
L'aéroport international de Tahiti - Fa'a'a et la capitale administrative, Papeete, sont saccagés. Les deux amis de toujours, co-fondateurs du RPR en décembre 1976, connaissent les premières tensions dans leur relation politique. Le territoire, représenté par Gaston Flosse, négocie avec l'Etat, représenté par Jacques Chirac, la pérennité du Fonds de reconversion de l'économie polynésienne, initialement créé pour une durée de dix ans. Il s'agit de compenser à vie la perte financière que représentait la fermeture du Centre d'expérimentation du Pacifique et ses conséquences : le départ de militaires et d'ingénieurs avec les familles, le phénomène du chômage de longue durée, l'exode sur Tahiti des îliens des autres archipels et l'apparition d'une pauvreté subitement visible dans la rue.
Sans la Polynésie et l'arme nucléaire, la France ne serait pas devenue la France
La dette nucléaire de la France vis-à-vis de la Polynésie française
Jacques Chirac et le statut d'autonomie de la Polynésie française de 2004
Le vote du statut d'autonomie interne en février 2004 (0), au lieu de renouveler Gaston Flosse à la tête de la Polynésie suite à l'élection des représentants à l'Assemblée de la Polynésie française, voit la mise en place d'une alternance politique inattendue : les opposants, à leur grande surprise, sont portés au pouvoir par défaut, et ils élisent en juin 2004, conformément aux nouvelles règles statutaires, le premier "Président de la Polynésie française" : l'indépendantiste Oscar Temaru, fonctionnaire de l'Etat à la retraite issu du corps des Douanes. Cent trente douaniers exercent actuellement en Polynésie avec deux missions : l'encaissement des taxes pour le compte du Gouvernement de la Polynésie et le combat contre les trafics (drogues, armes) pour le compte de l'Etat.
S'ensuit neuf longues années d'instabilité politique où la Polynésie connaît 10 Présidents de la Polynésie française, 13 gouvernements ainsi que 10 présidents de l'Assemblée de la Polynésie française. Il faudra attendre deux modifications du statut de la Polynésie française en 2007 (1) et en 2011 (2), ainsi que les élections à l'Assemblée en 2008 et en 2013 pour que le "pays" d'outre-mer retrouve une stabilité politique qui lui faisait défaut depuis 2004. C'est le retour de Gaston Flosse en 2013 à la tête du pays. Il est reçu à Paris, avant d'être frappé d'inéligibilité jusqu'en juillet 2019. Edouard Fritch prend alors le pouvoir en 2015, sur fond de règlements de compte avec son ancien mentor. Devenu président, Edouard Fritch rejoint en 2017 les soutiens de la politique du président Emmanuel Macron.
Une autre explication de la défaite de Jacques Chirac en Polynésie, avec un statut d'autonomie « taillé sur mesure » pour Gaston Flosse selon certaines sources, tiendrait au rejet par la population d'un développement à marche forcée depuis 1962 qui les dépasse de plus en plus, suite à la création du Centre des expérimentations nucléaires. Les choses ont bien changé : il y a développement et Développement. Or, en dépit de la baisse de la natalité, les prévisions démographiques annoncent un million d'habitants à l'horizon 2050, voire avant. Les élus de la Polynésie française ne semblent pas avoir pris pleinement conscience des bouleversements à venir qu'il s'agit d'anticiper afin de ne pas aggraver les inégalités.
L'oubli majeur du statut de 2004
La première institution du territoire ne figure pas dans le statut de 2004 : l'Académie Tahitienne, créée en 1972 par la délibération 72-92 de l'Assemblée territoriale.
L'Académie marquisienne « Tuhuna ’Eo Enata », créée en 2000 par une délibération de l'Assemblée territoriale, est elle aussi la grande oubliée du statut de 2004.
L'Académie pa'umotu « Karuru Vanaga » sera quant à elle créée en 2008 en tant qu'institution culturelle par un arrêté du conseil des ministres. Huit langues pa'umotu sont encore parlées dans les atolls des Tuamotu.
Le statut de 2019, modifiant le statut de 2004, conserve les ambiguïtés de 2004
Jacques Chirac était-il conscient de toutes les implications de son action en Polynésie et de son statut de 2004 ?
Jacques Chirac n'est plus revenu en Polynésie française depuis juillet 2003
Depuis son départ de l'Élysée en 2007, Jacques Chirac s'était retrouvé plusieurs fois à l'hôpital, en 2013, en 2014, en 2015 et en 2016. En septembre 2011, il n'avait pas pu assister au procès des emplois fictifs de la Mairie de Paris en raison de « troubles de la mémoire ».
Ce 26 septembre 2019 au matin, il vient de s'éteindre « au milieu des siens. Paisiblement. »
(1) Loi organique n° 2007-1719 du 7 décembre 2007 tendant à renforcer la stabilité des institutions et la transparence de la vie politique en Polynésie française.
(2) Loi organique n° 2011-918 du 1er août 2011 relative au fonctionnement des institutions de la Polynésie française.
(3) LOI organique n° 2019-706 du 5 juillet 2019 portant modification du statut d'autonomie de la Polynésie française.
Tombe de Jacques Chirac : des inspecteurs de sécurité de la Ville de Paris canalisent le public.
Le mausolée de Jacques Chirac.
Jacques Chirac enterré à proximité du dernier président du conseil de Paris.
Jacques Chirac, premier Maire de Paris, est mort.
Boîte à archives : Jacques Chirac en faveur du développement durable, de l'équipement et du tourisme en Polynésie française.