Préfet de Police : "péril imminent lié au risque d'épidémies" à Paris

La réponse à la question d'actualité du Groupe Ecologiste de Paris (GEP) au conseil de Paris.


L'intervention du Préfet de Police de Paris au sujet du campement illicite installé boulevard de la Chapelle.


Théo Cyiva
1 Juin 2015 05:00

Campement illicite boulevard de la Chapelle © PT
Dans le respect de la circulaire interministérielle sur la question des campements de migrants, le Préfet de Police veut évacuer le camp illégal situé boulevard de la Chapelle entre le 10e et le 18e arrondissement, et aider à l'hébergement d'urgence.
"Depuis un an, vous le savez, la France connaît un afflux de migrants originaires de la corne de l'Afrique. De manière générale, ces migrants ne sont que de passage sur notre territoire, leur but étant de rejoindre les pays d'Europe du Nord et notamment le Royaume Uni. En effet, peu de demandes d'asile ont été adressés à la préfecture de police par cette population en transit.
Face à cette situation, le ministère de l'Intérieur a adopté l'été dernier une stratégie de renforcement des efforts de contrôle, notamment pour lutter contre les filières d'acheminement.

La préfecture de police a pris toute sa part dans cet effort, notamment afin de ne pas rendre attractive la voie passant par Paris. De nombreuses opérations coordonnées et de contrôle, avec la police aux frontières, ont été conduites en gare du Nord et en gare de Lyon.
Des actions judiciaires aussi, je le souligne, ont été menées contre les réseaux de passeur. Ainsi le 14 avril dernier, un réseau de taxis clandestins, animé par des Erythréens, acheminant les migrants à partir du site du boulevard de la Chapelle vers la Belgique a été démantelé par la direction du renseignement de la préfecture de police ; et les 6 organisateurs de ce réseau de taxis clandestins qui se servaient en quelque sorte du boulevard de la chapelle comme d'un hub, ont été écroués.
En dépit de ces efforts, un regroupement composé de migrants originaires d'Afrique de l'Est s'est constitué sous le métro aérien de la ligne 2 au niveau du 39 boulevard de la Chapelle et alentours.

Les pouvoirs publics se sont collectivement organisés. Des passages réguliers sont effectués par les services de police et la BACSA qui dépend de la préfecture de police. Des mises à l'abri des femmes avec enfants ont été faites par les services de la Ville et de la préfecture de région. Un nettoyage hebdomadaire a été assurée par les services de la Ville ainsi que la mise en place de sanisette. Et les 2 associations avec laquelle nous avons l'habitude de travailler sur ces questions, Emmaüs et France Terre d'Asile, sont présentes sur ce site et nous travaillons avec elles.

La Ville de Paris, en tant que propriétaire du domaine sur lequel s'est installé ce campement, a engagé début avril une démarche auprès du juge des référés pour obtenir une ordonnance d'expulsion pour ce site. Un huissier a été mandaté par le juge pour procéder aux constats mais force est de reconnaître que la poursuite de la procédure a peu avancé. Or, la situation s'est récemment dégradée, se traduisant par une détérioration des conditions d'hygiène et par une augmentation du nombre de migrants qui atteignent aujourd'hui environ 370-380 personnes selon les jours.
 
Face à cette situation j'ai réuni tous les acteurs le 18 mai dernier. Cette réunion a permis de préparer dans les meilleures conditions l'évacuation de ce campement. Un diagnostic social individualisé a recensé le 20 mai les 378 personnes présentes qui s'y trouvaient ce jour là et à préciser leur statut en matière de demande d'asile. L'objectif étant effectivement d'accueillir à la préfecture pour engager la procédure de reconnaissance de réfugiés pour les personnes qui le souhaitent.
J'ai par ailleurs demandé à l'agence régionale de santé un rapport sur la situation sanitaire de ce site. Ce rapport m'a été remis le 22 mai dernier. Il fait état d'un risque d'épidémies.
 
Je considère donc ce péril imminent lié au risque d'épidémies est susceptible de justifier au plan juridique que malgré la propriété de de la voie, que je prenne donc un arrêté sur le fondement de mes pouvoirs de police générale.

La décision d'évacuation qui va s'imposer doit toutefois être accompagnée de propositions d'hébergement, individualisé en fonction de la nature des publics. Les femmes avec enfants avec enfants relèvent de l'aide sociale à l'enfance de la Ville, ce dont nous sommes convenus avec les services de la Ville. Les demandeurs d'asile ont vocation à être pris en charge par le dispositif national d'accueil en fonction de leur lieu de dépôt de demande. Certains on fait des demandes dans d'autres départements déjà. Les autres personnes en transit vers d'autres destinations, et qui ne veulent pas demander l'asile se verraient proposer une mise à l'abri temporaire. Ce travail de recherche d'hébergement en nombre suffisant est en cours.

Une fois l'évacuation réalisée, il conviendra évidemment de sécuriser immédiatement ce site afin d'éviter toute nouvelle occupation ainsi que de veiller au risque d'effet report sur d'autres campements de ce type, et nous y veillerons.

Telles sont les différentes actions en cours qui sont conduites dans le respect de la circulaire interministérielle sur cette question des campements, actions qui sont conduites en partenariat avec les services de la Ville et de l'Etat et les associations présentes sur le site pour répondre à la situation présente de ce campement et je tiens à remercier tous les acteurs qui se sont mobilisés pour régler la situation de ce campement".

Bernard Boucault, Préfet de Police, conseil de Paris le 28 mai 2015.






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