est d’avoir des projets, même un peu fous ! », chacune sourit. De prochaines rencontres seront organisées par Old Up, pour la vieillesse debout.