Le triple ministre (Économie, Redressement productif et Numérique) s’est confessé sur France Inter : « je ne soutiens pas Bouygues, je ne soutiens personne. Je n’ai pas d’amis dans la grande bourgeoisie française, j’ai des interlocuteurs et des exigences politiques » a-t-il assuré « J’ai un problème c’est la guerre des prix dans le secteur des télécoms et la position du gouvernement était de soutenir un retour à trois opérateurs plutôt qu’à quatre dans les télécoms ». Il a enfin affirmé que son seul souci était de « sauver des emplois dans un secteur qui est en croissance ».
Une déclaration qui a sans doute pour objectif de le dédouaner des accusations de copinages. Mais là n’est pas le problème. N’en déplaise à Monsieur Montebourg, même d’un point de vue strictement juridique son intervention n’a pas de légitimité. D’un point de vue économique, elle n’a aucun sens.
Une déclaration qui a sans doute pour objectif de le dédouaner des accusations de copinages. Mais là n’est pas le problème. N’en déplaise à Monsieur Montebourg, même d’un point de vue strictement juridique son intervention n’a pas de légitimité. D’un point de vue économique, elle n’a aucun sens.
Un avis qui ne compte pas
Le 11 mars, l’Autorité des marchés financiers (AMF) ne s’était pas encore prononcée. Or c’est écrit noir sur blanc dans le Code du commerce. Les règles du contrôle de concentrations « relevant auparavant de la compétence du ministre, le contrôle des opérations de concentration a été transféré par la loi de modernisation de l’économie (LME) du 4 août 2008 à l’Autorité de la concurrence (…). À titre exceptionnel, le ministre de l’Économie peut cependant, une fois la décision de l’Autorité rendue, évoquer une opération présentant un caractère stratégique pour le pays, au nom de considérations d’intérêt général autres que la concurrence ».
Voilà qui est clair. Tant que l’autorité compétente n’avait pas pris sa décision, ce qui fut fait le 28 mars, Arnaud Montebourg n’avait absolument pas voix au chapitre.
Quand Arnaud Montebourg révolutionne à lui seul les lois de la concurrence
En outre, cette déclaration desservait, et celle du 2 avril persiste et signe, l’intérêt général du pays en ignorant une règle de base en économie et en livrant une bien belle antinomie concurrentielle. Cette règle veut que si la concentration est favorisée au détriment de la pluralité des acteurs, les prix augmentent automatiquement. Elle s’applique assez bien en général, n’en déplaise à monsieur Montebourg.
Dernier exemple en date ? Le marché autrichien des télécoms où Hutchison Telecoms a absorbé la filiale locale d’Orange. De quatre acteurs, le marché est passé à trois. Après la transaction fin 2013, les prix ont flambé (+ 18, 7 % en un an selon Statistik Austria). Un scénario qui ressemble à s’y méprendre à la situation du marché français.
Le 11 mars, l’Autorité des marchés financiers (AMF) ne s’était pas encore prononcée. Or c’est écrit noir sur blanc dans le Code du commerce. Les règles du contrôle de concentrations « relevant auparavant de la compétence du ministre, le contrôle des opérations de concentration a été transféré par la loi de modernisation de l’économie (LME) du 4 août 2008 à l’Autorité de la concurrence (…). À titre exceptionnel, le ministre de l’Économie peut cependant, une fois la décision de l’Autorité rendue, évoquer une opération présentant un caractère stratégique pour le pays, au nom de considérations d’intérêt général autres que la concurrence ».
Voilà qui est clair. Tant que l’autorité compétente n’avait pas pris sa décision, ce qui fut fait le 28 mars, Arnaud Montebourg n’avait absolument pas voix au chapitre.
Quand Arnaud Montebourg révolutionne à lui seul les lois de la concurrence
En outre, cette déclaration desservait, et celle du 2 avril persiste et signe, l’intérêt général du pays en ignorant une règle de base en économie et en livrant une bien belle antinomie concurrentielle. Cette règle veut que si la concentration est favorisée au détriment de la pluralité des acteurs, les prix augmentent automatiquement. Elle s’applique assez bien en général, n’en déplaise à monsieur Montebourg.
Dernier exemple en date ? Le marché autrichien des télécoms où Hutchison Telecoms a absorbé la filiale locale d’Orange. De quatre acteurs, le marché est passé à trois. Après la transaction fin 2013, les prix ont flambé (+ 18, 7 % en un an selon Statistik Austria). Un scénario qui ressemble à s’y méprendre à la situation du marché français.
« sauver des emplois dans un secteur qui est en croissance » ?
Enfin, dans les faits, le retour à trois opérateurs ne garantit absolument pas la fin de la destruction d’emplois. Et point besoin d’être agrégé en économie pour en comprendre la raison. Faire fusionner deux acteurs dont les activités sont semblables – c’est le cas de SFR et Bouygues, tous deux fournisseurs de réseaux mobiles et de services fixes Triple Play — s’accompagne nécessairement d’un phénomène de synergie. Expression euphémique qui désigne en réalité une véritable hécatombe industrielle. Si la transaction s’opère, il va falloir trancher dans le vif, élaguer sauvagement tout ce qui dépasse, expédier les doublons.
Concrètement, ce seront 600 boutiques supprimées en plus de celles déjà visées par le sniper de la restructuration déjà en cours chez les deux entreprises (150 boutiques chez SFR, 200 chez Bouygues). Aucune raison non plus que les différents départements (marketing, techniques, commerciaux, etc.) fonctionnent par pair. Là encore, il va falloir couper des têtes.
Alors, « sauver des emplois dans un secteur qui est en croissance », la seule préoccupation du ministre, vraiment ?
C’est comme son souci du « made in France », bien peu crédible quand on sait que Bouygues Telecom privilégie depuis de nombreuses années des fournisseurs étrangers au détriment de l’industrie française : Samsung pour sa box, Huawei pour son réseau ADSL et Ericsson pour son réseau mobile. Le groupe Bouygues cède également nombre de ses activités stratégiques à des groupes étrangers. Concernant le dossier SFR, Martin Bouygues est même allé du côté du Qatar pour obtenir du pays un soutien financier substantiel.
Décidément, la position d’Arnaud Montebourg est illégitime a plus d’un titre. D’un point de vue juridique d’abord, économique ensuite. Enfin, son honnêteté intellectuelle laisse à désirer. Il a beau se défendre d’un quelconque esprit de cour à la française, son comportement et ses discours parlent d'eux-même.
Enfin, dans les faits, le retour à trois opérateurs ne garantit absolument pas la fin de la destruction d’emplois. Et point besoin d’être agrégé en économie pour en comprendre la raison. Faire fusionner deux acteurs dont les activités sont semblables – c’est le cas de SFR et Bouygues, tous deux fournisseurs de réseaux mobiles et de services fixes Triple Play — s’accompagne nécessairement d’un phénomène de synergie. Expression euphémique qui désigne en réalité une véritable hécatombe industrielle. Si la transaction s’opère, il va falloir trancher dans le vif, élaguer sauvagement tout ce qui dépasse, expédier les doublons.
Concrètement, ce seront 600 boutiques supprimées en plus de celles déjà visées par le sniper de la restructuration déjà en cours chez les deux entreprises (150 boutiques chez SFR, 200 chez Bouygues). Aucune raison non plus que les différents départements (marketing, techniques, commerciaux, etc.) fonctionnent par pair. Là encore, il va falloir couper des têtes.
Alors, « sauver des emplois dans un secteur qui est en croissance », la seule préoccupation du ministre, vraiment ?
C’est comme son souci du « made in France », bien peu crédible quand on sait que Bouygues Telecom privilégie depuis de nombreuses années des fournisseurs étrangers au détriment de l’industrie française : Samsung pour sa box, Huawei pour son réseau ADSL et Ericsson pour son réseau mobile. Le groupe Bouygues cède également nombre de ses activités stratégiques à des groupes étrangers. Concernant le dossier SFR, Martin Bouygues est même allé du côté du Qatar pour obtenir du pays un soutien financier substantiel.
Décidément, la position d’Arnaud Montebourg est illégitime a plus d’un titre. D’un point de vue juridique d’abord, économique ensuite. Enfin, son honnêteté intellectuelle laisse à désirer. Il a beau se défendre d’un quelconque esprit de cour à la française, son comportement et ses discours parlent d'eux-même.