Salammbô, l’héroïne de Gustave Flaubert dans l’œuvre éponyme publiée en 1862, est à l’origine du lot 17 de Théodore Rivière (1857-1912) Il s’agit d’une sculpture chryséléphantine en bronze à patine verte et ivoire nommée « Carthage » par le commissaire-priseur. Elle est signée à la base « Susse frères éditeurs ». Ses dimensions sont de 65 x 34 x 27 cm. L’estimation est de l’ordre de 60.000 € à 70.000 € frais en sus, au taux de 25,20 % TTC.

L’œuvre majeure de Théodore Rivière
L’Etat s’en porte acquéreur dès l’exposition pour la coquette somme de 6.000 francs. Il est vrai qu’une sculpture chryséléphantine comprend normalement du bronze, de l’or et de l’ivoire.
Au musée du Luxembourg jusqu’en 1934, puis au Louvre, elle rejoint le musée d’Orsay dès 1986 pour son ouverture. Ses dimensions sont de 40 x 21,4 x 19 cm donc inférieures à l’œuvre mise en vente aux enchères.
L’esquisse en plâtre de l’œuvre originale est dans la collection du musée des Beaux-Arts de Dijon. Cette oeuvre a connu du succès.
La manufacture de Sèvres en a réalisé des éditions en biscuit, des bronzes ont été coulés ainsi que des sculptures en bronze et ivoire par Susse, en diverses dimensions.
Salammbô et Mâtho aux enchères
La scène se déroule après la première guerre punique entre Rome et Carthage. Les mercenaires barbares se révoltent car ils n’ont pas perçu leur solde. Mais Mathô est éperdument amoureux de la fille du principal suffète de Carthage, l’homme qui dirige la ville. (1)
Emile Faguet commente ainsi l’œuvre littéraire :
« Une époque et un lieu où la haine, la soif de vengeance, l’avarice, l’avidité, la cruauté raffinée ou féroce, l’amour à l’état de folie sensuelle, la religion à l’état de férocité monstrueuse, seraient le fond du tableau et tout le tableau, sans une éclaircie ou un coin lumineux et pur ; une époque et un lieu où il n’y eut pas un bon sentiment ou un bon instinct ; une époque et un lieu où l’homme ne fut qu’un animal atroce et brutal, ou rusé et atroce » (2)
A contempler l’œuvre de Théodore Rivière, on ressent la puissance de l’étreinte, la soumission du libyen et l’ivresse de l’Orient.
Mieux connaître Théodore Rivière
« Un pâtre a découvert dans les steppes où les Scythes l’avaient cachée, l’épée de Mars qui devait donner à son possesseur le pouvoir de conquérir le monde. Il la remit à Attila. Les Huns exultent en voyant ce précieux talisman dans la main du roi ».
Théodore Rivière décède à 55 ans à Paris, le 8 novembre 1912. Colette Dumas née Lavallard lui consacre une monographie en 1997. Elle caractérise l’art de l’ancien élève d’Alexandre Falguière (1831-1900) et son attrait pour l’Orient.
L’estimation pour cette œuvre de grande qualité est susceptible d’être dépassée par un amateur fortuné.

(2) Émile Faguet, Flaubert, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1899 rapporté par http://salon-litteraire.com/fr/gustave-flaubert/content