Suresnes : fermeture annoncée de la classe de chant lyrique pour des raisons budgétaires

Suresnes, en face du 16e arrondissement de Paris.


Une pétition en ligne refuse "le démantèlement du conservatoire de Suresnes au nom de l'austérité budgétaire".


23 Juin 2018 21:30

Chant Variété au conservatoire municipal de Suresnes © capture d'écran Les 10 ans du conservatoire de Suresnes au Puits d'Amour.
Pour plusieurs raisons, les élèves et futurs élèves veulent croire que le maire de Suresnes depuis 1983, Christian Dupuy (LR), trouvera des "solutions privilégiant une augmentation des recettes (...) plutôt qu'une fermeture brutale d'une classe entière, pénalisant à la fois les élèves, les professeurs et la ville de Suresnes"

Les amoureux du chant classique enseigné au"Conservatoire à Rayonnement Communal", depuis un Agrément obtenu de la part de l'Etat en 1983, demandent à l'exécutif municipal de revenir sur la décision de fermer la classe de chant lyrique, et d'envisager d'autres solutions qui montreront leur attachement à un enseignement musical local de qualité. Une pétition est en ligne.
 

Un Conservatoire à Rayonnement Communal

Le maire de Suresnes est également vice-président du conseil départemental des Hauts-de-Seine depuis 1998 et en charge de la culture depuis 2004. Christian Dupuy a également développé le Festival Chorus des Hauts-de-Seine, reconnu comme un tremplin, pour les groupes sélectionnés, dans le secteur des musiques actuelles. L'édition 2018 s'est tenue du 3 au 8 avril 2018 sur l'île Seguin à Boulogne-Billancourt, célébrant les 30 ans du festival.

Le conservatoire de Suresnes, lui, existe depuis 47 ans (1971). Etablissement d'enseignements spécialisés, il accueille plus de 1.000 élèves qui suivent "un enseignement de qualité correspondant au schéma d’orientation défini sur le plan national par le Ministère de la Culture".

Pour prolonger ses missions d’éducation, le conservatoire place le contact des élèves avec le public au coeur de sa formation, d’où un rayonnement certain des activités du"Conservatoire à Rayonnement Communal". La vidéo mise en ligne par la Mairie de Suresnes en mars 2018 atteste du succès des activités enseignées où le chant, pour les variétés, est mentionné.
 

Les explications de la Ville de Suresnes

"L'Etat inflige aux collectivités territoriales une "cure d’amaigrissement" qu’il est bien incapable de s’appliquer à lui-même !" explique la Ville, chiffres à l'appui : l'Etat demande que la collectivité de Suresnes limite les dépenses réelles de fonctionnement à 1,2 %, à la suite de quatre années de baisse unilatérale des dotations de l'Etat, dont la dotation globale de fonctionnement (DGF) qui était la principale dotation de fonctionnement de l'État aux collectivités territoriales. 

Sur la période 2014-2017, la perte cumulée de la DGF de la ville de Suresnes s’élève à 5,8 millions d'euros. Du fait de la Loi de Programmation des Finances publiques 2018-2022 et la contractualisation entre l’Etat et la commune qui imposent la limitation des dépenses de fonctionnement, la collectivité ne veut pas faire le choix, d'un côté, de réduire ses dépenses d'équipement, et de l'autre, d'augmenter la fiscalité directe.

Avec un budget de fonctionnement d'environ 80 millions d'euros, hors le Fond de Compensation des Charges Territoriales (FCCT) et les péréquations, la ville de Suresnes préfère maintenir des taux d'imposition inchangés pour la 6ème année consécutive. Elle préfère également maintenir son autofinancement à un niveau élevé, avec la mise en réserve systématique d'une année sur l'autre du résultat, intégré à l'autofinancement. Elle préfère aussi minimiser le recours à l'emprunt sans toucher à son programme d'investissement, d'environ de 30 millions par an. Elle préfère enfin se désendetter petit à petit, avec un encours de dette de 65 millions d'euros en 2020, réduit d'un tiers par rapport à 2011.

Peut-être la Ville de Suresnes trouvera-t-elle de nouveaux modes de gestion dans un souci de rationalisation des moyens. Mais au vu du tableau, l'exécutif municipal préfère contenir l'évolution de la masse salariale. 

La pétition arrivera-t-elle à faire évoluer les positions de la mairie ? La pétition lancée pour défendre le conservatoire situé dans la commune de Rueil-Malmaison, à moins de 5 km à l'ouest de Suresnes, a obtenu des résultats probants. Le statut du conservatoire est différent.
 

Le cas des autres pétitions pour d'autres conservatoires d'Ile-de-France

Le "Conservatoire à Rayonnement Régional" de Rueil-Malmaison (92 Hauts-de-Seine) est un établissement d'enseignement artistique agréé et contrôlé par l'État. Il est représenté par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC). Une pétition dénonçait la baisse de la subvention municipale qui prend en charge 81 % du fonctionnement du conservatoire. Le maire de la collectivité, Patrick Ollier (LR), par ailleurs président de la Métropole du Grand Paris, diminue le budget de 380.000 euros, sur un budget global de 5,5 millions d’euros.

En Seine-Saint-Denis, rien n'est acquis, du fait d'un trou financier de 192.000 euros. Une pétition contre la non-reconduction de 21 postes de professeurs et d'intervenants dans les écoles à la rentrée 2018/2019 défend le "Conservatoire à Rayonnement Régional" d’Aubervilliers-La Courneuve, également subventionné par l'Etat. Pour se garder de toutes critiques, la Direction Régionale des Affaires Culturelles met en avant "la hausse mécanique de la masse salariale", soit 90 % du budget, alliée à des restrictions budgétaires. Les maires d'Aubervilliers, Mériem Derkaoui (PCF), et de La Courneuve, Gilles Poux (PCF), ont annoncé de ne pas pouvoir donner plus de 60.000 euros chacun. Ils sollicitent également la Région Île-de-France afin que des disciplines ne disparaissent pas.
 



Journaliste, coordinateur des articles sur les informations générales. En savoir plus sur cet auteur
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