L’Afrique subsaharienne et la Libye : enjeux et perspectives

Les fonds d’investissement libyens
La Libya Arab Africa Investment Company (LAAICO) ou encore le fonds Libya Africa Portfolio (LAP), ont investi considérablement dans le secteur du tourisme. Depuis la City londonienne (mise en place du hedge fund), sorte de rampe de lancement appuyée par des traders chevronnés, les investissements de la LAAICO sont passés de 25 millions de dollars en 1991 à 1,5 milliard de dollars en 2008. C’est ainsi qu’on a vu la Libye s’accaparer de prestigieux hôtels à travers l’Afrique, notamment au Mali (hôtel Amitié) ou au Togo. Le cas le plus spécifique et qui interpelle fortement les observateurs avertis vient de Gambie où, on a vu le président de cette République, Yayah Jammeh, vite reconnaître le Conseil national de transition (CNT) libyen. En Gambie, les fonds libyens ont massivement investi dans l’hôtellerie, avec la construction du complexe Jerma Beach Hôtel, la reprise de l’Atlantic Hôtel et du Dream Park. C’est ainsi que ce chef d’Etat est soupçonné de vouloir faire main basse sur ces biens en cas de chute de Mouammar Kadhafi. Le gel des biens libyens dans ce pays ont déjà entraîné des pertes considérables d’emploi…Que ce soit en Guinée, au Sénégal, au Liberia, au Niger ou en Zambie etc. la LAAICO détient, probablement 100% des parts d’investissements du secteur touristique…
Comment l’Afrique voit-elle ce qui se passe en Libye ?
Les conséquences de la guerre ont déjà provoqué le retour en terre africaine de plus d’un million de migrants qui ont dû fuir la Libye dans des conditions dantesques, souvent dramatiques, sans compter ceux qui ont été tués par les rebelles libyens car soupçonnés d’être des mercenaires. Leurs apports en devises, qui soutenaient leur famille et indirectement l’économie de leur pays se sont évaporés comme neige au soleil. Ainsi, revenant sur le financement libyen du satellite RASCOM dont l’état pétrolier détient 61% des parts, et qui devait permettre à l’Afrique de ne plus dépenser des fortunes en matière de communication, surtout que l’Occident ponce depuis des lustres la coquette somme de 500 millions de dollars par an, voit l’Afrique remise en esclavage. Or, RASCOM devait assurer la couverture universelle du continent pour la téléphonie, la télévision, la radiodiffusion et de multiples autres applications telles que la télémédecine et l’enseignement à distance ; pour la première fois, une connexion à bas coût devait devenir disponible sur tout le continent, jusque dans les zones rurales grâce au système par pont radio WMAX…
Le changement probable des relations Afrique-Libye
Comment procèderont les rebelles libyens s’ils remportent la guerre ? Seul Dieu le sait. Avec 23 unités hôtelières dont est propriétaire la Libya Arab Africa Investment Company (LAAICO), qui se répartissent sur 15 pays, à savoir la Tunisie, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, l’Ouganda, le Rwanda, le Gabon, le Congo, le Burkina Faso, le Tchad, la Centrafrique, le Ghana, la Gambie, la Guinée, le Mali et le Togo, il y a de quoi se perdre dans cet abîme, cette marre abyssale… Au total, en Afrique, continent qui compte aujourd’hui 50 pays en incluant Madagascar, et 55 en incluant tous les archipels avec le tout nouveau Sud-Soudan, une trentaine d’entre eux ont bénéficié d’investissements libyens. On peut donc logiquement ajouter dans ce labyrinthe, la Mauritanie, Madagascar, ou Sao Tomé et Principe, sans compter le Cameroun où la Libye voulait implanter le siège du Fonds Monétaire Africain qu’elle voulait mettre sur pied dès 2011. Les rebelles vont-ils poursuivre, aussi, la mise en œuvre de la Banque Centrale Africaine et celle de la Banque Africaine Des Investissements, des vœux de Mouammar Kadhafi qui avait eu l’aval de ses pairs africains ? Là se situe le nœud du problème…
Source arabe : Al-Jazeera.
Site internet : allainjules.com