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Migrants : Anne Hidalgo, Benjamin Griveaux, et les mises à l'abri à Paris

2 juin 2015 - 28 novembre 2019 : soixante expulsions de migrants du domaine public à Paris.


Quelle est l'origine de l'utilisation de l'expression "mise à l'abri", et non plus "évacuation", par la Mairie de Paris, par le Préfet de région et par le Préfet de police de Paris ?


1 Décembre 2019 - 14:45
     

Personnes dans la rue © DR
Personnes dans la rue © DR
Depuis le 2 juin 2015, date de la première évacuation d'un campement illégal de migrants installé sur le domaine public, de l'eau a coulé sous les ponts de la Seine. Il a quatre ans, la Ville de Paris demandait à la justice de lui donner la possibilité de recourir à la force publique pour faire évacuer le premier grand campement parisien situé au métro Chapelle dans le 10e arrondissement de Paris. La décision de justice n'ayant pu être appliquée, l'Hôtel de Ville a du mettre le jugement dans sa poche et un mouchoir par-dessus. Par la suite, la Maire de Paris a pu obtenir du Préfet de police de Paris un arrêté ordonnant l'évacuation des lieux pour des mesures d'hygiène. Ce sera la façon de procéder durant la fin du quinquennat de François Hollande pour déloger les migrants de la voirie municipale.

En juillet 2017, les magistrats tranchent : un arrêt du Conseil d'Etat stipule que c'est à l'Etat et non à la Ville de Paris de faire libérer le domaine public parisien. C'est également à l'Etat d'assurer les départs vers des centres d’accueil dans d’autres villes. C'est encore à l'Etat d'assurer une "maraude" quotidienne dans la capitale pour les mineurs isolés étrangers. La Ville de Paris est compétente en matière d’aide sociale à l'enfance mais cette mission du département de Paris, au sein de la Direction de l’Action Sociale de l'Enfance et de la Santé (DASES), est souvent déléguée à des associations.

Parallèlement à l'augmentation du nombre de migrants dans la capitale, les rixes, bagarres et autres formes de violences à répétition entre migrants eux-mêmes et de migrants envers des Parisiens et des touristes deviennent de plus en plus visibles sur l'espace public. A l'occasion d'une énième évacuation de migrants en mai 2018, Gérard Collomb, ancien ministre d'Etat ministre de l'Intérieur du président Emmanuel Macron, parle de la "carence" de la Ville de Paris qui ne veut plus faire appel à la justice pour faire cesser l'occupation illicite de son domaine public par des personnes dont certaines troublent l'ordre public. 

Benjamin Griveaux (LREM ex-PS), actuellement candidat à la Mairie de Paris aux municipales de 2020 et à l'époque porte-parole du gouvernement, donne une explication. Il déclare, en parlant de la Maire de Paris Anne Hidalgo (PS) :
 
"Elle n'a pas pris la responsabilité politique de demander l'évacuation".  


Depuis 2017, la situation est la suivante : la Ville de Paris ne demande plus à la justice d'ordonner l'évacuation des camps de migrants de la voirie. Elle charge l'Etat de le faire. Pour récupérer la jouissance de son domaine public parisien, la Maire de Paris et ses adjoints préfèrent demander "une mise à l'abri" des migrants.

Cette terminologie est désormais utilisée par les services de l'Etat qui l'accolent à celui de "maraude", l'antichambre du "démantèlement complet".

Dans l'exemple de la mise à l'abri du jeudi 28 novembre à la Porte d'Aubervilliers dans le 19e arrondissement de Paris, le Préfet de police de Paris explique que la maraude n'est pas un démantèlement de campement. Le démantèlement est l'étape consécutive à une ou plusieurs maraudes par lequel le campement sauvage doit alors être complètement démantelé, "conformément aux orientations gouvernementales".

Pour les principaux intéressés, la différence est également de taille. Puisque le campement demeure, les migrants ne peuvent pas être tous mis à l'abri. 
 

 



 

   Autres infos pour avoir des renseignements, des précisions, voire des anecdotes

 




Vaea Devatine
Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales... En savoir plus sur cet auteur


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