« Tour Triangle : la commission d’enquête rend un avis favorable ». Jean-Louis Missika, adjoint au Maire de Paris en charge de l’urbanisme ne cache pas sa joie. 
 
L'étape est qualifiée de « décisive » pour ce « symbole de l’attractivité de Paris et de la Métropole du Grand Paris (...) l’identité parisienne (...) contribuant à la stratégie de requalification du secteur de la porte de Versailles, à l’attractivité métropolitaine de Paris, aux attentes des acteurs économiques (...) et à l’innovation et l’enrichissement architectural de Paris ».

En revanche, il se montre plus évasif sur la principale réserve du rapport rendu public du commissaire-enquêteur : en l'état actuel du projet, la tour de 180 mètres de haut comporte des accès vers le « Pentagone à la Française », autre nom du siège du ministère de la Défense, « l'Hexagone Balard ». Pour la Préfecture de police de Paris, la Mairie de Paris doit revoir sa copie. Elle demande des mesures complémentaires de sécurité, ce que le commissaire enquêteur n'a pas pu écarter d'un trait de plume.

Pour l'adjoint à l'urbanisme, la solution est simple :
 
Cet aspect n'ayant pas été anticipé, cela signifie-t-il que les inquiétudes du Préfet de police ne sont pas prises au sérieux ? Il est vrai que le boulevard périphérique surplombe légèrement le siège des états-majors des forces armées françaises avec une vue imprenable depuis une voiture et plus encore depuis un camion.

La Tour devra-t-elle perdre un peu de sa hauteur ou modifier son positionnement par rapport au siège de la Défense ? Les réponses des architectes Herzog et de Meuron, lauréats du prestigieux Pritzker prize, et des deux porteurs du projet, la SCI Tour Triangle et la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris, sont très attendues.

Pour la Mairie de Paris, la Tour Triangle en forme de pyramide devra être une architecture unique en France. Pour d'autres, elle fait déjà penser aux tours en forme de pyramide de la Grande-Motte (voir ci-dessous), construites dans les années 1960 ; en janvier 2010, tout l'ensemble immobilier a reçu le label « Patrimoine du XXe siècle » attribué par le ministère de la Culture et de la Communication.

En attendant le sien, de label, la Tour Triangle se veut être une « tour énergétiquement vertueuse, avec une double certification : la Haute Qualité Environnementale (HQE) et la Building Research Establishment Environmental Assessment Method (BREEAM) ; sans compter, avec 500 M € d’investissements privés, la création de 5.000 emplois (...) des bureaux répondant aux normes internationales, des commerces, un centre de conférence en liaison avec le parc des expositions, un centre de santé, un équipement petite enfance et un restaurant panoramique (...) un hôtel 4 étoiles, d’un espace culturel et d’espaces de coworking ».

L'autre réserve du commissaire-enquêteur porte sur « l’amélioration des performances énergétiques du bâtiment, par la fixation d’objectifs de consommation énergétique, qui devront faire l’objet de clauses de suivi innovantes ».
   
L'adjoint ne dit pas tout : le commissaire enquêteur demande qu'une clause contractuelle permette de sanctionner les maîtres d'oeuvre en cas de consommation énergétique excessive. L'enjeu économique est de taille car la Ville doit récupérer la Tour dans quelques dizaines d'années. Tous les frais et dépenses seront alors payés par les Parisiens.

Cet aspect ne semble pas non plus avoir été anticipé alors que les élus écologistes, membres de la majorité municipale bien qu'opposés au projet, ne cessent d'alerter Anne Hidalgo sur le caractère énergétivore d'une Tour Triangle toute en verre avec des ascenseurs coûteux en fonctionnement et en entretien.

Enfin, le commissaire-enquêteur formule neuf recommandations « relatives aux traitements des espaces adjacents à la Tour ou encore à la végétalisation des abords, qui permettront d’enrichir le projet ».  
 
Les prochaines étapes sont désormais connues : le réajustement du projet pour tenir compte des deux réserves et des neuf recommandations formulées par le commissaire-enquêteur, le dépôt d'un permis de construire, la délivrance du permis de construire puis l’ouverture du chantier, avec une pose de la première pierre prévue, si tout se passe bien, à horizon 2020. 

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