
Oui, les élus de la République sont divers et variés.
Non, l'élu idéal n'existe pas.
En témoigne le couac révélé au lendemain de la mise à l'honneur de la député de Paris Laetitia Avia par le Premier ministre en introduction de la déclaration de politique générale de gouvernement à l'Assemblée nationale.
Ses paroles auraient pu être les suivantes :
« Je veux (...) vous parler d’une femme qui, ce vendredi 23 juin 2017 vers 23h30, poussait la porte d'un taxi d’une grande compagnie parisienne. Une jeune femme élue député de La République En Marche que rien ne prédestinait à ne pas régler 12 euros de taxi à Saint Mandé dans le Val de Marne. Une jeune femme, qui a grandi en Seine-Saint-Denis, suivi une scolarité dans des établissements situés en quartiers d'éducation prioritaire, à Villetaneuse et à Saint-Ouen. Une jeune femme dont on ne s’attendait pas à ce qu’elle accède à une grande école parisienne, puis devienne avocate, puis travaille dans les cabinets les plus prestigieux, puis fonde son propre cabinet. Cette jeune femme, qui siège aujourd’hui sur les bancs de l'Assemblée nationale, devait 12 euros au chauffeur de taxi et a provoqué un incident avant d'être emmenée au poste de police où elle dépose plainte contre le chauffeur de taxi ». * Pour lire les vraies paroles du Premier ministre, voir infra.
Quels sont les faits ?
Les policiers expliquent qu'il a fallu « quarante cinq minutes de négociations » pour que Laetita Avia règle les 12 euros dus au chauffeur de taxi. La député de 32 ans élue dans la 8e circonscription de Paris (une partie du 12e et du 20e arrondissement) avec 64,36 % des voix pour La République en Marche dépose ensuite plainte contre le chauffeur de taxi « pour tentative de vol et de séquestration ». Le chauffeur de taxi porte également plainte contre sa cliente pour « coups et blessures ».
Co-fondatrice du cabinet A.P.E. Avocats « dédié à la résolution des conflits des entreprises et de leurs dirigeants ainsi qu’à l’anticipation des risques juridiques », Laetitia Avia est diplômée de Sciences Po et d'un Master droit économique, spécialité « droit et régulation des marchés ».
Sur sa page Facebook, l'avocate expérimentée en « stratégie contentieuse et pré-contentieuse » raconte :
Membre du Club XXI « créé en 2004 pour offrir à la société française une vision positive de la diversité, de l’égalité des chances et de la méritocratie républicaine », Laetita Avia pourra « mettre en oeuvre des actions concrètes, nées de l’observation du terrain, pour promouvoir la réussite pour tous » :
1°) Toujours prévoir des espèces sur soi avant de prendre un taxi.
2°) Ne pas faire de scandale si le taxi n'est pas en état d'accepter votre carte de paiement.
3°) Se diriger avec le taxi vers un distributeur automatique de billets le plus proche pour régler rapidement sa course.
En conclusion, prenez du cash et payez en liquide !
Le 4 juillet 2017, le Premier ministre cite en exemple Laetita Avia
« Je veux, alors que je m’exprime depuis cette tribune devant la représentation nationale, après avoir cité Simone Veil, vous parler d’une autre femme. D’une femme qui, à la fin de l’été 2003, poussait les lourdes portes d’une grande école parisienne. Une jeune femme que rien ne prédestinait à entrer dans ce lieu. Une jeune femme, qui a grandi en Seine-Saint-Denis, suivi une scolarité dans des établissements situés en quartiers d'éducation prioritaire, à Villetaneuse et à Saint-Ouen. Une jeune femme dont les parents, chauffeur-bagagiste et aide-soignante, ne s’attendaient pas à ce qu’elle accède à cette grande école parisienne, puis devienne avocate, puis travaille dans les cabinets les plus prestigieux, puis fonde son propre cabinet. Cette jeune femme siège aujourd’hui sur vos bancs ».
Edouard Philippe, Premier ministre, Discours de politique générale de gouvernement le 4 juillet 2017.