Des conseillers de Pôle Emploi débordés
Dès la fin de son stage de fin d’études, elle s’est inscrite au Pôle Emploi, dans l’espoir de faire accélérer les choses. « Je suis ressortie de mon entretien avec plus de questions que je n’avais de réponses. La conseillère ne savait pas s’il existait une antenne de Pôle Emploi spécialisée dans ma branche et ni s’il existait un RSA pour les moins de 25 ans. Je devais faire mes recherches seule ! ».
En regardant les annonces avec la conseillère, Virginie constate qu’elle a déjà envoyé ses candidatures à tous les employeurs. « Certains m’ont rappelé en me demandant d’envoyer ma candidature complète car les transmissions avec le Pôle Emploi ne marchaient pas ».
Des annonces fantômes
Ces problèmes d’annonce, Delphine, 24 ans, les a également rencontré : « Parfois des annonces sont mises, disparaissent le soir même, réapparaissent deux jours après... ça m'est arrivé deux fois de voir des annonces fantômes. Ils te donnent parfois l'adresse du recruteur à qui envoyer ta candidature, mais trop tard : le recrutement est en cours ou l'annonce n'existe plus » déplore la jeune femme.
Cela conduit les jeunes en situation de chômage à être prêts à tout pour trouver un emploi y compris dans un secteur différent de leur formation initiale.
« Le lendemain, j’ai reçu une offre pour un travail situé à plus de 2h30 de transport de chez moi. Cela aurait été plus simple en voiture mais ce détail n’a pas été pris en compte dans les offres d’emploi que l’on m’a envoyé ! »
Une mauvaise interprétation des informations personnelles
Autre dysfonctionnement : Pôle Emploi veut faire travailler les femmes enceintes en fin de grossesse.
Angélique a 28 ans et depuis la fin novembre 2011, Pôle emploi est averti qu’elle est en congé maternité. Pourtant elle continue à recevoir des offres et s’est fait remonter les bretelles pour ne pas s’être présentée au recrutement.
« J’ai fini par les appeler pour leur demander s’il était bien écrit quelque part que j’étais en congé maternité et qu’il était donc inutile de m’envoyer des offres d’emplois. Silence de la personne au téléphone, puis elle me dit que 'oui c’est bien écrit'… alors que le Pôle Emploi a menacé de me radier si je n’allais pas au recrutement ! Le monde tourne à l’envers ! »
Un suivi aléatoire
Le suivi des dossiers a l’air bien difficile dans cette institution qui emploie 50.000 personnes.
Virginie a également déploré son accompagnement : « Je viens de recevoir la convocation à un entretien, qui intervient au bout de 4 mois d’inscription et 6 mois de chômage. Au premier entretien, la conseillère m’annonce que la prochaine fois, je verrai quelqu’un d’autre qui sera vraiment ma conseillère. Va-ton m’annoncer que je devrais attendre un an de plus au vu du contexte économique actuel ? » se demande-t-elle.
« Second entretien, non productif, puis convocation au 3e entretien par téléphone. Il s’agit en fait d’un rdv physique, au cours duquel la conseillère me répète les mêmes choses qu’au précédent ».

Le mystère du fonctionnement de l’institution
Un rapide calcul permet d’évaluer la charge de travail de chacun des 50.000 employés à 30h de rendez-vous mensuels avec les 2,86 millions de chômeurs déclarés, soit environ une semaine de travail.
Que font-ils les trois autres semaines du mois ?
L’organisation et le fonctionnement du Pôle Emploi resteront un mystère, la direction de la communication n’ayant pas souhaité répondre à nos questions.
En attendant, 579.800 postes seraient vacants en France, selon une enquête sur les besoins en main-d’œuvre réalisée conjointement par le Credoc (centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) et le Pôle Emploi en 2011.