

Deyrolle au pays des merveilles
Fondée en 1831 dans le 7e arrondissement de Paris par des entomologistes, la maison Deyrolle devient célèbre pour ses animaux empaillés et ses planches pédagogiques vendues aux écoles. En 2002, Louis Albert de Broglie reprend l’affaire en difficulté. Outre l’amour de la nature, la taxidermie ou naturalisation est une activité lucrative. Elle attire les chasseurs, les musées et de riches particuliers en quête d’exotisme d’intérieur. Il n'y a pas d’inquiétude à avoir, les animaux d’espèces protégées sont achetés à des zoos.
Le 1er février 2008, la ménagerie s’affole. Un court-circuit fait s’abattre un déluge de feu sur la collection. Les seuls rescapés sont un ours brun, un cerf, un bison, un âne, un veau et un puma.
La chasse au trésor
Deyrolle reprend du poil de la bête malgré une pièce encore en travaux et résiste à la crise. Alors que la profession de taxidermiste devient un métier de moins en moins prisé par les jeunes, l'entreprise emploie trois taxidermistes réguliers, dont un formé depuis l'âge de 14 ans par la maison. Contre cinquante au XXe siècle.
Un loup blanc à 9.000€, un cerf à 7.000€, un cygne à 2.100€. C’est ce que coûtent, entre autres, ces gros blocs de polystyrène sculptés, recouverts de peau tannée. Une nouvelle vie après la mort pour ces animaux qui deviennent trophées ou objets d’art, de décoration. Le loup blanc décorera bientôt l’intérieur parisien d’une américaine tandis que l’autruche sera livrée à Los Angeles par un mari pour l’anniversaire de sa femme. Tout en restant fidèle à l'esprit des fondateurs, le nouveau Deyrolle élargit son offre. Les animaux se font mannequins le temps d’une séance photo ou d’un clip, loués par des magazines de luxe ou lors d’un shooting pour Vogue ou Marie-Claire.
Véritable musée d’histoire naturelle mais entreprise commerciale avant tout, Deyrolle n'est pas encore sauvé des eaux mais sait mener son Arche.
