Parfum de vacances au conseil d’arrondissement

Huitième Tribune


Le conseil d'arrondissement du 8ème du 22 juin fait office de mise en bouche avant les véritables vacances qui commenceront le 6 juillet après le Conseil de Paris.


Ghislain Fornier de Violet
23 Juin 2009 22:24

Une salle de conseil exigüe, une dizaine de chaises disposée sur les côtés à l’intention d’un éventuel public, un seul exemplaire de l’ordre du jour circulant entre les mains curieuses des spectateurs : le conseil d'arrondissement ne semble pas habitué au regard ou à la présence de ses administrés. Peut-être peut-on y voir un signe positif de la confiance des habitants du 8ème envers la gestion d’un maire maintenu à la barre de cet arrondissement depuis 1983.
Toujours est-il qu’on circule difficilement entre les chaises, et que les secrétaires de séances sont confinés derrière des pupitres aussi larges que leurs documents. Le conseil de ce mois de juin est amputé par 3 défections, dont celle de Pierre Lellouche, certainement accaparé par sa nomination attendue au nouveau gouvernement Fillon. Dix conseillers sont néanmoins présents, dont la seule élue de l’opposition Mme Rancon-Cavenel qui n’a de toute évidence d’autres choix que rester à son poste. Après l’approbation du compte-rendu du conseil précédent et la nomination des secrétaires de séance, le coup d’envoi est donné, place aux projets de délibération.

Concertation

Le Plan Local d’urbanisme de Paris sur le site de la Samaritaine fait office d’hors-d’œuvre. Son aménagement futur par LVMH modifiera la perspective depuis l’axe des Champs-Elysées, par l’ajout de surélévations en dur en haut du bâtiment. M. Lebel n’approuve pas l’idée au motif que celle-ci ferait exception pour un propriétaire et donc s’abstient, suivi en cela par l’ensemble des élus, à l’exception de Mme Rancon-Cavenel, qui vote pour, en raison de la construction de logements sociaux prévus par la future rénovation de la Samaritaine, et des créations d’emplois consécutives.
Un projet plus politique d’apposition d’une plaque commémorant « le gouvernement de Catalogne en exil 1948-1954 » ne retient que deux voix pour, et 8 abstentions, M. Lebel en tête.

Realpolitik

S’en suivent d’autres projets de délibération tous consciencieusement adoptés, souvent à l’unanimité, dans un esprit de concertation notable. Les polémiques ne manquent pas, mais n’entravent jamais la bénédiction des projets de l’Hôtel de ville par le conseil. Ainsi en est-il du projet de règlement local de la publicité, qui soulève les réserves du maire du 8ème, dans la mesure où il ne prévoit aucuns moyens de sanction pour la ville de Paris, et n’envisage pas certains cas de figure délicat tels que les panneaux publicitaires placés dans l’immédiate proximité des habitations. Après la formulation de vœux, le projet est adopté à l’unanimité.
Rebelote pour l’aménagement de pistes cyclables éligibles aux subventions de la région Ile-de-France est également unanimement adopté, sous réserve que le projet soit appliqué en concertation avec les conseils de quartier. Il s’avère effectivement que les couloirs de vélos servent souvent de réserve temporaire pour le stationnement des voitures, ce qui peut être dangereux pour la sécurité des cyclistes.
Le principe d’aménagement de la place Clichy semble animer davantage les échanges verbaux. Véritable boyau de déversement des voitures venues des banlieues nord de la capitale, la place nécessiterait des travaux pour la rendre plus praticable aux piétons. La discussion est vive parmi les élus qui s’accordent sur le fait que la réduction de la voierie ne ferait que déplacer le problème, en augmentant les embouteillages et la pollution dans les rues attenantes. Ce qui n’empêche pas le projet d’être là encore unanimement adopté. La discussion est indéniable, mais toute confrontation verbale ou polémique superflue restent superbement ignorées. Le conseil commente, sans trop s’attarder.
Parmi les vœux adressés à la Mairie de Paris, un en particulier semble néanmoins échauffer les esprits. Sur les Champs-Elysées, les îlots de piétons et les feux directionnels sont supprimés pour les cérémonies du 14 Juillet, et reposés après la fin du Tour de France. Cet intervalle pose problème. Pour M. Lebel, la traversée s’avère véritablement périlleuse. Le conseil exprime donc unanimement sont désir de voir ces îlots remis en place dès le 14 au soir, et que le Tour de France prenne à sa charge le coût de la dépose et de la pose de ces îlots pour l'arrivée du Tour de France. Vœux pieux semble t-il, puisque le problème dure selon le maire du 8ème depuis maintenant quinze ans, sans réaction de la part de la Mairie de Paris.

Consensus

Doit-on voir dans la configuration rudimentaire de cette salle de conseil un signe de professionnalisme et d’aisance, ou est-ce la chaude brise des vacances qui déjà souffle sur les élus ? Le conseil en lui-même semble relativement peu divisé. Les tensions sont rares, et l’unique membre de l’opposition PS n’est pas virulente dans ses prises de parole et de position. La personne du Maire, M. Lebel, semble avoir une influence certaine sur l’ensemble des élus. La présence d’un seul membre de l’opposition au sein du conseil peut expliquer le consensus global autour des thèmes abordés. Si le débat est soulevé, la confrontation n’est pas engagée avec l’Hôtel de ville, et les doléances restent donc nuancées et maniées avec précaution.


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