
Si la Ville de Paris s'empare de l'objectif de mise en valeur de la vie universitaire parisienne, elle n'est pas la seule sur ce terrain. L'Etat souhaite lui aussi agir sur le campus parisien à travers un programme appelé "Plan Campus" ou "Opération Campus".
"Grand Quartier Latin" ou "Plan Campus", deux projets pour deux visions incompatibles, ce qui risque de poser problème lors de leur mise en oeuvre. D'ores et déjà, les universités parisiennes semblent divisées sur le sujet.
En guise d’introduction, Anne Hidalgo souligne que le projet "Grand Quartier Latin" répond à une volonté politique d’affirmer l’identité de Paris en tant que ville jeune accordant une place cruciale aux étudiants.

La défiance des adjoints présents lors de la conférence à l'égard du "Plan Campus" mené par l'Etat est évidente. Ils dénoncent un plan à l'américaine aboutissant à une délocalisation des établissements d'enseignement supérieur hors les murs de la capitale. Cette présentation du Plan Campus renvoie notamment à l’une de ses composantes, le campus du plateau de Saclay, où plusieurs établissements d’enseignement supérieur doivent être déménagés (les Mines ParisTech, Telecom ParisTech, l’Ecole normale supérieure de Cachan, l’Ecole normale supérieure de Techniques Avancées, l’université Paris-Sud 11,…). Nicolas Sarkozy a d’ailleurs affiché le souhait de faire de ce campus une « Silicon Valley à la française ». Selon Jean-Louis Missika, le programme de l'Etat ne serait qu'une "annonce pour épater le bourgeois". Il y oppose le projet "Grand Quartier Latin" qui cherche à relier les quartiers universitaires au reste de la ville, et qui érige en priorité le confort et les intérêts des étudiants.

Des étudiants absents
Aussi étonnante soit-elle, l'absence de consultation en amont des étudiants n'enlève rien à la spécificité du projet "Grand Quartier Latin", qui se distingue clairement du "Plan Campus" de l'Etat.
Questionnés par les journalistes présents sur l'articulation entre ces deux projets, les trois adjoints partagent le même point de vue, exprimé par Didier Guillot qui présente le projet "Grand Quartier Latin" comme une "démarche parisienne", indépendante du Plan campus étatique. Cet engagement de la Ville de Paris, loin d'être une nouveauté, s'inscrit dans la continuité de l'Histoire de la ville qui s'impose comme une capitale universitaire dès le XIIIème siècle, lorsque la Sorbonne devient une fondation. Cette tradition de mise en valeur de la vie universitaire perdure, comme en témoigne l'investissement actuel de la Ville de Paris qui a choisi de consacrer 1 milliard d'euros entre 2008 et 2014 aux universités, et plus largement à l'innovation et à la recherche.

Des universités divisées
Tandis que le "Plan Campus" lancé par l’Etat semble faire du regard du monde sur l’université française sa priorité, le projet "Grand Quartier Latin" place les étudiants et les enseignants-chercheurs, principaux usagers de l’université, au cœur de son travail. Aussi les moyens envisagés ne sont-ils pas le mêmes : quand l’Etat planifie essentiellement des constructions immobilières, la Ville de Paris prévoit divers aménagements de l’espace public ainsi que des manifestations culturelles inspirés par le souci d’une meilleure visibilité du campus parisien aux yeux de tous – et pas seulement de l’international – mais aussi par une préoccupation de confort et de bien-être de la population étudiante.
Illustration de la difficile cohabitation de ces deux plans, la division des universités parisiennes sur le sujet. A la Sorbonne, tandis que Paris I collabore à l’Opération campus de l’Etat, Paris III et Paris IV ont décidé de participer au projet du "Grand Quartier Latin" de la Ville de Paris.

Note de la rédaction : indiqués par la Ville de Paris, "les visuels sont fournis à titre d'exemple et d'illustration de la démarche et ne préjugent pas des recommandations de l'urbaniste conseil."
Lire aussi l'article : La Ville de Paris à la recherche de l'unité des Universités parisiennes.