Taputapuātea est un paysage culturel, terrestre et marin, sur l’île de Raiatea dans la partie des îles Sous-le-vent dans l'archipel de la Société. Raiatea est au centre du « Triangle polynésien », dont les sommets s'appellent, au nord, Hawai'i (les actuelles îles Hawaï), à l'est, Rapa Nui (l'actuelle Ile de Pâques), et au sud-ouest, Aotearoa (l'actuelle Nouvelle-Zélande), au milieu du vaste océan Pacifique.
Au cœur de l'ensemble Taputapuātea se trouve un centre politique, cérémoniel, funéraire et religieux : le marae de Taputapuātea. Cet ensemble est positionné à l’extrémité d’une péninsule qui s’avance dans le lagon entourant l’île ; le bien Taputapuātea comprend deux vallées boisées, une partie de lagon et de récif corallien, et une bande de pleine mer (voir photo).
Les marae sont des espaces sacrés, cérémoniels et sociaux, que l’on rencontre partout en Polynésie. Dans les îles de la Société, les marae ont pris la forme de cours pavées quadrilatérales, avec une plateforme rectangulaire à une extrémité, appelée un ahu. Ils exercent simultanément de nombreuses fonctions.
Au centre de l'ensemble du marae Taputapuātea se trouve le marae Taputapuātea lui-même, qui est dédié au dieu ‘Oro et est l’endroit où le monde des vivants (Te Ao) croise le monde des ancêtres et des dieux (Te Pō). Il exprime également le pouvoir et les relations politiques. L’importance croissante de Taputapuātea parmi les marae de Raiatea et dans la région plus large est liée à la dynastie des ari’i (chefs) Tamatoa et à l’expansion de leur pouvoir.
Taputapuātea était le centre d’une alliance politique qui réunissait deux régions étendues, englobant la majeure partie de la Polynésie. L’alliance fut maintenue grâce aux rassemblements réguliers de chefs, de guerriers et de prêtres qui venaient d’autres îles pour se réunir à Taputapuātea. La construction de pirogues à balancier et la navigation sur l’océan furent des compétences essentielles pour entretenir ce réseau.
Un paysage traditionnel borde les deux côtés de l’ensemble du marae Taputapuātea, celui-ci étant tourné vers Te Ava Mo'a, une passe sacrée dans le récif qui borne le lagon. Le motu Atāra est un îlot du récif, qui offre un habitat aux oiseaux marins. Les embarcations arrivant de haute mer attendaient ici avant d’être conduites dans la passe sacrée, puis officiellement accueillies à Taputapuātea.
Côté terre, ’Ōpoa et Hotopu’u sont des vallées boisées cernées par des crêtes et la montagne sacrée Tea’etapu. Les parties hautes des vallées comptent des marae plus anciens, comme le marae Vaeāra’i et le marae Taumariari, des terrasses agricoles, des vestiges archéologiques d’habitations et des caractéristiques portant des noms associés à des dieux et des ancêtres.
La végétation des vallées est constituée d’un mélange d’espèces, certaines étant endémiques de Raiatea, d’autres étant présentes dans d’autres îles polynésiennes, et d’autres encore étant des espèces alimentaires apportées par d’anciens Polynésiens pour y être cultivées. Les attributs du bien forment dans leur ensemble un paysage culturel relique, terrestre et marin, associatif et exceptionnel.
Taputapuātea a une valeur universelle exceptionnelle reconnue
Critère 3
Cette histoire est représentée par l’ensemble du marae Taputapuātea en bordure de mer et la diversité des sites archéologiques dans les hautes vallées. Cet ensemble reflète l’organisation sociale avec des paysans vivant dans les hautes terres et des guerriers, des prêtres et des rois établis près de la mer. Il témoigne également de la compétence de ce peuple en matière de navigation sur des pirogues à balancier, franchissant de longues distances sur l’océan, grâce à l’observation de phénomènes naturels, et transformant les îles nouvellement occupées en des lieux qui couvraient les besoins de leur population.
Critère 4
Critère 6
L'intégrité
Authenticité
Eléments requis en matière de protection et de gestion
Les critères de sélection
- représenter un chef-d'œuvre du génie créateur humain ;
- témoigner d'un échange d'influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l'architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages ;
- apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue ;
- offrir un exemple éminent d'un type de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l'histoire humaine ;
- être un exemple éminent d'établissement humain traditionnel, de l'utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit représentatif d'une culture (ou de cultures), ou de l'interaction humaine avec l'environnement, spécialement quand celui-ci est devenu vulnérable sous l'impact d'une mutation irréversible ;
- être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle (Le Comité considère que ce critère doit préférablement être utilisé en conjonction avec d'autres critères) ;
- représenter des phénomènes naturels ou des aires d'une beauté naturelle et d'une importance esthétique exceptionnelles ;
- être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l'histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d'éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification ;
- être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l'évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d'animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins ;
- contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation.
Source : UNESCO.