Une malade atteinte d'Alzheimer sort sans surveillance de l'hôpital

A côté de chez vous


Ou l'échappée belle d'une libyenne dans Paris. Lorsque M. Omar El Hassi laisse sa femme atteinte d'un début d'Alzheimer dans sa chambre ce vendredi soir, il est loin de se douter que sa femme disparaîtrait de l'hôpital faute de surveillance. Une faute bien plus courante qu'on ne le pense.


Mariam Slimani
29 Juillet 2009 17:29

L'affaire n'est pas anodine. M. et Mme Omar El Hassi, de nationalité libyenne, viennent d'arriver à Paris depuis Benghazi où ils tiennent une pharmacie afin que Mme Amal El Hassi, atteinte de troubles chroniques de mémoire depuis deux ans, puisse être hospitalisée.

Rendez-vous est pris jeudi 23 juillet à 10 heures du matin pour une admission au pavillon Paul Castaigne, le service neurologie de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière aux frontières du 5e et du 13e arrondissement de Paris.

Une disparition préoccupante...

Le vendredi 24 juillet entre 18 et 19 heures, sans que son mari le sache et alors qu'il quittait l'hôpital, Mme El Hassi passe une IRM non programmée au service radiologie Babinski de l'hôpital, avant d'être laissée dans une salle sans surveillance. Le même hôpital venait pourtant d'assurer à M. El Hassi que sa femme allait bien et qu'elle quitterait l'hôpital le lendemain.

C'est alors que le drame se produit. Mme El Hassi disparaît et personne ne s'en aperçoit. Le service neurologie appelle même M. El Hassi vers 21 heures pour lui demander où se trouve cette dernière. Paniqué, il arrive illico à l'hôpital pour constater que ce dernier a perdu sa femme. Il déclare alors sa disparition auprès du commissariat de police du XIIIème vers 2 heures du matin.

Le samedi 26 juillet au matin, les services de police fouillent, aidé du service de sécurité de l'hôpital, les 33 hectares de la Salpêtrière, en vain. Les recherches pour retrouver Mme Amal El Hassi s'arrêtent le jour même.

...qui embarrasse particulièrement l'hôpital

Hospitalisée pour des pertes de mémoire, en tenue d'hôpital, sans papiers, sans argent, sans téléphone portable, ne parlant pas français, elle ne sera retrouvée que le mardi 28 juillet entre 14 et 15 heures. Sans l'aide ni de la police ni de l'hôpital, lequel n'a alerté personne. Les seuls au courant de la disparition de la malade sont le Pr. Paulac, le directeur de l'hôpital M. Jacques Léglise et la personne qui a laissé la malade seule dans une chambre d'attente après l'IRM.

Mme Amal El Hassi se trouvait depuis dimanche 26 juillet au service des urgences de l'hôpital Tenon dans le 20ème, rue de la Chine, distant d'environ 5 km de l'hôpital de la Salpêtrière.

Comment a-t-elle atterri là ?

Il semble que des passants étonnés, la voyant habillée en pyjama et pantoufles d'hôpital, l'aient conduit aux urgences de l'hôpital Tenon. Mais du fait de ses troubles de mémoire, elle s'est présenté aux urgences sous un de ses noms de jeune fille : Djibril, le seul dont elle s'est souvenue à ce moment précis. Ce qui a empêché de la localiser plus tôt.

Mardi 28 juillet à 15h30, dans le service neurologie de l'hôpital de la Salpêtrière, Mme Amal El Hassi Djibril Saad retrouve son mari, qui n'avait pas bougé de l'hôpital en espérant qu 'elle ne soit pas loin.

La question demeure : qu'a-t-elle bien pu faire pendant deux nuits et une journée, seule, à Paris ?

La responsabilité de l'hôpital mise en cause

Comment se fait-il qu'une jeune femme de 45 ans atteinte d'un alzheimer précoce, se trouvant sous la responsabilité de l'hôpital, puisse disparaître ainsi, et ce sans que tous les moyens soient mis en œuvre pour la retrouver ? Selon nos sources, les disparitions de malades ne sont pas exceptionnelles dans les hôpitaux français. Une situation qui souligne une fois de plus les dysfonctionnements des établissements hospitaliers. Ceci expliquerait la discrétion voire l'hostilité de l'hôpital à communiquer sur le sujet et à répondre à nos questions.

Mme El Hassi ne se souvenant de rien, seul son mari peut raconter son calvaire. Bien que soulagé de l'avoir retrouvé saine et sauve, ce dernier ne veut pas en rester là : il compte porter plainte contre l'hôpital de la Salpêtrière.
 




E riro 'outou i te au / Vous pourriez également aimer / You might also like