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Tharlo le berger Tibétain de Pema Tseden

Au cinéma à partir du 3 janvier 2018.


On peut ne pas connaitre la culture tibétaine et s’identifier au personnage de Tharlo.


3 Janvier 2018 - 03:30
     

Tharlo le berger Tibétain © eddistribution.com
Tharlo le berger Tibétain © eddistribution.com
Dans la première scène, Tharlo récite « Servir le peuple » de Mao. Il s’agit d’un texte fondateur du communisme chinois qui a construit Tharlo, et qui fait pour lui office de religion. Pour les Tibétains c’est une scène significative alors que cela pourra paraître anecdotique aux yeux des Occidentaux.
Mais l’histoire transcende ce contexte. Il y a plusieurs niveaux de lectures possibles et on peut très bien ne pas connaitre la culture tibétaine et s’identifier au personnage de Tharlo.

Nominations et récompenses :
  • Cyclo d’Or et prix Inalco au Festival de Vésoul 2016
  • Meilleur réalisateur au Festival della Lessinia (IT) 2016
  • Sélection officielle Festival de Venise 2015.
 
LE 3 JANVIER 2018 AU CINEMA à Paris en partenariat avec l’Inalco et le Musée Guimet :

"Tharlo est un berger tibétain qui mène une existence paisible dans la montagne. Il est convoqué par les autorités locales. Les nouvelles directives du gouvernement imposent la possession d’une carte d’identité pour tous les citoyens de la République Populaire de Chine. Pour la première fois, Tharlo descend en ville. Sa découverte du monde urbain, et sa rencontre avec une jeune coiffeuse, vont bouleverser son existence…"
 


Pema Tseden © DR
Pema Tseden © DR

Pema Tseden, réalisateur tibétain

Pema Tseden n’était ni prédestiné à devenir le fondateur du cinéma tibétain ni à figurer parmi les 50 meilleurs réalisateurs de moins de 50 ans dans le monde, selon le magazine canadien de cinéma Cinémascope en 2012. Les seuls films vus dans son enfance étaient des films de propagande nord-coréens ou albanais. Dans son milieu, celui de pasteurs nomades semi-sédentaires du nord-est du Tibet, en Amdo (actuelle province du Qinghai, dans l’ouest de la Chine), et plus généralement au Tibet, le cinéma n’était pas un art populaire.

Héritier d’une riche civilisation, qui a produit de grands mystiques, des philosophes et des poètes, mais pas de cinéastes, Pema Tseden a donc dû inventer de toutes pièces son identité cinématographique individuelle et, partant, celle du cinéma tibétain dont il est considéré comme la figure emblématique. Les trois longs métrages et le film de fin d’études qu’il a réalisés prouvent qu’il a su relever ce défi avec brio et exigence, puisqu’on y dénote l’influence formelle d’Abbas Kiarostami et de Théo Angelopoulos, pour la lenteur contemplative de ses films et son goût pour les cadrages éloignés.

Comme nombre de Tibétains nés pendant la Révolution Culturelle et éduqués en tibétain pendant l’embellie des années 1980, Pema Tseden est doté d’un double capital culturel et linguistique, puisqu’il est bilingue tibétain-chinois. Il possède par ailleurs une conscience aiguë des menaces qui pèsent sur la civilisation tibétaine. Imprégnée de bouddhisme, riche également de traditions populaires prébouddhiques, celle-ci est doublement malmenée : l’incorporation violente du Tibet à la Chine dans les années 1950 l’a rabaissée de culture dominante en Haute Asie à une culture minoritaire et folklorique, tandis que l’entrée rapide et non maîtrisée dans un modernisme consumériste menace ses valeurs traditionnelles.

Enfin, Pema Tseden est également conscient de la fascination dont sa culture est maintenant l’objet, et qui risque d’achever de la transformer en simple produit touristique pour occidentaux et chinois en mal d’« authenticité » et de sens. Pema Tseden a souvent répété qu’il souhaitait mettre son art au service d’une nouvelle représentation cinématographique du Tibet : ni mystique ou idéalisée comme les Occidentaux aiment à la rêver, ni diabolisée ou caricaturée comme ce fut longtemps le cas dans le cinéma chinois.

Pema Tseden nous offre donc de regarder le Tibet d’aujourd’hui par le truchement de la langue et des yeux tibétains, et avec des interrogations proprement tibétaines.

* Ce texte a été rédigé par Françoise Robin dans le cadre de la retrospective consacrée au réalisateur par le Festival International du Film de La Rochelle en 2012.
 




Mots-clés de l'article : chine, cinéma, films, tibet

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