L’Albanie, c’est ce pays des Balkans qui sonne lointain et exotique dans les esprits. Si vous entendez « tricot », « dossier », « arbitrage », « paletot », ou « liqueur », vous pensez à la langue française sans avoir tout à fait tort. C’est que, sans le savoir, vous possédez un peu de vocabulaire albanais.
Il était une fois l’Albanie …
Ces exemples parmi d’autres sont communs aux deux langues, et démontrent les empreintes des liens culturels unissant la France et l’Albanie. C’est ce que nous explique avec une passion communicative Evelyne Noygues, présidente de l’association culturelle Albania, lors d’une présentation géoculturelle, mais aussi politico-historique du pays. A l’aide d’une carte, elle donne à la salle captivée un véritable cours. Sur leurs chaises, quelques élèves –du troisième âge– trépignent de pouvoir poser leurs questions. Les interventions sont souvent passionnées. Autre intervention passionnée qu’est celle d’Ornela Todorushi. Cette jeune femme albanaise en doctorat de littérature comparée récite à l’assistance quelques vers d’un de ses poètes favoris. Au son musical de la langue albanaise, c’est sous des métaphores difficilement traduisibles que le soleil se noie dans le couchant, avalé par de nocturnes vagues. L’art appelant l’art, c’est au tour du peintre Zamir Mati de s’exposer.
Voyage au bout d’une vie
Les murs de la salle sont colorés par la collection privée du peintre. L’homme souriant nous aide à comprendre chaque toile et à apprécier l’ensemble d’une œuvre rendant hommage à la culture albanaise. Places et châteaux historiques s’immortalisent dans des tons très vifs, le rose et l’orange, de même que le bleu. Puis nous faisons une escapade au cœur de paysages hivernaux tous issus d’une même série. Le blanc en deviendrait presque criard, seul au milieu de toutes ces couleurs. Blanc, comme le cheval de Skanderbeg, héros mythique en croisade pour l’Albanie dont l’épée laisse au loin échapper un arc-en-ciel. Zamir Mati s’arrête particulièrement sur ce tableau : « c’est la plus belle légende qui existe » dit-il. A l’instar de Durandal pour Roland ou Excalibur pour Arthur, l’épée de Skanderbeg traverse la tradition épique. Zamir Mati ne tient pas à s’enfermer dans des qualificatifs pour parler de sa peinture, et préfère laisser au public le soin d’apprécier ce qu’il veut y voir. « J’aime bien les contrastes, les lignes », « les images, les photos et la littérature, tous les supports possibles sont nécessaires à l’artiste » conclut-il.
Mme Merita Plangarica, attachée aux affaires culturelles de l’ambassade d’Albanie en France, explique : « l’Association Albania est très active et très efficace, l’ambassadeur et moi-même sommes toujours présents dans toutes leurs activités ». Elle se réjouit car « ces opérations font connaître une autre image de l’Albanie. C’est la démonstration du développement de sa culture et de son histoire ».